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Noël 2002
 
 
Luc 2,1-14
 
     
 
Noël, Engendrer, Naître
 
     
 
25 décembre 2002
 
     
 

Nous sommes invités à entrer dans le Grand Mystère que le monde entier célèbre en cette nuit. Et nous y sommes par l'émerveillement que donne l'écoute du récit de l'évangile de Saint Luc. Tout ce qu'il raconte n'est que luminosité, fluidité et avec quelle fraîcheur de source et d'inspiration. On ne sait si les parents, spécialement les mamans qui aiment leurs enfants pourraient leur raconter la naissance de chacun avec autant de mémoire. On peut se demander qui donc raconte ainsi ces souvenirs, Saint Luc ou la Mère du Seigneur ?

Sans doute, l'un a rédigé la mémoire fascinante, la mémoire méditée dans le coeur de l'autre, celle de la mère qui a tout retenu dans son coeur. Mais on y trouve aussi les traces des premiers chrétiens, tout émerveillés encore du récit de la rencontre du Seigneur mort et ressuscité. Ils se penchaient sur le berceau du Seigneur, le contemplaient dans la lumière nouvelle, jaillie de son Corps de Ressuscité. Tout le récit est rayonné de cette lumière de Pâques. C'est aussi le privilège qui nous est donné en cette nuit, de célébrer Noël, en la présence de Celui qui nous a promis qu'il est là jusqu'à la fin des temps, au milieu de nous.

Mais l'heure du moment était tout autrement dramatique. La puissance de Rome pesait lourd sur cette terre de Palestine.C'est frappant le contraste que l'évangile évoque dès le début du récit, entre la capitale du monde où règne César et la cité de David où naît Jésus, entre le palais posé avec orgueil sur le Palatin au dessus de Rome et ce "trou sous terre" qu'est la grotte de la Nativité. Ce contraste n'est que le décor pour nous introduire aux merveilles de Dieu.

Le grand Mystère que nous vivons en cette nuit proclame l'enfant de Bethléem comme la Parole créatrice, le Verbe de Dieu. Plus qu'un simple son vocal, le verbe est le mot qui donne le sens à la phrase construite. Le Verbe est le mot en action. Je. Je quoi ? Je vois, j'écoute, je comprends. Les verbes voir, écouter, comprendre ont mis le "Je" en action.

Au moment où rien n'existe encore, le Verbe est pour nous comme le Frémissement du Mystère de Dieu. C'est la Parole qui va en s'amplifiant dans le désert de notre monde pour nous faire vibrer de la présence de Dieu. Tout est caché dans l'enfant comme le verbe à mettre dans la phrase. Et la Parole se fait entendre à ceux qui ont le désert dans leur coeur, une phrase à finir. Chacun peut s'apercevoir qu'il y a une voix qui parle à son intérieur, même un enfant.


La Parole, en hébreu se dit " Davar ". Et le désert, Midvar, le lieu " hors de la parole ", le désert, le lieu sauvage, sans vie qui attend une parole. Par la parole qui crie, le désert va de la voix au réel. Le désert est le vide à partir duquel Dieu appelle à la vie tout ce qui existe dans l'univers. Il dit : " que la lumière soit, et la lumière fut. "

Noël, c'est l'histoire de cette Parole créatrice qui se fait Enfant, le " non-parlant ", in-fans, la Parole qui ne fait pas de bruit. Née d'une mère que l'Esprit de Dieu a couverte de son ombre, elle fait fleurir le désert. Avez-vous entendu autour de vous le gémissement des déserts ? Désert d'absence de culture, humaine, religieuse, désert de mémoire où l'homme n'a aucun repère pour savoir d'où il vient, ni où il va. Il se croit comme une évidence, venu de nulle part. Le plus osé voit même l'évidence comme la nausée.

" Et pourtant, rien de ce qui existe ne s'est fait sans le Verbe de Dieu. " Et lorsque le Nom, Béni-Soit-Il, voulut créer le monde, il n'y avait pas de place pour le créer, car le tout était infini, tout ne peut être que Dieu. De ce fait, le Seigneur contracta (Tsimtsèm) la "lumière" sur les côtés. Et par l'intermédiaire de ce retrait (Tsimtsoum) se forma un "espace vide" (Hallal hapanoui). Et à l'intérieur de cet "espace vide" sont venus à l'existence, les jours [le temps] et les mesures [l'espace] qui constituent l'essentiel de la création du monde - ainsi qu'il est mentionné au début du livre de la Genèse en son début. "*Le livre Brûlé

Cet " espace vide" était nécessaire existentiellement pour permettre à toutes choses d'exister sans être Dieu. Sans cet "espace vide", il n'y aurait eu aucune place pour la création du monde comme on vient de le dire. Dieu laisse ainsi, à nous, au monde, la grâce d'exister, si pleinement qu'il semble absent.
Par la Parole qui est à l'origine de tout et qui exprime la pensée, le désir, le projet de Dieu, le vrai visage de l'homme apparaît. Il a les traits de la Parole de Dieu. Désormais, par la Parole de Dieu qui s'est faite chair en Jésus, nous pouvons entrer en communion avec le Dieu qui se retire en lui-même, inaccessible, imprononçable. Le Dieu trois fois saints du Premier Testament se laisse rencontrer à travers la chair de la femme qui a donné à son Verbe sa lignée de sang.

La merveille de cette nuit que nous raconte St Luc ce n'est pas de nous dire que Dieu existe. Il nous montre qu'Il est là. Il ne faut pas avoir peur ! Les anges ont relevé pour nous le signe qui authentifie la Présence de Dieu: l e bébé " emmailloté, couché dans un mangeoire". Il y avait donc quelqu'un qui était là avant que l'Enfant-Dieu arrive. Le seul mot "emmailloté" fait découvrir tout l'amour le silence et l'attention de sa mère. Elle avait tout pensé, tout préparé pour l'arrivée de son enfant. " Il est né le Divin Enfant ". Avec ce Nouveu Né, Naître, n'est plus une condamnation à mort, ni une réalité à vomir. Naître, c'est recevoir le Béni-Soit-Il et tout son univers en cadeau. Il faut créer beaucoup de vide en soi pour naître au recevoir. Et rien n'est plus proche de l'absolu qu'un amour en train de naître. D.L.