On a pu relever très vite que St Marc est le seul des quatre évangélistes qui a retenu pour nous cette guérison d'un sourd bègue. A travers des détails si précis et si évocateurs, on reconnaît les souvenirs personnels de St Pierre qui fut le témoin émerveillé de l'événement et qui l'a raconté à son disciple, St Marc. On sait que son évangile est écrit en grec et voilà que pour la deuxième fois, il y a cette parole mystérieuse rapportée en araméen : Effata, : ouvre-toi ! La première fois, c'est au chapitre 5, verset 41 : " Talita Koum ", " lève-toi ! "

Nous naissons dans un monde où tant de choses, d'événements nous assaillent. Rester clos chez soi est l'instinct de survie. L'éducation, la culture sont des propositions d'ouverture à des valeurs qui élargissent l'homme à la dimension de l'univers qui l'entoure sans qu'il en soit aliéné. La parole du Christ, Effata, nous délivre de nous-mêmes donnant plus de consistance à notre personnalité et nous ouvre à la communauté des hommes, à Dieu.

Etre religieux selon la Bible, c'est rester ouvert, se tenir disponible à la communication avec les autres, pouvoir leur dire des non-dits. C'est la disposition intérieure de l'homme. On comprend alors la discrétion de Jésus qui mène le sourd-muet à l'écart pour le guérir hors de la foule. Il a eu l'initiative du geste. Quand c'est l'Homme qui porte la communauté humaine à sa stature d'éternité, son geste est universel et laisse à chacun l'imagination d'en faire d'autres qui viennent à la rescousse de ceux qui en ont besoin.

La portée du geste de Jésus traverse les siècles, à travers les langues, les cultures comme le témoignage de la présence et le partage du Fils de Dieu à la vie des hommes. Effata : ouvre-toi ou Talita Koum : Lève-toi, ces paroles redonnent bien le mystère et l'enseignement de Jésus. Par ces contacts, il a donné à tous nos vécus humains au quotidien la dimension qui touche Dieu et les hommes. Les rencontres du Christ dans les évangiles vont aux païens jusqu'aux plus démunis de la terre, aux lépreux, aux aveugles, aux handicapés, aux sourds-muets, à ces gens considérés comme des pécheurs publics. Le dialogue établi, chacun peut retrouver la dignité, la richesse qui lui manque.

D.L.