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27ème Dimanche du temps ordinaire B
 
 
Genèse 2,18-24 - Hébreux 2,9-11 - Marc 10,2-16
 
     
 
Le couple chrétien
 
     
 
8 Octobre 2000
 
     
 

     

            De la première page de la Genèse jusqu'à un bref passage de l'évangile de St Marc, la vie du couple a fait un long cheminement pour bifurquer enfin en deux directions différentes. L’extase du premier amour qui s'épanche en un cri de trouvaille :" Tu es la chair de ma chair" est changé en une investigation  pour un licenciement « est-il possible à un mari de répudier sa femme ». La rencontre de l’homme et de la femme a changé de ton et de nature.

            Ce n’est pas en un « oui » ou en un « non » que Jésus va donner son opinion. En guise de réponse brutale, il nous emmène dans la pensée de Dieu. « A l’origine », l'homme et la femme avait pour foyer l’immense cosmos, ciel et terre. Leur toit était le ciel bleu du jour  ou la nuit étoilée.

           

            Si vous avez l’occasion d’aller à la prière des Vigiles des moines à 2H du matin, la nuit vous attend dehors. Les arbres ne dorment pas, ils sont toujours debout et vous disent bonjour. Mille et mille étoiles vous regardent sans clignoter. D’autres vous font des clins d’oeil. Tous, ils  murmurent à votre oreille; ils ont mille choses à vous confier pour votre émerveillement et vos louanges. Et vous allez les retrouvez tous dans les psaumes et les cantiques: «  Les cieux proclament la gloire de Dieu, le firmament raconte  l’ouvrage de ses mains. Le jour au jour en livre le récit; la nuit à la nuit en donne connaissance. » PS 18.

           

            Eve et Adam ne se fatiguent pas à bavarder ensemble avec le ciel et la terre. Ils ont regardé ensemble vers les mêmes directions et s’y retrouvent. « Eve se tient au bord de la source, sans pressentir qu’il y ait une image, pourtant à peine se penche-t-elle pour y boire, Adam déjà vers ses lèvres se tend. » chante un poème d’amour.  Ils ne leur est jamais arrivé de penser que l’un puisse exister sans l’autre. « Répudier » ou « renvoyer » , ils ne comprennent pas ce que cela veut dire.

            Depuis que les hommes et les femmes coupent le ciel et la terre en des petits cubes pour construire leur foyer, pavillon, appartement... leur espace de vie,  leurs visions deviennent limitées. Leur comos s’est rétréci en des huis clos. Ils n’ont plus beaucoup de choses à regarder ensemble, à parler l’un à l’autre. Chacun cherche à s’échapper du lieu dit. De huis clos en huis clos, ils se sont perdus de vue.

           

            La présence de l’homme et de la femme n’est plus comme au début, une « co-naissance »: L’homme et la femme sont nés ensemble. La « co-naissance » est mutée en des contrats d’entreprise. Un contrat de ce genre suppose l’embauche et le licenciement, la possibilité des dépôts de bilan. 

           

            Les jeunes sont au courant que le mariage civil est un contrat. Il peut y avoir des conditions appelées clauses matrimoniales. Que l’un ou l’autre partenaire du contrat découvre qu’il a commis une erreur, il en demande la résiliation.  En signant le contrat géré par le code civil, chacun garde son droit à l’erreur. Le droit de l’homme et de la femme est respecté par cette mesure de prudence.

             

            L’Evangile a des propositions plus osées que le droit. Il observe l’homme et la femme à la genèse de leur amour lors de la première rencontre. Il y a une naissance simultanée de leur regard croisé, un sentiment de « première fois » qui est en fait la perception «  de la chair de ma chair ». Cet amour d’un autre ordre appartient à tous les hommes et toutes les femmes de tous les ciels. Ce n’est pas l’apanage des mystiques. C’est l’amour humain vrai qui n’a pas besoin de qualificatif, catholique, protestant, bouddhiste, athée.

        

            De cette expérience de rencontre sont nées les premières intuitions sur Dieu, sur la vie en Dieu. Dieu est amour. Le Christ  rappelle aujourd'hui, à tous, parents et enfants, que ce vécu humain est porteur d'éternité puisque né de l'amour. Et il amène le couple, homme et femme, à l’arrivée de l'enfant dans le monde. L'enfant rappelle l'oeuvre de la création de Dieu. L'homme et la femme s'aperçoivent qu'ils ne sont plus seuls, ils sont plus qu’une seule chair. L'enfant  paraît, prend place et pose des questions. La présence de l'enfant consacre leur amour en une présence d’éternité. Et c'est le temps de l'approfondissement du premier amour. L’homme, la femme et l’enfant peuvent maintenant prêter à Dieu leur vécu relationnel, leur langage de paternité, de maternité et de filiation. Dieu se nomme donc Père, Fils.et Esprit.

           

             Le sacrement de mariage est une reconnaissance de l’Eglise qui voit en la rencontre de l'homme et de la femme arrivée à ce sommet d’amour, une trace de la présence de Dieu dans notre monde. La vie du couple chrétien est alors le reflet de la vie en Dieu.

           

            Il arrive que toute rencontre n’ait pas la même chance . Il y a des séparations inévitables, douloureuses. Il incombe à l’Eglise un devoir d’accompagnement. C’est dans les épreuves que l’un ou l’autre  est appelé à un dépassement  pour vivre l’amour  plus fort que le mal. Il suffit que l’un des deux entende les aspirations de l’enfant qui crie en lui-même qu’il a besoin, comme condition vitale, de parents stables pour vivre et grandir dans l’épanouissement.

            Ceci est possible quand l’homme et la femme redécouvrent l’environnement de leur première rencontre où leur vie est dialogue, échange, communion, où tout les concerne, leur parle et les intéresse. Puisqu’il leur est donné tout l’univers comme foyer,  même quand ce foyer prend la forme d’une habitation comme symbole, la relation originelle qui n’est autre que la prière, décloisonne ce qui est cloisonné pour les brancher à l’infini. L’infini est l’atmosphère de l’amour où il n’y a pas des risques de rétrécissement.                                                 D.L.