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Epiphanie}
 
 
Isaïe 60,1-6 Ephésiens 3,2-6 Matthieu 2,1-12
 
     
 
Epiphanie
 
     
 
2 janvier 2000
 
     
 

Introduction:

C'est le Premier jour de l'An 2000 qu'on accueille comme le début d'un nouveau siècle. Le nombre de zéros qui y figure, impressionne et évoque le commencement. Pourtant dans le rythme du temps qui s'écoule, rien n'est d'extraordinaire. Un instant suivi par un autre instant constitue le mouvement de la matière qui se déplace dans un espace déterminé. Mais nous arrivons à le positionner en marquant des points de repères, pour mieux nous situer dans l'espace et apprivoiser le temps tout en redoutant qu'il nous fasse des bogues.

Ainsi, notre célébration de ce soir est la première de cette nouvelle tranche de temps qui nous est donnée. Nous la réservons à Dieu, notre Père, comme notre réponse à tous les signes de sa Présence, de son intervention dans notre vie.

Epiphanie, Dieu se révèle, fait irruption dans notre humanité. Tous les peuples de ce monde peuvent le recevoir. L'étoile qui guidait les mages est le premier signe de la mondialisation voulue par Dieu. En se faisant chair, Le Verbe de Dieu entre dans notre lignée de sang. La communauté humaine est unifiée en Lui.

Homélie:

Il n'est pas difficile de convaincre les hommes que leur naissance coïncide à telle ou telle conjonction d'étoiles différentes et que l'évolution de leur vie comme celle du monde se lit sur l'évolution des étoiles. Une chose est vraie : dès qu'un homme entre dans ce monde, une petite étoile " son étoile", s'allume en son ciel intérieur. Elle est un appel secret, une aspiration qui le pousse à la recherche de ce qui le dépasse. Si sombre que soit la nuit dans le cœur de l'homme, il y a un moment où "son étoile" finit par briller. L'étoile qui brille sur toute la France après les intempéries de ces derniers jours, n'est-elle pas le sens de la solidarité entre les hommes dans les malheurs ? La France a fait l'état de son cœur.

Le récit de l'évangile de Matthieu sur la naissance de Jésus est une savante catéchèse sur la lecture des signes. L'aventure des trois Mages qui se mettent en branle à la recherche de l'enfant qui vient de naître, rappelle le flot des chercheurs de Dieu de tous les temps. Chacun à sa manière, quittant son chez-soi, est parti un jour, suivant l'appel qui le travaillait à l'intérieur. Ils sont plus que trois, les mages de nos jours.

Des caravanes d'hommes et de femmes, des mages sans noms ne cessent de venir de bien d'autres contrées de la terre, cherchant les moindres traces dans l'environnement de cette terre où Dieu a parlé, où son Fils s'est fait chair, vivant sur ce lieu de carrefour où les hommes comme toujours, y passaient, se disputaient, et s'entre-déchiraient.

Mais le rayonnement et l'actualité de la fête de l'Epiphanie vont toujours plus loin. L'éclatement du don de Dieu promis aux enfants d'Abraham est en train de se réaliser à chaque instant devant nos yeux. L'Esprit de Dieu souffle là où il veut. Dieu se manifeste aujourd'hui dans toutes les langues, races et nations. Le message de Noël est annoncé par des signes, et des lieux adaptés à chacun : Aux bergers par une crèche, aux mages par une étoile, aux théologiens par les Ecritures, à Hérode lui-même par la visite des étrangers. Tout peut devenir désormais des signes; Partout où l'on se trouve dans ce monde peut être lieu de rencontre avec le Verbe de Dieu qui s'est fait chair.

C'est le propre de la liturgie que de nous faire découvrir à la fois les desseins de Dieu dans notre vie et ses dimensions " hors du temps", éternelles. A travers la vision d'Isaïe sur Jérusalem nous pouvons entendre l'écho de sa prophétie résonner dans notre temps à nous.

" Regarde la foule immense de ceux qui construisent et de ceux qui cherchent. Dans les laboratoires, dans les studios, dans les déserts, dans les usines, dans l'énorme creuset social, les vois-tu tous ces hommes qui peinent ? Tout ce qui fermente par eux, d'art, de science, de pensée, tout cela, c'est l'appel, le signe à approfondir. Tout est vibré de Mystère. Ne reste pas en dehors de ce frémissement qui va t'aider à saisir le mystère."

" Ce qu’un homme peut expérimenter de plus beau et de plus profond, c’est le sens du Mystère. C’est ce principe que sous-tendent la religion et toute entreprise artistique et scientifique sérieuse. Celui qui n’a pas expérimenté cela, s’il n’est pas mort est au moins aveugle. Saisir que derrière chaque expérience de la vie, il y a quelque chose qui échappe à notre entendement dont la beauté et le sublime ne nous atteignent qu’indirectement. C’est cela la religiosité.

Dans ce sens, je suis religieux. Pour moi, il suffit de s’émerveiller devant ces secrets et de tenter humblement de saisir par l’esprit, ne serait-ce qu’une image de structure grandiose de tout ce qui est. " Einstein.

En cette fête de l'Epiphanie, fête de Dieu qui se révèle, la parole de celui qu'on veut nommer l'homme du siècle nous met en communication avec le point culminant de ses expériences de chercheur. Dieu a laissé des signes de sa présence. C'est dommage de rester indifférent, et de se priver de tant de choses inouïes.

L'Epiphanie est la fête de l'universalité du don de Dieu. C'est difficile maintenant d'imaginer qu'on puisse encore rester frileusement enfermés dans des ghettos de connaissances et de pratiques qui veulent exclure les autres. Que la lumière de l'Epiphanie vienne jusqu'aux coins les plus sombres de notre terre !

D.L.