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20 eme dimanche B
 
 
Proverbes 9,1-6 - Ephésiens 5,15-20 - Jean 6,51-58
 
     
 
La présence
 
     
 
20 Aout 2000
 
     
 

 

Nous en arrivons au deuxième volet du discours sur le pain de vie, à la partie qui évoque le geste du pain et du vin au dernier repas avec les disciples. Quelques déplacements de mots sont significatifs, révélant la pensée de Jésus qui parlait du pain de vie, avec cette phrase-choc:

         

           " Le pain que  je donnerai, c’est ma chair pour que le monde ait la vie." Il ne peut pas être plus clair avec ces mots crus : manger et boire, la vraie nourriture et la vraie boisson, la chair et le sang. L’intention d’éveiller les gens a réussi dès qu’il dit ces mots. L’éveil est fort comme un choc dont l’écho continue de s’étendre jusqu’à nous. Nous bénéficions d’un recul assez long et large pour comprendre ce discours particulièrement important dans l’évangile de St Jean.

Il y a d’abord ce mot "chair" qui revient spécialement à Jean qui nous a dit que "le Verbe s'est fait chair"; 1,14. Il désigne, par là, l'homme entier, corps et esprit. Quand Jésus félicite Pierre, il lui  dit " Ce n’est pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est aux cieux." Jean affirme la réalité de la présence de Dieu dans notre condition humaine dans la personne de Jésus, l’Incarnation. Il nous dit en même temps le réalisme de la communion dans le geste du pain et du vin. On ne fait pas semblant de recevoir le Christ, on reçoit réellement sa « chair ». Le mot chair fait écho au mot " mon corps" à la dernière Cène. Il est le correspondant de l'araméen bishra que Jésus a dû employer le soir du jeudi saint.

           Curieusement, Jean ne raconte pas la dernière Cène. Mais il la médite plus que les autres, et nous en avons ici la compréhension la plus élaborée des évangiles. Il nous fait découvrir le lien entre le discours sur le pain et ce que Jésus a dit à la Cène: la chair donnée pour le monde fait penser au "corps livré pour la multitude"; manger ma chair, boire mon sang est en parallèle avec le "Prenez et mangez, prenez et buvez, ceci est mon corps, mon sang."

Ce réalisme choque. Mais Jésus ne retranche rien de ces dires inouïs. On croirait qu'il veut même provoquer les Juifs. Et on sait que le sang était, pour les Juifs, la vie. Le sang appartient à Dieu (Lv 17,11). On n'avait pas le droit de le boire, il fallait vider une bête de son sang pour pouvoir la manger. Et Jésus ose ! Et sur ce ton solennel : Amen, Amen! Et c'est une condition sine qua non! " Si vous ne mangez pas... vous n'aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair, boit mon sang, a déjà la vie éternelle et je le ressusciterai. "

Nous savons que la vie est là quand nous apercevons sa présence. La Présence de la Vie se manifeste à travers de multiples signes. Ils sont à la fois matériels, comme notre corps, notre chair, et spirituels comme notre affection, notre attachement, notre amour. Sans ces éléments affectifs,  la présence matérielle des choses, même à proximité de nous, ne nous intéresse pas.

 Il y a des choses, des personnes qui sont là, à nos côtés, mais leur présence nous est indifférente. L’indifférence peut aller jusqu’à la négation de la présence, quand elle est aggravée par des conflits. A notre regard,  il vaut mieux que cela n’existe pas, alors que l’existence est le don le plus précieux.

  

A travers la pensée de Jésus sur le pain de vie, sur le geste du pain et du vin à faire ensemble en pensant à lui, sur les mots chocs qu’il a utilisés, la chair et le sang à manger et à boire, nous savons que la Présence, celle de chacun de nous, celle des uns des autres est ce qui nous faire vivre dans notre épanouissement et notre bonheur. On n'oublie pas l’image de cette semaine qui nous dit ce qu’est la présence : Cent personnes de la Corée du Nord et cent personnes de la Corée du Sud ont été tirées au sort pour aller rencontrer leur famille séparée depuis un demi-siècle.

De présence en présence, notre vie se trouve élargie aux dimensions de la source de la vie que St Jean appelle notre Père. Le mot Père est rappelé une centaine de fois dans son évangile, alors que dans les évangiles synoptiques, le Père est mentionné à peine une dizaine de fois. Le Père est représenté ici dans la ligne de la notion du Dieu de la Bible. Elle nous a été donnée par l’hospitalité d’Abraham aux trois visiteurs. L’accueil et la rencontre de ses hôtes est le commencement de la découverte de Dieu. C’est la présence des autres qui mène Abraham à avoir des signes du Tout Autre. Dieu en personne, nous ne pouvons pas le voir ou même le concevoir. Mais comme il est la source de la Vie, il a laissé des traces des signes de sa présence.

Elle est si précieuse la présence de l’autre, la présence du monde avec tous les êtres vivants ou inertes qui nous entourent. Toutes les expressions de notre culture humaine, les arts, les beaux-arts, les oeuvres littéraires et les autres, sont des signes de la présence multiple, infinie de la vie. L’homme est en perpétuelle recherche de tous ces signes. La vie est si féconde qu’elle lui est la source inépuisable d’inspirations de tout genre.

Autant  nous savons puiser dans cette source d’inspiration pour enrichir notre patrimoine de culture, autant nous ne savons pas toujours la réaliser dans notre vivre. Faute de vouloir nous enrichir de la présence des autres, nous limitons notre vie à des présences sélectives,  " un être qui vous manque et tout est dépeuplé...,soupire le poète "

Jésus a peur des risques que nous encourons en défigurant les signes de la présence qui nous sont offerts. Tout son enseignement est une éducation à la Présence, au respect de la présence. Si quiconque dit à son frère " imbécile, fou," il est passible de la géhenne de feu" Mais l’enseignement de celui qui s’appelle "Emmanuel", Dieu avec nous, n’est pas seulement des avertissements ou des menaces. Il est aussi humain, concret, convivial que le fait de manger et boire. La Présence est exprimée par lui avec l’ image du corps et du sang. Son enseignement a tapé fort pour qu’on dépasse le niveau de la justice qui prend la défense des droits de la présence des autres. Il veut nous amener à jouir de la présence des autres.

 Qu’est ce que la Présence ? La Shekhinah, la divine Présence de la Bible, est habitée par la Ruah, le Souffle, l’Esprit. L’Evangile de St Jean  essaie d’expliciter cette donnée. Du début jusqu’à la fin, on y trouve spécialement des scènes de rencontres qui nous disent ce qu’est la Présence. Le Verbe est venu au monde qu’il a créé en l’appelant à l’existence. Jean le Baptiste vient à la rencontre de son cousin. Nathanaël, un des premiers disciples, vient voir Jésus et est surpris qu’il l’ait déjà connu. "D’où me connais-tu?» Avant même que Philippe ne t‘appelât, alors que tu étais sous le figuier, je t’ai vu" dit Jésus. Quelle suggestion plus profonde pour saisir ce qu’est la Présence ?     D.L.

 Introduction : 

Paul voit dans les assemblées du dimanche un moyen pour "vivre autrement", pour prendre conscience de la richesses de la vie, pour réajuster notre cheminement dans la vie, pour trouver le joyeux dynamisme dans la présence qui nous soutient, nous suit à chaque instant, dès le commencement de notre existence. La Bible l’appelle la Sagesse que les enfants d’Israël identifie à la Torah, la Parole de Dieu. Elle est spécialement dans le discours de Jésus sur le pain de la vie qui nous dit longuement l’initiative de Dieu pour nous rencontrer. Il veut enrichir notre imagination pour découvrir les signes de sa Présence, spécialement à travers la présence les uns des autres.

Nous implorons le Seigneur. Il nous fait comprendre ce qu’est la Présence dont nous avons besoin.