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5ème dimanche de Pâques B |
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Actes
des apôtres 9,26-31 - Jean 3,18- 24 - Jean 15,1-8
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La vigne
et les sarments
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18 mai 2003
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Dans les
quatre évangiles, chaque fois que Jésus parle de la relation
qu'il a avec son Père, ou de la relation qu'il entretient avec
ses disciples, il utilise les paraboles évoquant la croissance
par des images organiques. Le royaume de Dieu est semblable à
ce grain de sénevé. Après les semailles, l'homme
attend ce qu'il adviendra des graines et ne les verra croître
qu'au fil des jours. La semence germe et pousse sans son intervention
interne. Tout ce qu'il a à faire c'est de préparer le
terrain.
Les paraboles atteignent le sommet quand nous arrivons à
l'image de la vigne. Ici, St Jean a retenu pour nous un mot important
qui révèle le secret suprême, la révélation
stupéfiante: le lien qui unit Jésus à ses disciples
est de même nature que celui qui unit le Père au Fils.
C'est le même courant vital, la même sève, le même
amour. Cette image de la vigne nous initie au rôle de Jésus
dans notre vie, dans la vie de l'Eglise. Il nous est possible de grandir, et de grandir encore. La vie de chacun est l'histoire du cheminement de la sève qui coule dans nos veines. La vie de Dieu se développe lentement en nous, en débarrassant, jour après jour, tout obstacle à la montée du flux d'éternité. Nous sommes en fait les seuls êtres vivants dans cet univers à pouvoir prendre conscience de ce flux d'éternité qui nous imprègne et circule en nous. Nous pouvons méditer sur notre présence dans le monde, notre destinée. Reliée à Dieu, notre vie est appelée à croître et devenir féconde. Et quelle merveille que de découvrir en nous, les rameaux, l'aptitude de porter les fruits produits par la sève que nous communique le tronc, Jésus. Nous réalisons les dimensions qui nous dépassent. Nous avons ainsi la mission de vivre notre relation à Dieu comme la vie qui coule en nous. " Demeurer" dit Jésus. Le mot a été dit déjà depuis deux mille ans. Et nous ressentons son écho aussi vivant que la réaction instinctive qui se déclenche en nous, quand nous nous trouvons dans un milieu où nous sommes aimés, connus. On y demeure. On y vit. Est-il nécessaire de commander à quelqu'un de demeurer dans un lieu où il a trouvé l'amour, la vie, tout son être? Pourtant Jésus l'a dit. On trouve ce mot "demeurer" une centaine de fois dans tous les écrits de St Jean, lui qui a posé sa tête contre le coeur de Jésus. En insistant sur la nécessité de " demeurer ", le Christ sait qu'il n'est pas évident d'avoir toujours une vie calme, facile. Nous passons souvent des moments de joie à des moments de peine, des moments où nous sentons vivement la fragilité de tout dans la vie. Il y a un temps pour tout : un temps pour naître, un temps
pour mourir ; un temps de guerre, un temps de paix, dit le Qohélet.
Après avoir parcouru toute la Bible où il y a tant de
bouleversements, de tourments...quelle grâce que d'écouter
le mot qui guérit : " Demeurer. " La meilleure explication de ce passage de l'évangile de St Jean sur la vigne véritable et les sarments est ces quelques lignes da sa première lettre. " Frères, devant Dieu, nous apaiserons notre coeur, car même si notre coeur venait à nous condamner, Dieu est plus grand que notre coeur, et il connaît tout. " Et la meilleure prière inspirée de cette pensée de St Jean est celle de Ste Thérèse d'Avila.: "Seigneur, tu connais tout. Tu peux tout. Et tu nous aimes." Après quoi, faut-il nous dire encore: " N'ayez pas peur?"
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