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2ème dimanche B}
 
 
{1 Samuel 3,3- 1 Corinthiens 6,13-15,17-20 - Jean 1, 35-42
 
     
 
L'Appel
 
     
 
19 janvier 2003
 
     
 
 

Qui n'a pas été délicieusement remué en écoutant le récit de l'appel du petit Samuel par Dieu ? Nous sommes dans le modeste sanctuaire de l'Arche, blotti dans les collines et les forêts d'Éphraïm. Il est gardé par un vieux prêtre, Élie. C'est à lui qu'il appartient de reconnaître la voix que l'enfant entend en pleine nuit.

Chargé de l'enfant d'Elqana et d'Anne, il suit et dirige son évolution avec autant de délicatesse que d'affection. Cette nuit-là est pleine d'appels et de pressentiments mystérieux. Comme si toutes les étoiles du ciel lançaient avec leur lumière un nom : " Samuel ! Samuel ! ". Le prêtre, habitué à consulter Dieu qui siège au-dessus de l'Arche, a la conviction que la voix entendue par l'enfant est celle du Seigneur. Il apprend Samuel à parler à son interlocuteur invisible : " Si on t'appelle, tu diras : Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ". Quel respect de la conscience de l'enfant ! Quelle intuition du mystère de l'enfant ! Dieu parle au coeur de beaucoup d'enfants. Il y a un secret entre Dieu et l'enfant, Dieu qui se fera tout petit enfant ! Il appartient aux éducateurs d'ouvrir les enfants à ces dialogues, d'en discerner la réalité et d'en respecter le secret.

" Que cherchez-vous ? "

Jean-Baptiste a désigné Jésus comme " l'Agneau de Dieu " à la foule qui le suivait. Deux de ses disciples, André et Jean, jeunes pêcheurs du lac de Tibériade, l'ayant entendu, suivent Jésus. Jésus se retourne et leur dit:

" Que cherchez-vous ? C'est la première parole de Jésus dans l'évangile de Jean. C'est la première question qui doit être posée à celui qui vient à Jésus, et qu'il doit lui-même tirer au clair. Cette question est posée à tout lecteur de l'évangile. Elle reviendra, avec une légère variante, à la fin de l'évangile. Jésus ressuscité apostrophera Marie-Madeleine en larmes : " Qui cherches-tu ? " La même question peut se poser ainsi : " Qu'attendez-vous de moi ? Pourquoi me cherchez-vous ? Au fond, qui cherchez-vous ? " Rappelons-nous la réponse que Jésus donna aux foules du lac: " Vous me cherchez parce que vous avez mangé du pain et que vous avez été rassasiés " Le commentaire de saint Augustin va très loin : " Vous me cherchez pour la chair et non pour l'Esprit. Combien rare est la recherche de Jésus pour lui-même ! Vous me cherchez pour autre chose que moi-même. Cherchez-moi pour moi ". N'avons-nous pas là un élément de réponse à la crise actuelle des vocations ? Quelle réponse donnent au Seigneur tant de jeunes qui entendent sa question : "Que cherchez-vous ? Qui cherchez-vous ? " N'arrive-t-il pas qu'en croyant le chercher, on se recherche ? Alors, faut-il s'étonner qu'on ne trouve rien ?

Où demeures-tu ?

Quand l'évangéliste écrit le récit de la vocation des deux disciples, les verbes qu'il emploie ont acquis une extraordinaire densité religieuse : chercher, trouver, passer, regarder, suivre, demeurer. Le portrait du vrai disciple de Jésus est tracé. Si Jésus est passé, s'est retourné, a regardé, a interrogé, a invité à venir voir, a introduit dans sa demeure, c'est pour signaler que seule une grâce prévenante de Dieu fait d'un homme le disciple.

L'essentiel pour le disciple est, cédant à la mystérieuse attraction, de découvrir où Jésus demeure afin de demeurer avec lui. Par la suite, il sera précisé avec insistance qu'il s'agit de K demeurer dans la parole de Jésus " (8,31), de " demeurer dans l'amour " de Jésus (15,9) comme lui-même demeure en nous (15,4-5). Une telle grâce ne peut venir que du Père (6,65).

Ainsi, le verbe demeurer exprime un aspect capital de la réponse de l'homme à la démarche de l'amour de Dieu en Jésus Christ. C'est le point d'aboutissement des deux disciples, de tout disciple, en recherche.

La suite du récit nous laisse insatisfaits. " Jésus leur dit : Venez et voyez. Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait et ils demeurèrent auprès de lui, ce jour-là N. Pourquoi pas plus de précisions ? Le Père Lagrange remarquait : " Quand nous voudrions tant savoir ce qui s'est dit, Jean le tait et insiste sur des minuties ". Oui, où allèrent-ils ? Où demeurait-il ? Que virent ils ? Que se dirent-ils ?

Autant de questions qui sont sans intérêt pour l'évangéliste. l.'important à ses yeux, c'est que les deux jeunes gens ont suivi Jésus, qu'ils sont enfin arrivés là où Jésus demeure et qu'ils demeurent avec lui. L'événement est volontairement dépouillé de ses extérieurs pour mieux dégager les lignes intérieures et définitives. C'est le portrait du disciple du Christ qui nous est offert. Suivre et chercher Jésus sont les deux conditions pour être disciple de Jésus ; le trouver et demeurer avec lui, c'est la récompense de ceux qui ont su le chercher et le suivre. Et quand on l'a trouvé, peut-on ne pas communiquer sa découverte aux autres ?