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Baptême du Seigneur
 
 
Isaïe 55,1-11 1 Jean 5,1-9 Marc 1,7-11
 
     
 
" Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé "
 
     
 
9 janvier 2000
 
     
 

Après l'annonce aux bergers dans la nuit de Noël, puis la visite des Mages aux lueurs de l'étoile, la fête du Baptême de Jésus nous amène au sommet de l'Epiphanie. Dieu ne se révèle plus seulement à travers des signes.

Pendant trente ans, Jésus a vécu caché. Il était un juif ordinaire, vivant de son travail, pauvrement, menuisier, fils de menuisier. Comme tout juif pratiquant, il fréquentait la synagogue, il écoutait, lisait, apprenait la Torah. Jusqu'ici on voit bien que Jésus est un homme apparemment comme tout un chacun. Et on aimerait connaître s'il savait qu'il était Fils de Dieu et à quel moment : à sa naissance ou à un certain âge de sa vie ? L'événement de son Baptême nous donne un éclairage sur ce que nous voulons savoir.

Aujourd'hui, l'Epiphanie parle. " Celui-ci est mon Fils Bien-Aimé " en qui j'ai mis tout mon amour." La voix est celle de celui qui peut appeler l'autre "mon fils". Qu'elle soit exprimée de vive voix ou seulement secrète, intérieure, la voix a été écoutée et retenue à une telle profondeur qu'elle retentit jusqu'à nous, jusqu'à la fin des temps, pour proclamer l'identité de cet homme nommé Jésus. Il est Fils de Dieu. Il est dans le Père.

A partir du geste du baptême de Jean comme signe de pénitence, Jésus l'a transformé en geste significatif du don de l’Esprit saint. La descente de l’Esprit sur Jésus est le signe de ce changement. "Celui qui m’a envoyé baptiser dans l’eau, celui-là m’avait dit: Celui sur qui tu verras l’Esprit descendre et demeurer, c’est lui qui doit baptiser dans l’Esprit saint" (Jean, I, 33). Le baptême chrétien prend toute sa signification quand Jésus accomplit sa mission et entre dans la Gloire du Fils qu'il tient auprès du Père.

Au cours des voyages de Jésus hors de la Galilée, quand il annonça pour la première fois sa passion et sa mort, Pierre, Jacques et Jean ont pu assister à la manifestation de cette gloire anticipée de son maître. Ils ont entendu pour la deuxième fois la voix sortie de la nuée " : Celui-ci est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le."

L'Evangile ne saurait mieux dire la continuité de la racine du peuple de la Torah. Il n'y a pas de plus grand ordre que "Entends, écoute". Israël, dont Jésus porte la lignée de sang, est une agrégation à Adonaï sur cette parole : " Ecoute Israël, le Seigneur notre Dieu, Adonaï, notre Elohim, Adonaï Un." Israël n'existe que dans la mesure où l'on écoute Adonaï Elohim. De cette écoute jaillit l'attachement : " Tu aimeras Adonaï ton Elohim, de tout ton cœur, de tout ton être et de toute ton intensité " littéralement, "de tout ton beaucoup."

Le baptême avec la consigne " Ecoutez-le", est une communion au Christ vivant, Verbe de Dieu. Il confère aux baptisés la participation à sa vie de Ressuscité. C'est dans la lueur de la Pâque nouvelle que Jésus envoie ses Apôtres : " Allez, enseignez toutes les nations, baptisez-les au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit" (Math. , XXVIII, 19).

Le baptême chrétien apparaît ainsi comme radicalement différent de ces rites d’ablutions. Il n’était donné qu’une fois, comme rite d’initiation à la communauté. Le baptisé ne se baptise pas lui-même, comme dans les rites de purification ordinaire. Il est baptisé par un membre de la communauté. Le baptême est essentiellement reçu.

  Les Actes des Apôtres nous rapportent plusieurs discours missionnaires du premier des Apôtres, Pierre. Dans celui de la Pentecôte, nous trouvons la charte de la fondation de l’Eglise, l’Israël nouveau. Dans celui qui est prononcé lors du baptême du premier païen, le centurion Corneille, nous avons l’expression du passage de cette même Eglise au monde non-juif. Dieu n’est pas partial : il ne tient compte ni de l’appartenance nationale ni de la situation sociale.

Seule compte la foi en Jésus que Dieu a accréditée au jour de son baptême par Jean en lui conférant l’onction de l’Esprit. Le baptême exprime l’irruption de l’Esprit dans le monde en la personne du charpentier de Nazareth. Saisi par l’Esprit. Jésus devient apte à transmettre ce même Esprit de vie à tous les hommes. En lui se concentre toute l’humanité comme le sang arrive au cœur pour s’y purifier. Il s’incorpore tous les hommes. Ils ne font avec lui qu’un seul corps.

Pour nous faire entrer dans son mystère, Dieu a emprunté l'expérience vécue la plus forte qu'il peut trouver dans tout l'univers : la paternité et la maternité humaines. L'écho vital de l'expérience "paternité-maternité" est la filiation. C'est le regard du bébé qui trouve le visage de son premier vis à vis dans ce monde, celui de sa mère, celui de son père. Le regard du père et de la mère éveille le bébé à lui-même. Le bébé sourit, et la relation est née. Le bébé est maintenant une personne. La rencontre ne se fait qu'entre deux personnes. Elle s'effectue par ce regard de reconnaissance et de compréhension, signe du souffle de vie qui crée le lien entre deux personnes : l'esprit.

Tout baptême doit se trouver dans cette reconnaissance de Jésus par le Père, comme son origine. " Je te baptise au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit," veut dire en clair : par ce signe de référence, avec ce geste d'immersion dans l'eau, il faut que tu saches, dit le Seigneur, que tu es maintenant dans la vie en Dieu. Dieu se retrouve intimement dans cette expérience de relation de père-mère-enfant. Dieu n'a pas de nom, ni de prénom. Mais il est un nom humain dont Dieu aime bien se faire appeler : Dieu Père, Dieu Fils, Dieu Esprit.

L'Epiphanie est à la fois le dévoilement du mystère en Dieu et la rencontre entre Dieu et l'humanité, en cet homme nommé Jésus, Fils de Dieu et fils de notre terre.

D.L.