retour à la page d'accueil retour à la page d'accueil
retour à la page d'accueilarchives des homéliespetit germinal, informations pratiquesla vie de la communautédernières conférencesparticipez à germinal
retour page accueil homelies 2004 archives : 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1997
 
{calendrier liturgique}
 
 
1 Rois 19,3-8 - Ephésiens 4,30-5,2 - Jean 6,41-51
 
     
 
Le pain pour le mal de vie.
 
     
 
19ème DIMANCHE B - 10 août 2003
 
     
 

 

     Qui ne connaît, en ce temps de repos, mais aussi de solitude, la fatigue et l'ennui, le mal de vie ? Derrière nous, tout nous pousse vers le vide. Devant nous, tout s'assombrit et se bouche. Nous revivons les heures noires d'Élie. Frappé de cafard à mort, les nerfs du prophète craquent. A quoi bon tant de zèle ? A quoi bon lutter à contre-courant ? Pourquoi Dieu donne-t-il ou tolère-t-il tant de succès à l'exécrable Jézabel, la femme du roi Achab et la mère d'Athalie ? Épuisé sur les sentiers du désert, plus seul que jamais, Elie se laisse tomber : " Seigneur, c'en est trop ! Reprends ma vie ".

     Et voici qu'un ange le toucha. Dieu ou ange de Dieu est invisible. L'ange, c'est la main de quelqu'un tendue au moment difficile de la vie. Le geste humain à un tel moment de la vie vaut bien un pain ou une cruche d'eau. On gagnera à lire la suite, l'expérience d'Elie le poussera à reprendre sa mission, un moment interrompue par son cafard. (1 R 19,9-15). Réconforté par cette nourriture de compassion et de sympathie, il exprime le besoin de l'homme devant l'appréhension de la vie qui fait dire à Jésus: " Si quelqu'un mange de ce pain que moi je donne, il ne mourra pas, dans le désert de la vie, il vivra éternellement ".

     Jean ne parle plus à la foule comme il le faisait encore quelques versets plus haut; on dirait que cette foule a viré, qu'elle s'est muée en ces Juifs, mot que l'évangéliste utilise pour désigner ses opposants, particulièrement les chefs du peuple.

    L'inouï de l'affirmation de Jésus: "Je suis le pain de vie descendu du ciel" ces Juifs l'ont bien saisi maintenant. Pour eux, l'énormité de la prétention d'être le pain descendu du ciel ne convient pas à ce fils de Joseph. Il descend du ciel? On connaît bien son père et sa mère! Nazareth n'est qu'à quelques dizaines de kilomètres. Comment alors " celui-là - notez le mépris de ce mot - ose-t-il revendiquer une origine céleste ? " L'objection reviendra souvent Celui-là, nous savons d'où il est ; quand le Messie viendra. Personne ne saura d'où il est " (7,27). Mystère de la personne, de l'origine, de l'autorité de Jésus ! " D'où est-il ? La manie des hommes fouille le côté banal de l'autre pour le rabaisser quand il arrive à faire quelque chose de bien.

     Il est vrai, le seul bon sens cale ici. Pour atteindre le surnaturel, la nature n'a pas d'échelle. Il faut une aide, une grâce. Depuis le début du discours, Jean a en vu l'Eucharistie, mais, en excellent messager de l'Evangile, il progresse lentement. Le pain fut d'abord les galettes multipliées ; puis la foi qui permet de se nourrir de la Parole de Dieu ; puis la personne de Jésus descendue du ciel. Nous voici à l'avant-dernier acte de la révélation : " Le pain que je donnerai, c'est ma chair, pour la vie du monde ".

     La phrase donne sur une ouverture. S'agit-il de l'Eucharistie ou de la crucifixion ? Avant parler d'une façon plus claire, Jésus déclare que, pour devenir le Pain vivant, la Parole qui prend corps et qui nourrit, il lui faudra passer d'abord par la mort. Sa mort aura la valeur de passage : sa chair " pour la vie du monde. " Ceci est mon corps livré pour vous, mon sang versé pour vous. Il n'est d'autre accès à Dieu que par Jésus. Jésus le donne par le geste du plus grand amour. Le prêtre et le chrétien qui font le Mémorial du Seigneur redisent les mêmes mots dans deux sens. Il y a aussi leur corps, leur sang, à donner et à verser pour le Seigneur. Nous sommes initiés à faire le geste humain de Dieu : tendre la main, tendre la vie.

    Jésus parle de vie, mais de vie éternelle. Je le ressusciterai au dernier jour. Déjà, les thèmes de la dernière Cène se font entendre. Ma chair, mon corps donne, livré pour vous pour que le monde ait la vie.

     Un évangile dense. Jean ne se lit pas comme un roman dont il suffirait de tourner les pages. Essayez. Vous ne saurez plus, à la sixième phrase, ce que disait la première. Ces versets font l'effet de gouttes d'eau lourde qu'il faut laisser tomber lentement dans le creux du coeur pour les savourer. Alors ce sera la divine rencontre. Il ne peut plus avoir d'amertume, d'emportement, de conflit. Paul propose générosité, tendresse, pardon mutuel. Quelle communauté ne s'interrogera pas sur la dignité, l'harmonie de ses membres marqués de l'Esprit Saint, enfants de Dieu, sur l'amour, le pardon mutuel qui en sont la belle conséquence ?

L'Arcane

     L'Eucharistie est une folie, une folie de l'envie d'être toujours présent à l'autre. On ne peut donc la comprendre que si l'on aime. Aussi les premiers chrétiens n'en parlaient-ils aux catéchumènes qu'après le baptême, qu'après qu'ils eussent reçu la foi au Christ. Nous trouvons des traces de cette pratique, dite la discipline de l'arcane (du secret), dans le Credo où il n'est pas question (explicitement du moins] de l'Eucharistie. C'est que le Credo était donné et appris avant le baptême, l'Eucharistie était expliquée et donnée après. Jésus lui-même, dans le discours sur le pain de vie que nous lisons en ces dimanches, ne demande-t-il pas d'abord la confiance en sa personne (Jn 6,24-47; 18e et 19e dimanche.) avant de révéler son eucharistie (Jn 6,48-60; 20e et 21e dimanche)?

D.L.