Quel contraste entre la première lecture de ce dimanche et l'évangile! A Sichem, le peuple d'Israël, avec une unanimité impressionnante, a choisi Dieu contre les idoles : "Plutôt mourir que d'abandonner Dieu pour servir d'autres dieux!"

A Capharnaüm, en pleine synagogue - le lieu n'est pas indifférent pour l'évangéliste -, la masse d'Israël renonce à voir en Jésus de Nazareth ce Messie qu'elle avait mission d'accueillir et de faire connaître dans le monde entier: " Ce qu'il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l'écouter!" Et c'est la grande défection : " A partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s'en allèrent et cessèrent de marcher avec lui ". On est loin des premiers enthousiasmes et des emballements populaires à la vue des miracles…

C'est tout le drame d'Israël. C'est aussi tout le drame du quatrième évangile. Aussi est-il " le plus moderne et le plus existentiel des évangiles (J. Guitton). II évoque le problème de la liberté humaine face au mystère de Celui qui se proclame le Fils de Dieu. Le génie de l'évangéliste est de rendre Jésus contemporain de tout homme, de placer chacun devant la personne de Jésus de Nazareth. Quelle est ma réponse, aujourd'hui, à sa question? " Voulez-vous partir, vous aussi ? "

Dans ce choix, devant lequel les apôtres sont placés, se jouent leur avenir et celui de l'Église. Les apôtres, par la bouche de Pierre, ont opté pour le Christ. Ils ont continué de " marcher avec lui ", en qui ils ont reconnu le Messie, " le Saint de Dieu ". Pour eux, cependant, tout n'était pas joué pour autant. L'heure de la trahison, du reniement et de l'abandon était encore à venir ! Néanmoins, ils ont pris parti pour l'Évangile. Ils savent " en qui ils ont mis leur foi " (1 Tm 1, 12), même s'ils ne savent pas tout. Ils ont choisi : " À qui irions-nous ? "

La profession de Pierre va à la source de la foi chrétienne. " Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous , nous croyons que tu es le Saint, le Saint de Dieu." Son enseignement est à prendre car il vient de l'Envoyé de Dieu. Depuis deux millénaires les paroles avaient été prononcées sur le pain et le vin, il y a toujours des hommes et des femmes de toutes les générations et de toutes les cultures différentes qui participent à sa mort et sa résurrection, et se laissent consumer. Le mangeur changé en ce qu'il mange, l'enseigné en ce qu'il apprend. " L'humanité entière depuis Adam, dit Saint Augustin, est la vie d'un seul homme en multiple morceaux répandus sur la terre.

La Parole de Vie donnée par Jésus est la source d'une civilisation de Présence. Elle ne nous interpelle pas seulement de la façon où il était dit : "Où est ton, frère?"; mais elle nous présente tout homme comme un frère à découvrir, grâce à son geste : "ceci est mon corps livré pour vous".

D.L.