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31ème
dimanche du temps ordinaire B
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Deutéronome
6,2-6 - Hébreux 7,23-28 - Marc 12,28b-34
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Shema
Israël !
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5 novembre 2000
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En six
versets, St Marc a décrit majestueusement pour nous la scène
du dialogue entre le scribe et Jésus sur le sujet capital qui
relie les deux Testaments
en la personne de Jésus. Comme Matthieu, St Marc a placé cette rencontre entre le moment de l'entrée triomphale de Jésus et son arrestation. Jésus était dans l'enceinte du Temple, probablement sous le portique de Salomon, entouré de pharisiens, d'hérodiens, de sadducéens qui l'interrogeaient. L'un des scribes, émerveillé par les réponses pertinentes de Jésus sur la résurrection des morts, oriente sa question sur le texte essentiel du Deutéronome, sommet du message contenu dans ce livre. L'ambiance de sympathie, voire d'admiration que le scribe a su créer, mérite la réponse solennelle de Jésus comme une prière. Jésus se réfère au texte du Deutéronome
qui proclame le commandement d'amour de Dieu et qui est depuis toujours
la prière d'Israël. Il fait sienne cette prière
de son peuple, formulée à partir du premier commandement.
Le peuple élu a compris la profonde nouveauté du précepte
: Le Dieu d'Israël est Un, le seul Dieu. Il est un Dieu qu'il
ne faut pas craindre seulement, mais aimer d'un amour total qui engage
l'être tout entier. C'est émouvant d'entendre Jésus réciter cette prière en la renouvelant d'un souffle nouveau. Il donne au premier commandement un prolongement qu'il proclame semblable à l'amour du prochain. Le Lévitique, imprégné de l'esprit sacerdotal qui représente la tradition parallèle avec celle des prophètes, a mentionné cet amour du semblable. Avant Jésus, le précepte de l'amour de Dieu et celui de l'amour du prochain se situait dans des livres différents. Avec Jésus, des deux préceptes ne font plus qu'un. Lui seul a su établir l'équation de l'amour de Dieu et celui du prochain. La grandeur de ce texte sur le plus grand commandement vient de ce qu'il constitue désormais la nouveauté absolue de l'enseignement de Jésus. Pour le chrétien, il y a dans le prochain une présence invisible mystérieuse, celle de Dieu dont il est l'image et celle du Christ dont il est le membre. Les deux commandements sont indissociables. " Celui qui dit qu'il aime Dieu et qui hait son frère, celui-là est un menteur ", écrit St Jean dans sa première lettre. Par le lien qui unie les deux commandements, le Dieu de Jésus ne saurait être source de fanatisme. Son nom ne se prête à aucune ambiguïté qui motive l'élimination de son prochain, par injure ou par meurtre. La fin de ce récit est de toute beauté. Le scribe se réjouit de la réponse de Jésus. Il la redit à sa suite en ajoutant que la pratique de ces deux commandements vaut mieux que tous les sacrifices. Connaisseur des Ecritures, il fait allusion à un texte du premier livre de Samuel (Ch.15,22) ou à un autre celui d'Isaïe (Ch.1,11-17) Trait exceptionnel dans les Evangiles, Jésus à son tour, fait l'éloge du scribe. " Tu n'es pas loin du Royaume de Dieu ". La réflexion du scribe sur la priorité de l'Ecoute à tous les actes de piété est appuyée par l'appréciation de Jésus. Parmi les cinq sens, c'est par la voie de l'Ecoute que nous sommes en relation avec Dieu qui parle. Ecouter est le verbe qui revient et qui se conjugue à tous les temps, près de 700 fois dans les Ecritures. D'ordinaire, nous ne cessons de parler en nous-mêmes, à nous-mêmes. Le " moi " est le premier interlocuteur dans la vie de l'homme.. Comment faire taire le " moi " qui parle pour laisser la place au " moi " qui écoute ? C'est la grâce de la Révélation. Dieu qui parle est si séduisant qu'on se tait pour l'écouter. D.L. |
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