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19ème dimanche B} |
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{references
bibliques}
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Le Pain,
Porteur de la Parole
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13 août2006 |
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La liturgie de la Parole puise l'actualité de la Parole de
Dieu dans l'Histoire d'Israël considérée comme
l'Histoire Sainte. L'Histoire Sainte est close mais l'histoire d'Israël
est toujours là au premier plan de l'actualité. Les
membres du Comité International n'arrivent pas à s'entendre
à propos d'une résolution stable pour la paix. L'avenir
est assombri pour Israël, pour Liban, pour toute la région.
Nous revivons les heures noires d'Élie. Frappé de cafard
à mort, les nerfs du prophète craquent. A quoi bon tant
de zèle ? A quoi bon lutter à contre-courant ? Pourquoi
Dieu donne-t-il ou tolère-t-il tant de succès à
l'exécrable Jézabel, la femme du roi Achab et la mère
d'Athalie ? Épuisé sur les sentiers du désert,
plus seul que jamais, Elie se laisse tomber : " Seigneur, c'en
est trop ! Reprends ma vie ". Et voici qu'un ange le toucha. Dieu ou ange de Dieu est invisible.
L'ange, c'est la main de quelqu'un tendue au moment difficile de la
vie. Le geste humain à un tel moment de la vie vaut bien un
pain ou une cruche d'eau. On gagnera à lire la suite, l'expérience
d'Elie le poussera à reprendre sa mission un moment interrompue
par son cafard. (1 R 19,9-15). Réconforté par cette
nourriture de compassion et de sympathie, il exprime le besoin de
l'homme devant l'appréhension de la vie qui fait dire à
Jésus: " Si quelqu'un mange de ce pain que moi je donne,
il ne mourra pas, dans le désert de la vie, il vivra éternellement
". Il est vrai, le seul bon sens cale ici. Pour atteindre le surnaturel,
la nature n'a pas d'échelle. Il faut une aide, une grâce.
Depuis le début du discours, Jean a en vu l'Eucharistie, mais,
en excellent messager de l'Evangile, il progresse lentement : d'abord
le pain, ces galettes multipliées, la foi qui permet d'écouter
celui qui parle, puis la personne de Jésus descendue du ciel.
Nous voici à l'avant-dernier acte de la révélation
: " Le pain que je donnerai, c'est ma chair, pour la vie du monde
". La phrase donne sur une ouverture : s'agit-il de l'Eucharistie ou
de la crucifixion ? Avant de parler d'une façon plus claire,
Jésus déclare que, pour que le Pain devienne vivant,
la Parole qui prend corps et qui nourrit, il lui faudra passer d'abord
par la mort. Sa mort aura la valeur de passage : sa chair sera "
pour la vie du monde. " Ceci est mon corps livré pour
vous, mon sang versé pour vous. Il n'est d'autre accès
à Dieu que par Jésus. Jésus le donne par le geste
du plus grand amour. Le prêtre et le chrétien qui font
le Mémorial du Seigneur obéissent à la consigne
du Seigneur, rendent leur pain porteur de la Parole vivante qui veut
qu'il soit là dans la pain partagé et le vin bu ensemble.
Il y a aussi leur corps, leur sang, à donner et à verser
pour le Seigneur. Nous sommes initiés à faire le geste
humain de Dieu : tendre la main, tendre la vie. L'évangile de St Jean est dense. Il ne se lit pas comme un
roman. Quand on commence, on ne sait plus, à la sixième
phrase, ce que disait la première. Ces versets font l'effet
de gouttes d'eau lourdes qu'il faut laisser tomber lentement dans
le creux du coeur pour les savourer. Alors ce sera la divine rencontre.
Il ne peut plus y avoir d'amertume, d'emportement, de conflit. Paul
propose générosité, tendresse, pardon mutuel.
Quelle communauté ne s'interrogera-t-elle pas sur la dignité,
l'harmonie de ses membres marqués de l'Esprit Saint, enfants
de Dieu, sur l'amour, le pardon mutuel qui en sont la belle conséquence
? L'Eucharistie est une folie, une folie de l'envie d'être toujours
présent à l'autre. On ne peut donc la comprendre que
par amour. Aussi les premiers chrétiens n'en parlaient-ils
aux catéchumènes qu'après le baptême, qu'après
qu'ils eussent reçu la foi au Christ. Nous trouvons des traces
de cette pratique, dite la discipline de l'arcane (du secret), dans
le Credo où il n'est pas question (explicitement du moins]
de l'Eucharistie. Le Credo est l'enseignement préliminaire
donné et à apprendre avant le baptême. l'Eucharistie
est expliquée et donnée après. Jésus lui-même,
dans le discours sur le pain de vie que nous lisons en ces dimanches,
ne demande-t-il pas d'abord la confiance en sa personne (Jn 6,24-47;
20ème et 21ème dimanche.) avant de révéler
son eucharistie (Jn 6,48-60; 20e et 21e dimanche)? |
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