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3ème dimanche de l'Avent B
 
 
Isaïe 6,1-2a.10-11 - Thessaloniciens 5,16-24 - Jean 1,6-8.19-28
 
     
 
De la vraie joie de témoin.
 
     
 
15 décembre 2002
 
     
 

De la vraie joie de témoin.


Un poème, fort de paroles d'apaisement, ouvre notre liturgie de la Parole. Il chante la mission du mystérieux Serviteur de Dieu et sa joie née de ce qu'il se sait choisi par Dieu et animé de son Esprit. Aux hommes que tout déçoit et écrase, il a à parler de toutes les nouveautés qui sont là et qui vont changer leurs situations désespérées. C'est la joie de pouvoir apporter les nouvelles, les bonnes, aux pauvres, la consolation aux coeurs brisés, la liberté aux prisonniers.

Il y a la joie quand on est porté devant la plénitude de la vie où rien ne nous manque. La joie imprègne alors toutes les fibres du corps comme les premières empreintes de la joie.

"A Toi, Dieu notre louange. Nous t'acclamons tu es Seigneur. A Toi, Père éternelle, l'hymne de l'univers…" C'est avec ces mots du chant Te Deum que l'homme qui l'a écouté décrit sa joie, au retour d'une journée de travail. Ce chant le fait sentir comme le témoin de la plénitude de relation qu'on peut avoir avec Dieu, à la dimension de tout l'univers. Sa joie résume bien le témoignage de l'évangile de St Jean. Il décrit la joie de celui que les évangiles de Matthieu, Marc et Luc nous présentent comme le précurseur qui annonce l'arrivée imminente de Celui qui doit porter au monde la Bonne Nouvelle.

Pour les trois premiers évangiles, Jean Baptiste est le prédicateur de la conversion. Le quatrième voit Jean baptiste comme l'homme du témoignage. Le quatrième évangile est conçu comme le procès fait à Jésus. Une question ne cesse de monter aux lèvres de tout homme qui rencontre l'homme de Nazareth:" Mais qui donc es-tu? " Et de toutes les parties du livre s'élève la solennelle réponse.

La réponse donnée prend ordinairement la forme d'un témoignage en faveur de la dignité et de l'oeuvre de Jésus. D'où l'insistance mise sur ce que Jésus dit sur lui-même : " Je suis le bon pasteur, la vraie vigne, le pain de vie, la lumière du monde, le chemin, la vérité, la vie ". Plus simplement encore, mais plus audacieusement : " Je suis ". Aussi le meilleur titre pour l'ouvrage de Jean serait, non Evangile, jamais employé, mais plutôt Témoignage : ce mot est employé 14 fois et le verbe Témoigner, 33 fois.

L'évangile de St Jean s'ouvre par le témoignage de Jean-Baptiste (1,6-8) et il se ferme sur celui du disciple bien-aimé (21,24), l'auteur du témoignage sur un témoin. La structure interne de son livre est faite des témoignages les plus divers. Le témoin par excellence de Jésus est le Père. Mais le premier présenté est Jean : " Il vint pour témoigner de la lumière ".

" Qui es-tu ? " Jean-Baptiste est invité à témoigner devant l'élite de la société juive. En vrai pédagogue, il cherche à deviner le vrai problème sous la question posée. Souvent en effet, la première réponse n'est donnée que pour explorer le terrain, pour savoir si on peut aller plus loin. En théologien qui cherche à dialoguer, il se sert de cet art subtil qui consiste à deviner et à répondre en allant au pas de son interlocuteur. On voit que l'Oriental est maître dans cet art.

Ainsi Jean-Baptiste, dès qu'on lui demande son identité, soupçonne la vraie question cachée des enquêteurs : " Te prends-tu pour le Messie ? " Mais il ne brusque rien. Sa réponse invite à poser d'autres alternatives, jusqu'à ce que la grande question soit enfin posée. Il décline alors son identité, mais en s'abritant sous la Parole de Dieu qui l'a envoyé. Il est la voix de Dieu. Ses paroles ont valeur de témoignage. Tout vrai témoin du Christ intrigue toujours. On ne manque pas de nous demander : " Qui donc es-tu ? " A nous de percevoir sous cette demande le fond du problème et de témoigner humblement du Christ.

A plusieurs reprises, on devine que le quatrième évangile répond à certains cercles qui n'attendaient pas que Jean-Baptiste soit éclipsé par l'arrivée de Jésus. St Jean ne laisse entendre aucune opposition entre Jean et son cousin, le Messie. Le précurseur ne s'explique et n'existe qu'en référence à Jésus. L'humilité et la loyauté caractérisent le témoin. Aussi, Jean baptiste est-il présenté comme le type parfait du témoin. S'effacer pour que Jésus transparaisse, telle est sa ligne de conduite. Le récit de l'évangile multiplie ces contrastes. Jean est le serviteur, Jésus est le maître. Jean est la lampe qui brille jusqu'à ce que vienne le soleil, Jésus est le soleil. Jean est une voix, Jésus est la Parole incarnée. Jean est l'ami de l'époux, Jésus est l'époux (3,29). Jean baptise dans l'eau, Jésus baptise dans l'Esprit (1,33). Jean est envoyé en qualité de précurseur, Jésus en qualité de fils. Jean n'existe que pour témoigner en faveur de Jésus.

Son témoignage cherche à tourner les regards vers Jésus, à les détourner de son humble personne : " Au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas ". On devient un vrai témoin du Christ, le jour où on découvre qui il est, de par la relation personnelle qu'on a eue avec lui. De " vrais témoins ", les martyrs du troisième millénaire sont déjà présents par milliers, dans de dizaines de pays, pour dire à notre monde, cette joie. On se souvient bien entre autres, du père prieur de Tibhirine, Christian Chergé et de six frères trappistes, morts pour avoir voulu la joie de rester auprès d'une population musulmane, menacée, persécutée. D.L.