Saint Marc a donné comme titre à son histoire de Jésus : " Commencement de la Bonne Nouvelle touchant Jésus-Christ, Fils de Dieu (1,1)." Nous pouvons relever ici la différence entre la première parole de Jésus retenue par St Jean dimanche dernier  : " Que cherchez-vous ? " Et la première parole de Jésus entendue par St Marc : " Venez à ma suite, je ferai de vous des pêcheurs d’hommes. "

Les premières paroles de Jésus étaient un appel et un projet. Ceux à qui Jésus adressait la parole n'ont rien dit en retour. Mais leur réaction est plus que surprenante. Jésus utilise l'image de leur métier pour suggérer ce qu'il a l'intention de leur proposer. Le rapprochement des deux images, pêcheurs de poissons et pêcheurs d'hommes est parlant mais ne dit pas tout.

Les poissons, ils en ont besoin pour se nourrir, mais les hommes les attraper, c'est pour quoi faire ? C'est pour plaisanter, c'est un jeu de mot, disent certains commentateurs modernes, journalistes qui affirment que, Jésus étant un homme très spirituel, c'était pour rire. Et pourtant, les appelés ont l'air de comprendre ce qu'a proposé Jésus avec une telle conviction qu'ils ont tout quitté pour le suivre.

Et Marc qui est toujours pour la sobriété d'expression, ne se soucie guère d'expliquer en détail. Il a retenu le seul fait qui l'a frappé. Ils l'ont suivi, laissant tout derrière eux, père, ouvriers, filets, barques.

Les premiers appelés, nous les connaissons. Ils s’appellent Pierre et André, deux frères, Jacques et Jean, encore deux frères. Ils sont de Bethsaïde, petit port du lac de Tibériade. Ils sont des pêcheurs, des hommes de travail manuel. Il n'y a rien ici qui prête à rire. C’est plutôt émouvant de les voir quitter la fertile, la paisible et verdoyante Galilée pour aller vers le Sud, région austère, dangereuse. Les conflits religieux y sont à l'état latent, avec un fanatisme prépondérant. Le changement de leur mentalité ne se fera que lentement, douloureusement, à travers des crises. Il faudra la résurrection de Jésus pour les fixer dans leur vocation.

C'est en fonction de la rencontre avec Jésus au matin de Pâques, au milieu de ses disciples, que Marc revoit la scène de l'appel au bord du lac de Tibériade et nous la décrit. Pour comprendre cet appel, il faut avoir en vue le Christ ressuscité. Jésus est originaire de Nazareth, mais le Jésus de l'évangile est Jésus ressuscité, l'homme qui entre dans sa vie en Dieu.

  On comprend qu'à défaut de cette compréhension, dans les biographies modernes, les auteurs qui se croient plus malins que les anciens, projettent sur Jésus tous les ingrédients humains pour le rapprocher davantage des hommes. Il faut qu'il se montre rigolant, badinant qu'il sache prendre Madeleine dans ses bras en vrais amoureux. Il n'est humain que si l'on peut lui taper sur l'épaule et l'appeler " ce type là", puisqu'il est somme toute, humain comme nous tous.

Concis, sobre comme il l'est, Marc a su quand même nous montrer qui est Jésus. Il suffit de lire les versets qui suivent immédiatement le récit. " …Ils partirent à sa suite, Marc 1,20. Ils pénétrèrent à Carphanaüm. Et dès le jour du Sabbat, étant entré dans la synagogue, il se mit à enseigner. Marc 1,21.

Les appréciations de l'assemblée peuvent nous expliquer pourquoi Simon, André, Jacques et Jean ont tout quitté pour le suivre. " On était vivement frappé de son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité…Marc 1, 22. L'esprit impur qui habite le possédé vociférait : " Que nous veux-tu Jésus le Nazaréen ? Es-tu venu pour nous perdre? Je sais qui tu es : le Saint de Dieu... Et tous étaient effrayés. Qu'est-ce que cela, disaient-ils ? Voilà un enseignement nouveau, donné d'autorité ! Marc 1, 27.

Nous avons ici la description de ce qu'est un Maître. Le Maître est celui qui enseigne. Son enseignement est d'ordre à tout quitter pour le réaliser dans la vie. Il y a au départ un appel. L'appel entendu suscite l'admiration. De cet état de découverte et d'émerveillement naît la préférence. La priorité une fois choisie pousse au détachement, la relativité des choses. C'est la libération et la liberté qui mènent à l'adhésion à l'école du Maître. La relation entre le Maître et le disciple est née.

Jésus a su former des disciples à travers toutes les générations. La première a bien reflété sa vie, ses enseignements. C'étaient des hommes et des femmes qui sont des témoins. Ils se sont oubliés eux-mêmes pour passer au Christ. Leur parole, étant devenue la Parole de Dieu, sera chargée d’une force qui rayonne jusqu’à nous, jusqu’à la fin des temps.. A travers leur témoignage, se déploiera "la puissance de salut" (Romains. 1,16). Ils n’auront pas besoin d’autre appui. lls ne chercheront pas ailleurs des recettes pour accroître leur influence. Il s’agit ici, principalement d’éclaircir, d’apporter une lumière,  la Bonne Nouvelle, celle de connaître et de faire connaître Jésus.

D.L.