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Epiphanie 2003
 
 
Isaïe 60,1-6 - Éphésiens 3,2-3,5-6 - Matthieu 2,1-I1
 
     
 
Epiphanie de Jérusalem
 
     
 
5 janvier 2003
 
     
 

Utopie ou Prophétie ? La question se pose dès qu'on écoute ce prestigieux destin de la cité de Sion annoncé par les prophètes, et défiguré par les actualités, avec des images atroces de guerre quotidienne. Alors que Jérusalem d'aujourd'hui entouré de nouveau mur de séparation, que plus d'un appellent déjà " mur de honte ", comment peut-elle incarner la vocation de l'humanité, comment peut-elle vivre sa vocation d'être le coeur de l'histoire du salut : " Lorsque j'ai tendu les cieux et fondé la terre, j'ai dit à Sion : Tu es mon peuple " (Is. 51,16). " Surgis, surgis, ô Sion, revêts-toi des habits de splendeur, Jérusalem, ville de la sainteté ! Rayonne, Jérusalem ! " (Is 52,1 ; 60,1).

Fort des annonces répétées, espoir contre tout espoir, des prophètes autant que des célébrations de l'Eglise à travers de siècles, Jérusalem reste pour le monde entier la Cité de Dieu et capitale des croyants, esplanade du rassemblement et de la résurrection des hommes, phare du cosmos. Malgré ses 35 sièges et destructions, malgré ses humiliations et profanations, ses infidélités, Jérusalem ne cessera de ressusciter et de resplendir.

Nous rêvons de paix en pensant à la cité labourée par les guerres. Cette paix ne peut venir que de cet enfant de Noël. Nous rêvons d'unité : née, avec David, sous le signe de l'unité, malgré ses déchirures, Jérusalem grâce cet enfant, elle sera la cité du rassemblement universel. Nous rêvons de fraternité : elle est la mère universelle. Partant pour la Terre Sainte, Paul VI disait : " Nous revenons à Jérusalem, mère de toutes les églises, centre du monde et qui ne cesse de fasciner les hommes parce que là le monde a rencontré son Seigneur ".

L'Étoile et le Livre.

Comme on aime bien, comme toujours d'avoir plus de détails sur le récit des mages ! Mais ceux qui écrivent les évangiles, et qui sont restés vagues, ne serait-ce pas parce qu'ils n'en savaient pas plus que nous ? Comme nous restons plus friands de merveilleux et d'apocryphes que de foi vraie ! L'essentiel, pour Matthieu, dans son récit des mages, c'est que l'enfant de Bethléem est le Sauveur universel : " Beaucoup viendront de l'Orient et de l'Occident " (Mt 8,11).

Dès qu'un homme entre en ce monde, une petite étoile, " son Étoile ", s'allume en son ciel intérieur. Elle est un discret appel et en même temps un attrait mystérieux pour partir à la recherche du Sauveur. A tout homme, si enfoncé soit-il dans la nuit, si loin se croit-il de Dieu, " son Étoile ", un jour ou l'autre, finit par briller. Aura-t-il le courage de la suivre jusqu'au bout ?

Il faut savoir lire les étoiles. Or il est un livre qui nous explique le mystère de cette étoile que les mages virent se lever aux bords mystérieux du monde oriental. Pour que nous ne nous égarions pas dans un faux mysticisme ou une astrologie magique, Dieu a daigné mettre par écrit sa pensée et son projet. Il nous a donné son Livre: la Bible. Peu à peu, le peuple de sa Parole (" Écoute, Israël ") est devenu le peuple de son Livre (" Scrute les Écritures "). Matthieu qui écrit l'Evangile pour ses compatriotes, excellent bibliste, nous montre les mages entrant dans la capitale du Livre, Jérusalem, et jetant l'émoi par leur demande : " où est né le roi des Juifs ? " Aussitôt, les spécialistes du Livre se précipitent sur les rouleaux sacrés. Ils lisent la réponse, mais ils ne voient pas l'Étoile.

Les mages avaient l'Étoile, les scribes avaient le Livre. Pour trouver le Christ, il faut avoir les deux. L'Étoile et le Livre, l'Esprit et l'Écrit se compénètrent pour nous guider vers l'enfant de Bethléem. S'ils n'avaient eu que la seule étoile, les mages seraient-ils arrivés ?

Guidés par l'Étoile et l'Écriture, les mages ont atteint la cité messianique, Bethléem (Mi 5,1). " Entrant dans la maison, ils virent l'enfant avec Marie, sa mère ". Quelle est cette maison que désigne une étoile, " son Étoile " ? Que voient les mages dans " la maison " ? L'enfant, le Fils unique - avec Marie, sa mère. Il est étonnant que Matthieu, qui donne un tel relief à Joseph dans l'évangile de l'enfance, ne le mentionne pas. Marie est présentée dans la lumière et la dépendance de l'enfant : d'abord l'enfant, puis sa mère, les deux englobés dans le même mystère. Notation discrète, mais ne souligne-t-elle pas que l'Église de Matthieu, vers 70, célébrait dans le même mystère " l'enfant avec Marie, sa mère " ? Nous saisissons ici le premier germe du culte marial.

Ne nous laissons pas éblouir comme des papillons par les lumières d'une Épiphanie trop triomphaliste. Dans sa lettre aux Éphésiens, Paul nous invite à réfléchir personnellement sur notre grâce et notre place dans le plan divin de salut. " Vous connaissez la grâce que Dieu, pour réaliser son plan, m'a accordée à votre intention ". Mais quelle est ma place à moi dans ce dessein d'amour au bénéfice de mes frères ? Cette question exige de ma part une réponse. L'Épiphanie ne saurait être pour moi un désir du " gâteau des rois " avec la fève, ni même l'objet d'une belle envolée sur le devoir missionnaire de l'Église. Je me trouve à tel endroit, avec telles aptitudes, en tel milieu. Ce que j'ai reçu au baptême, je l'ai reçu au bénéfice de mes frères. Tant que je ne me serai pas sérieusement engagé sur ma voie, je gaspille les dons de Dieu et je déçois mes frères.

Nous prétendons avoir découvert le mystère, à savoir que tous les hommes doivent être évangélisés. Pourquoi alors suis-je tellement réservé ou critique face à l'engagement concret missionnaire ? Nous avons élaboré des théories nombreuses sur le salut des incroyants. Mais ne nous est-il pas échappé un tout petit détail mentionné par Paul : " Par le moyen de l'Évangile " ?