Nous sommes au passage de l'envoi des apôtres en mission par Jésus lui-même, de son vivant. On voit la différence entre cette mission et celles que les apôtres vont entreprendre plus tard, après la Résurrection et la Pentecôte. Ce n'est pas encore la richesse  de la  Bonne Nouvelle qui prend source en la personne même de Jésus, Fils de Dieu, Mort et Ressuscité, comme nous pouvons la trouver dans la lettre de St Paul aux Ephésiens.         

             Pour le moment, d'après St Marc, ce qu'ils ont à faire c'est de guérir, de "chasser le démon". On est surpris de la sobriété de leur mission. Sans doute, puisque le Christ est là, au milieu d'eux, parcourant toutes les villes et les villages, enseignant dans les synagogues, proclamant la Bonne Nouvelle du Royaume, guérissant toutes maladies et infirmités. Partout, Il manifeste une grande attention à la vie des gens. "Voyant les foules, Il fut pris de pitié pour elles, parce qu'elles étaient harassées, prostrées comme des brebis qui n'ont pas de berger." Ce qui est frappant pour les apôtres et pour les gens, c'est le contact personnel et direct de Jésus avec la foule. Il s'intéresse aux difficultés concrètes de leur vie : maladies, abandon, indifférence de la classe dirigeante, civile ou religieuse.

             C'est la personne même de Jésus qui peut nous aider à comprendre la façon dépouillée de St Marc à parler de l'envoi des apôtres en mission. Ce qui est inconcevable aujourd'hui a été vécu par les apôtres et par le Christ lui-même. Leur message a été annoncé moins par leurs paroles que par leur comportement. C’est un dépouillement devant la vie, devant les gens comme devant Dieu. Ils n'ont d'autres moyens de communication que l'authenticité de leur vie. Ils sont des hommes libres, disponibles, pauvres, et désintéressés. La transparence de leur vie témoigne de la présence de Dieu dans le monde, dans la vie de leur maître, Jésus Christ.

           Ce passage de l'évangile de St Marc est difficile à lire et à comprendre. Comment partir et vivre sans rien emporter pour la route, sans avoir ni pain, ni sac, ni pièces de monnaies, ni tunique de rechange ? Il est des coins de ce monde où, par le climat, l’environnement, on n’a besoin pas de beaucoup pour vivre. Mais vivre dans le dépouillement jusqu’à ce point est un témoignage  gênant pour tous, pour l'Eglise, pour les hommes de l'Eglise, pour les chrétiens, pour les gens du monde.

 Mais tous s'y référeront  comme le retour à la source pour y puiser la fraîcheur, la pureté du message de l'Evangile. Le Fils de Dieu a vécu au milieu de nous dans le dépouillement  pour nous faire découvrir la richesse de la Présence et nous habituer ainsi à vivre dans la liberté. "Chasser le démon" ne veut-il pas dire simplement changer le terrain vague du cœur de l’homme en une demeure où les gens peuvent être présents les uns aux autres ? La disponibilité, la gratuité représentent la disposition d’un cœur libre : c’est là la grande conquête de Jésus. Sa mission consiste à nous apprendre à vivre en hommes disponibles, à l’écoute de Dieu et des hommes.

         C’est avec St Paul que nous pouvons avoir une idée plus précise du contenu de la Bonne Nouvelle. Il a formulé le message comme une hymne. C’est la Louange à la Gloire de Dieu Père, Dieu Fils et Dieu Esprit-Saint. Et c’est Jésus Christ qui est pour nous l’expression vivante de cette louange.En Lui, nous sommes appelés, choisis avant que le monde ne soit créé. Nous sommes aimés, destinés à être dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard. C’est tout un projet de la promotion de l’homme entrepris par Dieu . Nous sommes appelés à entrer dans le mystère de Dieu par le don de la sagesse et de l’intelligence. C’est l’essentiel de l’annonce de l’évangile à transmettre de générations en générations pour la louange à la Gloire de Dieu.

D.L.