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4ème dimanche de l'Avent B}
 
 
Luc 1, 26-38
 
     
 
"Que tout passe pour moi selon ta Parole "
 
     
 
22 décembre 2002
 
     
 

" Que tout se passe pour moi selon ta Parole "


Nous ne saurions mieux nous préparer à Noël qu'en savourant le récit de l'Annonciation. Qui n'est frappé par l'harmonieuse présentation du fait ? Luc, en artiste délicat, sait la magie des couleurs et il a le secret des jeux d'ombre et de lumière à la façon du Caravage. Imaginons-nous les difficultés qu'il eut à surmonter pour présenter et illustrer le mystère de l'Incarnation ? Plus que nous aujourd'hui, il a ressenti le problème du langage. Comment dire cette expérience mystique vécue par la jeune fille vierge de Nazareth et le mystère de ce Verbe divin qui se fait germe humain ?

Il disposait heureusement de la longue tradition littéraire et théologique de la Bible dans les langues hébraïque et grecque. Il a donc coulé son information et ses réflexions dans les moules si finement préparés par l'Esprit Saint. La Bible en effet, quelle mine d'expressions, d'images, de symboles, d'essais, pour tenter de rendre en langage accessible le mystère de la venue de Dieu dans l'histoire ? Luc y a puisé avec intelligence et piété. Sa toile de l'Annonciation est tissée de fils bibliques. Essayons de découvrir les allusions aux prophètes Natan (2 Sam 7,12-17), Sophonie (3,14-17), Joël (2,21-27), Zacharie (9,9-10), Daniel (9,21-27), et surtout Isaïe, dont tout un livret est consacré à l'Emmanuel (7-11). Quel relief prend alors la jeune Marie et quelle lumière sur 1a concentration en elle de l'épopée biblique !

Comblée de grâce

Quand elle reçoit la joyeuse annonce, Marie n'est qu'une adolescente aux origines modestes et vivant dans le moins connu des hameaux galiléens, Nazareth : une vingtaine de maisons, 150 habitants, nous disent les archéologues. Mais cette jeune fille a trouvé grâce auprès de Dieu. Bien plus, elle est saluée par l'ange comme " comblée de grâce ". Ce participe parfait passif exprime 1a plénitude et la permanence, mais aussi le fait que l'auteur de cette richesse est Dieu. Cette salutation nous livre la personne et le destin de Marie, ce qu'elle est et ce à quoi elle est appelée. " Toute la vie spirituelle et culturelle de l'ancien temps atteint en elle son apogée, son point de parfaite maturité. Mais il s'y ajoute un surcroit, qui fait deviner l'approche des temps nouveaux. Tout le monde ancien rajeunit et devient déjà chrétien dans les actes de cette vierge : en elle et par elle, il s'offre au Christ et se porte au-devant de lui " (R. Bernard). A cette heure de Nazareth, Marie est l'Église en germe, - l'Église avant l'Église ", la première des croyantes au Christ. Elle est l'Ève nouvelle qui inaugure la création réconciliée, !Arche d'alliance en laquelle Dieu demeure.

L'ombre du Très-Haut

Comment Marie et l'Église primitive sont-elles entrées dans la perception du mystère du Verbe incarné ? Ne croyons pas que ce fut à l'aide de définitions dogmatiques abstraites, mais par des images et des symboles bibliques, ces merveilleux sentiers vers les réalités invisibles. Ainsi, quelle charge d'évocation dans ces paroles du messager : " L'Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très Haut te couvrira de son ombre " 1 Nous voici renvoyés au signe biblique de la nuée ou shekinah par quoi Dieu manifestait sa présence au milieu des siens dans le sanctuaire.

C'est dans " l'épaisseur de la nuée " que Dieu parlait à Moïse et s'approchait de son peuple (Ex 16,10 ; 19,9). Moïse dressa pour Dieu une tente dans le désert : " La nuée couvrit la tente de la rencontre et la gloire du Seigneur remplit la demeure " (Ex 40,34). Quand Salomon, en 968, inaugura le Temple de Jérusalem, " la nuée remplit la Maison du Seigneur " (1 Rs 8,10). A la fin de l'Exil, Ézéchiel verra " la Gloire du Seigneur " revenir dans le Temple reconstruit (Éz 43,1-7).

Pour une âme biblique comme l'était Marie, les paroles de l'ange étaient lumineuses. Cette Présence divine, cette shekinah glorieuse qui avait reposé sur la Tente, rempli le Temple, habité le Saint des Saints, voici qu'elle venait demeurer et prendre forme humaine en son sein virginal. Saint Jean résumera en une phrase la scène de l'Annonciation : " Et le Verbe s'est fait chair et il a habité parmi nous et nous avons vu sa gloire " (1,14).