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17eme dimanche du temps ordinaire, Année B}
 
 
2 Rois 4,42-44 , Ephésiens 4,1-6 , Jean 6,1-15
 
     
 
Le pain multiplié
 
     
 
30 juillet 2000
 
     
 

Nous pouvons relever en ce dimanche, le dix septième, une même question posée à des époques et des situations différentes : «  Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent, » dit le prophète Elisée. «  Mais comment donner cela à cent personnes? » répliquent ses disciples.

                  Dans l’évangile, c’est Jésus qui demandent à ses disciples: «  Comment pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » Ils sont environ cinq mille hommes.

                  Aujourd’hui, la question que l’on doit poser pour nourrir non pas une foule mais un pays qui se vide dans un autre pays, se formule à la dimension planétaire. Le pays est de sept millions d’habitants. En trois mois, un million meurent dans une guerre civile de génocide. Trois millions sept se mettent en marche sur tous les chemins pour fuir leur propre pays. L’exode biblique ne peut rivaliser avec la descente aux enfers de ces millions de rwandais. Ce n’est plus  avec deux cents journées de salaire qu’on arrive à les nourrir. Il faut cinq cents tonnes de nourriture, des millions de litres d’eau par jour pour  les sauver. Ils ont tout quitté pour chercher la sécurité et la nourriture, et ils ont trouvé la maladie, la faim et la mort.

                  Le récit du pain multiplié d’aujourd’hui prend la précaution  de nous avertir la dureté des images. La mort leur est venu à la vitesse d’un feu de paille,  observe un jeune journaliste. Le camp des réfugiés s’est changé en un énorme cimetière fait de multiples fosses communes. Des enfants regardent mourir d’autres enfants.

                  Le miracle se fait aujourd’hui avec ces hommes et ces femmes qui volent au secours de ce peuple, malgré la complexité et l’ambiguité de la situation politique qui porte à faux leur dévouement. Mais à travers leurs actions, nous pouvons découvrir la présence de la parole du Christ adressée à ses disciples : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » ?

         Grâce à eux, un pont aérien international s’organise. D’importants pays laissent entendre qu’ils rattraperont l’hésitation du début,  pour porter secours à cette tragédie humaine. La croix rouge française lance un appel à cinq mille entreprises pour venir à la rescousse de son plan humanitaire. A l’appel de « Médecin sans Frontières », trois mille volontaires s’inscrivent en un seul jour comme bénévoles.

                  C’est l’évangile de ce dimanche qui fait penser à ce récit de la multiplication des pains de notre temps. Il force notre attention au mystère de la Présence de Dieu, au mystère de l’autre. Il nous rend insatisfait de certaine vision de théologie-standard sur la vie de notre monde. Il réajuste nos paroles à la juste dimension de l’environnement qui nous dépasse. Devant l’impact des réalités et des faits, nous ne nous donnons pas à des élévations où seuls peuvent  accéder, ceux qui n’ont jamais faim. Nous nous taisons comme on se tait devant l’immense souffrance des autres.

                  Peut-être, est-ce là le chemin pour nous aujourd’hui, qui nous mène au silence de la Présence de l’Eucharistie que nous célébrons maintenant ?

                  O Toi, l’au-delà de tout,

         N’est-ce pas là tout ce qu’on peut chanter de Toi?

         Quelle hymne te dira, quel langage?

         A quoi l’esprit s’attachera-t-il ? Tu dépasses toute intelligence.

         Seul, tu es indicible, car tout ce qui se dit est sorti de Toi.

         Tous les êtres, ceux qui pensent et ceux qui n’ont point la pensée,

         Te rendent hommage.

         Le désir universel, l’universel gémissent tend vers Toi .

          Prends pitié, O Toi, l’au-delà de tout.