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eme dimanche du temps ordinaire, Année B
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Jérémie
23,1-6 , Ephésiens 2,13-18 Marc 6,30-34
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L'écart
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23 juillet 2000
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Deux thèmes de prière nous sont proposés aujourd’hui à travers la liturgie de la Parole : le Christ notre paix, le vrai Pasteur qui connaît et qui peut répondre aux besoins de son peupleLa force de l’actualité rend la parole du Christ plus actuelle encore : « Il fut saisi de pitié envers eux car ils étaient comme des brebis sans berger . » A nous de retrouver dans notre monde d’aujourd’hui ces foules errantes sur les routes, ou massées dans des camps, sans guide, sans nourriture, sans rien. Comme nous sommes dans le contexte de l’Evangile, nous aimons écouter le Christ qui parle en faveur de tout un peuple décimé par les atrocités d’un génocide . Nous pouvons l’entendre parler à travers les cris d’alarme lancés par des hommes et des femmes qui risquent leur vie en suivant cette foule qui fuit leur propre pays, par centaines de milliers. Ils ont témoigné de ce qu’ils ont vu. Tout le monde ne peut venir en aide à des situations qui dépassent les limites d’une intervention simple. Mais tous peuvent rester sensibles, présents aux événements qui font les trames de notre vie communautaire. Quand Jésus dit aux apôtres de se mettre à l’écart, il veut les initier à être présents à Dieu pour être présents aux autres. Etre présent est source de toute créativité, de toute possibilité d’imagination pour apporter à l’autre le soutien approprié.
L’Evangile en retient les occasions qui se présentent, et Jésus de les saisir pour aller dans le silence et la solitude d’une prière pure. Ces occasions n’échappent pas à l’attention des apôtres, tout intrigués de voir Jésus autrement. Sa façon de prendre son repos, de se mettre à l’écart fait découvrir une présence. On le voit à visage découvert devant une Présence. Il se repose, c’est-à-dire, il est là, présent à l’autre, comme un instant d’oraison pure de toute agitation humaine. La cessation de tout mouvement exprime ici la priorité qu’on donne à la Présence de l’autre. C’est l’Autre qui est important. Et on cesse même de réfléchir, de parler. On n’est que présence. Heureux l’enfant qui trouve quelqu’un qui est pour lui le repère d’une présence. En le voyant présent à quelqu’un qu’il ne voit pas, l’enfant apprend à entrer lentement dans la présence de l’autre. Alors le silence des adultes qui n’était qu’un vide qui l’ennuyait devient pour lui le temps qu’il donne à l’autre. Il comprend que Dieu ne parle pas à la façon des hommes. Il parle par la vie qui palpite en lui. Il écoute la présence et l’apprécie. L’adoration et la prière, c’est la découverte de Dieu. Il est le Tout en qui nous trouvons le repos et la paix. Et voilà que nous consentons à la paix, au repos, au silence, à la plénitude de Dieu. Mais où se trouve ce lieu que l’évangile appelle « l’écart » ? « Venez à l’écart » dit Jésus. Cet écart peut être un lieu loin de tous les bruits, un coin de désert. Il peut être aussi le coin de solitude en nous. Cet écart peut nous sauver de l’aliénation de nous-mêmes. Dans une célébration communautaire où tout est choisi, composé, prévu pour que tout s’enchaîne et que tous soient pris en charge par le programme, l’écart sauvegarde notre silence, offre un espace de rencontre avec Celui que nous prions. Savoir aménager une ou deux secondes de silence, d’interruption à notre célébration, c’est nous permettre de rester nous-mêmes dans ces prières collectives.
Ces quelques secondes de silence peuvent alors nous refaire puisque c’est l’espace, le lieu où nous rencontrons Celui que nous prions. Nous rejoignons le Christ qui se met à l’écart pour rencontrer son Père. D.L. |
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