retour à la page d'accueil retour à la page d'accueil
retour à la page d'accueilarchives des homéliespetit germinal, informations pratiquesla vie de la communautédernières conférencesparticipez à germinal
retour page accueil homelies 2004 archives : 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1997
 
{calendrier liturgique}
 
 
Exode 16 2-4;12-15 - Ephésiens 4 ,17, 20-24 - Jean 6,24-35
 
     
 
La parole qui prend corps et qui nourrit.
 
     
 
18ème Dimanche B - 3 Août 2003
 
     
 

 

Deux mille ans déjà nous séparent de ce rassemblement autour du Christ. St Jean construit son évangile avec des récits de rencontres successives d'hommes et de femmes que Jésus trouve sur son chemin. C'est la première fois qu'il parle de la rencontre avec la foule de milliers de gens. Pour rassembler autour de lui autant de gens, il fallait qu'il s'y passât quelque chose. Il guérissait les malades; les gens l'ont vu et l'ont suivi. St Jean a noté que c'était pour eux des signes.

Le besoin ou la faim des hommes n'a pas beaucoup changé au cours des temps. On a besoin de signes, de quelqu'un qui fait signe, le besoin d'être compris avant même celui de comprendre. Une parole qui évoque l'épreuve qu'on est en train de subir est d'emblée la bienvenue. Jeunes ou moins jeunes on se rassemble volontiers en foule, pour écouter un chant, pour assister à une scène de vie où tout ce qu'on a dans le coeur s'y retrouve. Les paroliers des chants devenus célèbres sont riches des complaintes de notre temps.

" Dieu est mort, Nietzsche est mort,
Prends ma main, camarade, j'en ai besoin. " (Noir Désir)

Le temps de festivals d'été est révélateur du besoin de l'homme d'être mentionné, même au prix de devenir un anonyme de la foule. La publicité moderne possède l'art des faiseurs de signes. Les besoins de l'homme sont exploités, flattés jusque dans les détails de leurs secrètes attentes. Alors, pour être efficaces, les signes apparaissent et défilent en quelques secondes pour tenir en laisse l'imagination des autres. Jésus n'a pas besoin du don de séduire la foule. La foule comme foule est anonyme comment l'atteindre, comment lui faire entendre un message spirituel ? Aimer la foule, les personnes qui figurent dedans, c'est se mettre en recul, à distance. Alors, écrit St Jean, Jésus se retira, tout seul, dans la montagne.

Homme de relation, il aime bien être au milieu des gens, tout en gardant la part de silence et de solitude. Dans le brouhaha, il est le seul à penser que les gens ont faim. Tous les détails vivants de ce récit sur le partage du pain, à partir de cinq pains d'orge et deux poissons, St Jean les a tous utilisés pour dire que son maître est conscient de la vraie faim de l'homme.

Il a pu voir comment le Christ les a pris en considération et les a aidés à aller au delà des besoins immédiats. Ils ont vu des signes, mais c'est difficile, pour tous, de passer de l'intérêt immédiat à la vie qui guérit la faim intérieure, plus tiraillante encore: " Ne travaillez pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle. " Jésus attend que les gens écoutent sa parole comme " le pain de la vie ".

D'un bout à l'autre, Jésus ne cesse de conduire la foule vers son Père, vers l'autre face de la réalité, à partir de ce qu'ils ont à vivre tous les jours. De la nourriture terrestre, nous voici élevés à la nourriture qui ne périt pas. Le signe à retenir n'est pas le pain multiplié pour des milliers de personnes. L'important c'est que des milliers de personnes peuvent se rassembler autour de lui pour l'écouter, pour découvrir avec lui la vie qui est en eux, comme une évidence à peine aperçue. Ils s'apercevront qu'ils sont des vivants. La vie donnée en eux n'est pas un secret inaccessible, mais comme la présence même qu'ils éprouvent sans cesse, comme cette réalité vivante en quoi il s'éprouve, comme leur propre existence, unique et aimée de Dieu. C'est l'essentiel de la mission de Jésus, Parole de vie qui réveille la vie endormie en nous, capable de tout recevoir.

C'est de cette écoute que nous pouvons connaître ce qu'il faut faire pour travailler aux oeuvres de Dieu. L'enseignement du Christ est à la fois direct et clair. Qui désire quelque chose de lui doit savoir que c'est lui-même qu'il a à recevoir. C'est lui-même qui est ce que l'on cherchait. En des situations différentes, il a dit ce qu'il est pour le monde : " le Pain de la vie ", " le Bon Pasteur ", " la porte des brebis ", " la résurrection et la vie ", " la vraie vigne ", " la Lumière, la vérité, la vie, le chemin. Fils de Dieu. "

Le vrai miracle est le signe qui dit qu'à partir d'un besoin ordinaire de la vie, le Christ nous a fait vivre les valeurs les plus profondes qui constituent l'homme et la communauté humaine. Ce n'est pas pour un morceau de pain que des cathédrales, des églises, des chapelles ont été construites de par le monde. C'est pour une présence qui parle, qui est là et qui sera là toujours jusqu'à la fin des temps, comme la nourriture qui alimente la vie.

Nous savons qu'il y a bien d'autres dons dans la vie que le pain ou le vin, il y a le coeur de l'homme. De ce lieu que l'Esprit de Dieu prend comme son temple, nous pouvons nous élever jusqu'à la vie intime en Dieu en écoutant en mangeant la Parole de Dieu qui prend corps, pour nous faire connaître le Père, L'aimer, L'adorer, à partir de tout ce qui fait partie de notre vie, de cette terre.

D.L.