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29ème Dimanche B
 
 
Isaïe : 53,10-11 - Hébreux 4,14-16 Marc 10,35-45
 
     
 
Le Serviteur
 
     
 
22 Octobre 2000
 
     
 

La personne de Jésus, Serviteur de Dieu est particulièrement relevée dans le liturgie de la Parole de ce 29ème dimanche. Un bref passage du livre d'Isaïe esquisse la physionomie du Serviteur souffrant. Plus tard, on trouvera qu'il recoupe les traits du Christ mort et ressuscité pour nous. La lettre de St Paul aux Hébreux relève le rôle du Grand Prêtre réalisé en la personne du Christ. Il assume notre condition humaine jusqu'à connaître la mort et la mort la plus ignominieuse. La mort vécue en sa personne de Grand Prêtre est transfigurée en un passage à la vie. Il est vivant. Il entre dans la vie en Dieu, comme le Grand Prêtre qui entre dans le Saint des Saints

Saint Marc a retenu une conversation un peu spécial entre Jésus et les deux frères Jacques et Jean. Dans son entretien avec ces deux disciples, en répondant à leur demande, il dit pourquoi il est venu au milieu de nous. Il fait comprendre la vie en Dieu où tout y est communion, tout y est gratuité. Désormais, toute responsabilité est de se dévouer comme Dieu qui se donne au monde. Dieu devient au milieu de nous celui qui sert en personne.

Où faut-il aller chercher la notion de service à rendre dans notre vie ? Tout service étant doté de moyens, d'insignes confiés à ceux qui servent comme prérogatives de puissance, comment ces gérants pourraient-ils veiller à ce qu'il reste toujours un service, un travail à remplir pour l'intérêt des autres ? Le service dans notre vie courante est lié à la loi de l'offre et de la demande, contrôlée par un pouvoir administratif. Il veille à la crédibilité du pouvoir de l'offre, à l'égalité des bénéficiaires, à toute discrimination dans le service à rendre.

Toutes ces précautions, Jésus les a prises pour répondre à la demande de Jacques et à Jean. Il veut savoir s'ils sont conscients de ce qu'ils demandent. S'asseoir auprès de lui, à sa droite et à sa gauche, c'est participer pleinement à sa mission. Il vient dans notre monde comme celui qui sert. Et le service qu'il a à rendre n'est pas du domaine économique. Il est dans la nature même de sa personne, l'Envoyé de Dieu, Fils de Dieu.

Jésus est Fils. La force de ce mot, c'est de n'avoir de sens que par rapport au Père. Dieu est Père. De sa vie de Père est née la filiation. C'est la relation née du cœur de Père pour faire vivre tout en lui. La notion de " Service " nous apprend à vivre en fils, notre filiation, notre dignité devant le Père et le monde. Le Père donne, engendre. Le service à rendre au monde prodigue les bienfaits que Dieu, le Père a en projet pour les hommes.

Chaque fois que Jésus se présente, qu'il parle du Royaume de Dieu, qu'il apporte aux pauvres la générosité du Père, aux pécheurs son pardon, Jésus parle et vit en Fils. Il vit pour le Père. C'est le sens originel du mot " Servir " utilisé par Jésus le Fils.

Cette notion spéciale de service entraîne la logique du " Serviteur de Dieu. A l'opposé de toutes les coutumes et les mœurs de la société humaine, pour devenir le plus grand du royaume, c'est une autre trajectoire qu'il faut suivre : Vivre en filiation, servir, éliminer progressivement toute notion de prestige, d'importance. La seule insigne qui parle du service que Jésus veut initier au monde est " Être Fils ", être en relation. Or, nous savons que seule la relation de qualité peut sauver l'humanité : elle est la seule voie. Le " Serviteur de Dieu " au service des hommes est celui qui vit pleinement cette qualité de relation de " fils ".

Peut-être, est-ce dans ce sens que les prêtres doivent vivre leur célibat ? Ils sont disciples de Celui qui vient au monde comme le Fils. Leur vocation c'est de vivre pleinement avec leur maître, la filiation, et sa mission de dire ce qu'est être fils. On leur décerne quand même l'appellation de " père ", " père spirituel ", ce que Jésus ne peut accepter. Jésus n'est pas le père spirituel de l'humanité, lui qui nous dit qu'il n'y a qu'un seul Père, qu'il ne faut pas appeler père, quelqu'un d'autre.

Peut-être aussi, est-ce dans ce sens que Jésus propose l'idéal de tout quitter pour le suivre ? Il adresse cette proposition à tous. Ainsi ceux qui ont l'expérience de la paternité et de la maternité ont aussi les possibilités de tout quitter pour redevenir " fils " comme le Fils. La vie a ceci de grand qu'elle nous dépouille et aménage étape par étape un raprochement, une rencontre avec le Fils.

Lors de son dernier repas, Jésus va récapituler sa vie comme un " service ". Et sa mort, il demandera à ses disciples de l'annoncer au monde comme le fruit d'une vie en service. Maximilien Kolbe qui demande au bourreau d'être à la place d'un compagnon de captivité a vécu la mort comme l'ultime service du " Serviteur de Dieu ".

D.L.