retour à la page d'accueil retour à la page d'accueil
retour à la page d'accueilarchives des homéliespetit germinal, informations pratiquesla vie de la communautédernières conférencesparticipez à germinal
retour page accueil homelies 2004 archives : 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1997
 
5ème Dimanche ordinaire B
 
 
Marc 1,29-39
 
     
 
Guérissant, chassant les esprits mauvais;
 
     
 
9 février 2003
 
     
 

Guérissant, chassant les esprits mauvais.

Nous suivons toujours de village en village le Jésus de Marc qui va au-devant de la foule, prêchant la Bonne Nouvelle, enseignant et guérissant les gens. Dimanche dernier, nous avons relevé la note personnelle de l'évangile de St Marc très sobre en langage. Quand Marc écrit, il retient ce que Pierre, son maître, a vu et non pas ce qu'il a écouté : il voit Jésus enseigner, guérir les gens. On aperçoit l'essentiel de ce que Jésus a enseigné à travers sa personne, ses gestes, à travers le comportement des gens qui le suivent. Ce sont des gens qui cherchent à sortir de leur angoisse, des multiples questions que pose la vie : la souffrance, la vie, la mort, le mal. Certains en arrivent à être déstabilisés comme possédés par l'esprit mauvais.

La première lecture nous propose le personnage type de la personne qui souffre. Il ne sait pourquoi la vie tourne ainsi pour lui. Le livre de Job nous fait connaître cet homme réduit à rien, touché dans son corps, dans son être jusqu'à proférer des malédictions sur cette "chienne de vie" qu'est la sienne. Combien de problèmes sur l'existence, sur la fragilité de la condition humaine s'est-il posés tout en refusant des réponses faciles ?

Job est la figure représentative de l'humanité antique et moderne. Face à cet homme meurtri, révolté qui, cependant, s'efforce de respecter quand même quelque chose qui tient encore debout et qu'il est incapable de dire, nous voyons Jésus qui aide les gens à retrouver la relation avec les autres. Il guérit.

Quand on souffre, on est seul. La souffrance est incommunicable. Elle isole l'homme dans sa propre souffrance. La venue de Jésus brise ce mur d'isolement de la souffrance humaine. Aujourd'hui, il s'est penché sur cette femme, belle-mère de Simon, pour la guérir de la fièvre comme il l'a fait déjà pour tant d'autres. Il a touché les lépreux, les possédés et à son contact, ils ont repris la force de vivre.

Guérir est le verbe qui revient plus de soixante dix fois dans les évangiles, sans compter les gestes qui guérissent sans recours à l'utilisation de ce verbe. "Jésus s'approcha d'elle, la prit par la main, et la fit lever". C'est le contact qui rassure et qui guérit. La belle-mère de Pierre n'a plus rien à craindre pour l'avenir de sa fille, même si elle est sûre maintenant que Pierre va tout quitter, même sa femme, pour suivre l'autre. C'est de la fièvre ou de la peur qu'elle est guérie ? Peut-être des deux.

Aussi, Job a-t-il besoin d'une explication de la souffrance, de cette maladie de la vie. Mais la souffrance n'est pas dans l'ordre de l'explication. Jésus n'est pas venu pour expliquer la souffrance. Sa mission est de guérir. Pour guérir ou être guéri, il faut prendre le mal à bras le corps. Jésus envoie ses disciples pour guérir avant d'annoncer la Bonne Nouvelle. Et pour être la Bonne Nouvelle, elle doit porter en elle la guérison pour ceux qui la reçoivent et l'écoutent.


La vie reste la seule maladie dont on ne puisse guérir. En guérissant un malade, on le rend, par-là même, apte à être atteint ultérieurement d'autres affections ; on crée un futur client pour la médecine. La guérison dont parle les évangiles vise la vie de l'homme dans sa profondeur.

Tous les appelés pour la Bonne Nouvelle doivent se laisser d'abord guérir par le message qu'ils ont à annoncer. Comment aller guérir les autres alors que le problème essentiel de l'homme reste encore caché dans son intérieur ? L'angoisse, on peut la camoufler sous des apparats qui peuvent donner une certaine assurance extérieure mais qui ne peuvent résoudre en rien le fond du problème. Il ne peut s'éclaircir que par la rencontre d'un désir de nous voir vivre sains et sereins. Pour Jésus, c'est le désir du Père, son projet de vie pour tous ses enfants. Seule la parole du Père peut nous rétablir dans une véritable sérénité.

Le message de Jésus est fait de la parole de Dieu. Il est écrit que " vivante, en effet, est la parole de Dieu, efficace et plus incisive qu'aucun glaive à deux tranchants, elle pénètre jusqu'au point de division de l'âme et de l'esprit, des articulations et des moelles, elle peut juger les sentiments et les pensées du cœur ". (1) Le messager qui reçoit cette parole de vie se sent libéré et guéri de toute peur, de toute phobie. Il voit en profondeur qui il est, qui sont les autres. La découverte de soi-même, celle des autres, est pour lui le signe de la découverte de Dieu. Il sait que Dieu sait qui il est.

Et c'est ainsi que Jésus a vécu la souffrance, en la dissociant du péché. La souffrance ne vient pas du péché. Elle nous fait toucher les limites de la condition humaine. Jésus y va jusqu'à l'intensité maximale, jusqu'au-delà de la souffrance pour se situer devant Dieu, Lui qui ne connaît pas de limites. Il guérit les gens de leur autonomie stérile. Ils se rendent malades en croyant pouvoir décider eux-mêmes le bien et le mal. En leur apprenant à se situer devant Dieu qui se tait et qui les regarde, Jésus les guérit.

Aujourd'hui, nous voyons Jésus tel que les disciples l'ont surpris en train de prier. Prière personnelle, nocturne, à l'écart de tous. Elle féconde ses paroles et ses actes. Elle transfigure les souffrances vécues, rencontrées, éprouvées. Il nous montre que plus un homme va loin en lui-même, plus il atteint jusqu'à la racine de son être, plus il augmente le poids de ses dires et de ses gestes.

L'homme qui ne prie pas "n'a plus de dedans", se prive de l'infini qui s'ouvre à lui. " Etre libre à l'égard de tous et de tout pour se faire le serviteur de tous ", est le signe de l'infini entré dans notre vie. Le messager de la Bonne Nouvelle est crédible quand on le voit comme le premier à vivre la parole qui guérit. D.L.

(1) Hébreux 4,12