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22 ème dimanche du Temps Ordinaire B
 
 
Deutéronome 4,1-8 - Jacques 1,17-27 - Marc 7,1-23
 
     
 
Où se trouve l'Intérieur?
 
     
 
3 septembre 2000
 
     
 

Nous retournons à la lecture de St Marc que nous avons laissée pour le discours sur le pain de vie de l’Evangile de St Jean qui nous a retenus pendant cinq semaines au milieu du temps de nos vacances. En essayant de saisir le message du pain, de la chair à manger et du sang à boire, nous avons retenu l’intention de Jésus d’attirer ses disciples et la foule sur ce qui est aussi vital que manger et boire : la Présence. Et nous comprenons ce choix de la liturgie pour ce temps où chacun cherche à vivre ensemble auprès de sa famille, de ses amis. La présence des uns et des autres est liée à ce temps de bonheur.

Revenant aujourd’hui à l’Evangile de St Marc, nous en retrouvons le fil à l’intérieur de ce qu’on appelle la « section des pains ». Nous sommes entre le chapitre 6,31 où avec cinq pains et deux poissons cinq mille hommes sont nourris au désert et le chapitre 8,26-10 où quatre mille hommes sont nourris avec sept pains. Le pain se trouve encore au début de notre lecture : les disciples mangent les pains sans s’être lavés les mains.

Jésus et ses disciples venaient de quitter le lac pour se rendre au territoire de Tyr. Ce n’est pas par hasard, aux yeux de Marc, si au moment de sortir d’Israël, Jésus donne un enseignement sur ce qui constitue la principale barrière entre juifs et païens : les prescriptions rituelles sur le pur et l’impur.

Et l'évangéliste d'expliquer à ses lecteurs d'origine païenne, les coutumes juives qui leur sont étrangères et qu'il prend plaisir à accumuler en une complication de pratiques rituelles: se laver les mains avant de manger, au retour du marché ne pas manger avant de s'être aspergés d'eau... et beaucoup d'autres pratiques: lavage de coupes, de cruches, de plats. Les pharisiens accusent donc: Pourquoi ne suivent-ils pas la tradition des anciens? Les disciples étaient des Galiléens loin de la stricte Jérusalem, de simples travailleurs qui avaient du mal à se conformer à tous ces détails. Aussi, comment parler à ces non-juifs à partir des pratiques juives au quotidien ?

            Fidèle à son enseignement sur le pain, sur l’importance de la présence qui seule donne à tous nos gestes ce que l’homme peut donner de lui-même, Jésus parle de « l’intérieur et de l’extérieur ».

Il utilise les accusations pour aborder le fond même de la question. Il parle pour la première fois de l’hypocrisie. On fait davantage attention à ce qui paraît et néglige ce qui est à l’intérieur.

Comment un geste qui ne vient pas de l’intérieur de l’homme peut-il devenir un geste religieux, le geste qui relie ? Et Jésus de citer, à l'appui, un passage typique du prophète Isaïe (29,13): Ce peuple m'honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. Bien des gestes humains dans la vie quotidienne sont pleins d’attention qui nous marquent, qui appellent l’affection et l’attachement. Jésus demande simplement cette même attention du cœur en s'appuyant sur une autorité plus ancienne que les traditions invoquées par les pharisiens pour le condamner: « Vous laissez de côté le commandement de Dieu pour vous attacher à la tradition humaine. » 

Ce faisant, Jésus pose un audacieux principe de morale que tous les moralistes n'ont pas encore digéré: Le péché n'est pas dans la matérialité de l'acte, mais dans l'homme qui le pose. C'est du dedans, du cœur de l'homme que sortent les pensées à l'origine des comportements mauvais.

 

Mais où se trouve ce « dedans », cet intérieur de l’homme ? « L’Intérieur » est le lieu de la présence. Il faut qu’elle soit intérieure pour qu’une proximité soit une présence. Sans cet élément affectif, le fait qu’une chose, qu’une personne soit là, l’une à côté de l’autre n’éveille pas encore la perception de la présence. « L’Intérieur » est le lieu qui ne se situe pas dans les dimensions de l’espace et du temps, étant la disposition d’être. Il est dans la connaissance et dans la reconnaissance de l’autre. « La vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent », dit Jésus. Jean 17,3. Notre intérieur est le lieu où Dieu vient à notre rencontre et peut y demeurer. «  Si quelqu’un m’aime, il garde ma parole en lui, mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous établirons en lui notre demeure. » Jean 14,23.

Pour découvrir son intérieur, on garde souvent les yeux fermés. Pour d’autres, c’est en regardant les yeux clos, qu’ils conçoivent ce que peut être l’intérieur de l’homme. Plus qu’on ne le pense, les moments où l’homme retrouve l’occasion d’être en lui-même occupent une grande partie de sa vie. Par les événements, à travers les vécus  qui le bousculent et qui le renvoient à l’Evangile, aux enseignements de Jésus, l’homme peut découvrir un jour que son visage ou son corps est la surface qui reçoit et qui reflète les rayonnements d’une Présence. « L’Intérieur » peut se lire sur un visage, sur un geste de l’homme. On a intitulé le livre sur les aventures intérieures de Ste Thérèse d’Avila, « l’Epiphanie du visage. »

C’est de son intérieur que l’homme est présent au monde, aux autres, à l’Autre. Il rend tout l’univers présent, par sa présence. Tout devient relation, comme la vie en Dieu. La beauté est l’empreinte de la Présence. L’homme a su la capter et l’exprimer. Il en a fait les beaux-arts, la plénitude de sa vie.

D.L.