Il est des gestes humains très simples puisqu'ils viennent
des gens très simples et qui annoncent le comportement radical
de Jésus. Le fragment de la lettre aux Hébreux lu en
ce dimanche donne l'éclairage des deux autres lectures, l'histoire
de la veuve de Sarepta et celle de la veuve du temple. Le geste de
l'offrande des deux veuves qui donnent le peu ce qu'elle a et qui
est le tout pour elle, une poignée de farine, quelques gouttes
d'huile qui reste, deux petites pièces de monnaie. Prenant
sur leur indigence, elles ont offert ce qui leur était le minimum
nécessaire pour vivre. Cela représente " Toute
sa vie " pour la veuve, comme dit littéralement le texte
grec.
Jésus se trouvait assis près du parvis, appelé
hall du Trésor. Il connaisait ce lieu pour y avoir été
déjà plusieurs fois en allant au parvis des prêtres.
Dans ce lieu se trouvaient treize troncs destinés à
recevoir les dons pour le Temple. C'était devant l'un de ces
troncs que Jésus a pu voir les deux piécettes déposées
par la veuve. Et Jésus s'émerveille.
La bourrasque de la dernière semaine va entraîner Jésus
vers la mort de la croix. Mais voici que retentit une note joyeuse
et fraîche comme le chant de l'alouette pascale : le récit
de la veuve qui jette deux sous dans le Trésor du Temple.
Le geste timide n'a pas échappé à Jésus.
Son regard a même vu plus loin et plus profond : il a lu la
vie et l'âme de cette pau-vrette perdue au milieu des riches
pharisiens aux beaux habits et qui claironnent leurs offrandes. Elle
se croyait seule, incon-nue, plus ou moins méprisée,
et voici qu'elle est regardée, admi-rée, aimée
par le Fils de Dieu! Si les pharisiens ont reçu leur récompense
dans l'admiration des hommes, la veuve aussi vient de recevoir la
sienne dans le regard sauveur de Jésus. Et sans doute, elle
ne s'en est pas rendue compte! Mais n'est-elle pas comme la femme
qui, ouvrant la fenêtre, le matin, est inondée et réchauffée
par le soleil levant? Le Christ ne force aucune entrée, mais
l'âme pauvre et priante s'ouvre naturellement à lui,
tandis que les orgueilleux se cadenassent dans leur suffisance.
" La figure de cette veuve est la dernière qui apparaisse
dans le ministère public de Jésus. L'enseignement qui
avait commencé par un " Bienheureux les pauvres "
se clôt sur cette exaltation de la pauvreté qui sait
tout donner."
M.P.