retour à la page d'accueil retour à la page d'accueil
retour à la page d'accueilarchives des homéliespetit germinal, informations pratiquesla vie de la communautédernières conférencesparticipez à germinal
retour page accueil homelies 2004 archives : 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1997
 
19ème dimanche du temps ordinaire B
 
 
1 Rois 19,4-8 , Ephésiens 4,30-5,2 , Jean 6,41-52
 
     
 
La fin de l'homme
 
     
 
13 Aout 2000
 
     
 

L’Evangile est pour nous le livre de repères. Le sens de notre vie, celui de tout ce que nous vivons ici dans l’Eglise, la motivation de notre présence régulière au jour du Seigneur se trouvent et se retrouvent dans les paroles de ce livre.

             Pourtant le passage de l’évangile de St Jean que nous venons de proclamer nous fait sentir d’emblée l’écart du langage et des vocabulaires utilisés. Presque la totalité des paroles de Jésus exprimées dans les 10 phrases de ce 6ème chapitre de St Jean, sont si loin de la conversation ordinaire, donc, difficilement accessibles, si nous n’arrivons pas à les replacer dans le concret de la vie.

St Jean, en relatant le récit, a noté lui-même la réaction de gens qui ont entendu Jésus qui affirme: « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel ». Ils protestent contre cette affirmation en mentionnant d’où vient Jésus. Tout le monde sait qui est son père, qui est sa mère. On connaît leur nom. Lui rappeler son origine, c’est rendre ridicule ce qu’il avance.

            Depuis plusieurs semaines, chaque dimanche un mot revient sans cesse dans la liturgie de la Parole : celui du pain. On nous a lu des pages de l’Ancien Testament où le pain est mentionné. Pains d’orge distribués par Elisée, manne, pain qui fortifie Elie, banquet de la sagesse. C’est tout un ensemble de textes bibliques où les récits de l’Ancien Testament et les psaumes alternent avec les gestes et les paroles de Jésus, tous parlent du pain.

            Pourquoi faut-il autant de citations pour parler d’une nécessité qui ne fait plus l’objet de notre première attention : le pain ? Sans doute, après la messe, on se rencontre souvent chez le boulanger du coin.  Le pain nourrit, et il reste la nourriture de base, mais est-il vraiment ce que l'on cherche et demande en premier ? Le SDF peut écrire sur une petite pancarte  qu'il a faim, et cependant il n'attend pas nécessairement  que le passant lui donne un morceau de pain. Quelle tête  fera-t-il  si vous lui tendez un morceau de pain ?  Ce qu’il attend, c'est plutôt " sa liberté imprimée ou frappée", comme disait une définition antique de la monnaie, les fameux "cent balles" ; " t’as pas cent balles" ? Le pain est devenu aujourd'hui en réalité un symbole, pour tous, riche ou pauvre.

            Aussi continuons-nous à demander : donnez-nous aujourd’hui notre pain de ce jour, comme le Christ nous l'a enseigné, mais attendons-nous simplement la distribution d’une miche de pain ? Le pain quotidien que nous demandons n’est-il pas plus complexe ? C'est  tout un ensemble de  choses qui fait notre vie.

            Deux mille ans déjà nous séparent de ce rassemblement autour du Christ où il se présente comme "le pain qui est descendu du ciel". Tous les détails vivants du récit  sur la multiplication des pains, St Jean les a tous utilisés pour dire qu'il est conscient de la vraie faim de l'homme.

Il a retenu comment le Christ l’a pris en considération et comment il a aidé les hommes à aller au delà des besoins immédiats : " ne travaillez pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle."

L’essentiel se trouve dans des relations qui durent, dans la connaissance intime de l’autre. La vie éternelle est de l’ordre de la connaissance comme il l’a expliqué dans sa prière.

            Quand on prend ensemble un casse-croûte, on pense moins à ce qu’on mange qu’à ceux qui sont là pour être ensemble. On se restaure avec la présence de l’autre. Le partage s’étend naturellement au delà de la nourriture. La joie apportée par chacun ajoute au goût de la nourriture et donne un air de fête. Le goût du pain dépend beaucoup de l’environnement où l’on se trouve pour le manger. Le même pain peut avoir le goût amer ou le bon goût de l’amitié.

            Pour qui sait observer le besoin de l’homme, sa véritable faim, combien est évocateur le discours sur le pain descendu du ciel, l’auto-révélation du Christ : Je suis le pain de vie ! Il s’en dégage des niveaux différents de besoin dans le coeur de l’homme.

            Pain de vie, il laisse voir que les aspirations profondes de l’homme révèlent les soucis de Dieu qui cherchent à y répondre en les faisant sentir plus vives encore dans son coeur. Rien ne peut les assouvir sinon une présence. La vie de Jésus inspire mille façons d’être présent les uns aux autres.

            Pain de vie, il est le projet de Dieu qui s’est fait chair. Dans le langage humain, il y a des façons très fortes de dire qu’on est présent les uns aux autres. Les époux vietnamiens s’appellent l’ un  l’autre, "mon corps". Le mari est le corps de sa femme et la femme est le "corps " de son mari. Jésus a aussi sa façon de dire comment il veut être présent dans notre vie. " Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie."

Pour rendre accessibles les paroles de l’Evangile de ce dimanche, il est bon de nous rappeler qu’elles nous sont transmises par ceux qui ont devant leurs yeux la présence de Jésus mort et Ressuscité, rencontré au matin de Pâques. Leur témoignage a pour  seul but de nous faire voir comment ils l’ont vu. On ne peut comprendre ces paroles que sur leur témoignage. L’Evangile est une école de relation. Comme dans toute vraie relation humaine, naturellement on donne son crédit à l’autre parce qu’il est l’autre.

Ce dont l’homme a besoin c’est de la présence de l’autre qui nous fait vivre du plus profond de nous même. On ne s’étonne pas alors de l’expression particulièrement forte de l’Evangile: manger le pain de la présence pour pouvoir être soi-même la présence pour les autres. Quant à la présence du Tout Autre, elle passe par la présence des autres.

D.L.