retour à la page d'accueil retour à la page d'accueil
retour à la page d'accueilarchives des homéliespetit germinal, informations pratiquesla vie de la communautédernières conférencesparticipez à germinal
retour page accueil homelies 2006 archives : 2005 2004 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1997
 
23ème dimanche B }
 
 
Is;35,4-7a - Jc 2,1-5- Mc; 7,31-37
 
     
 
"Effata"!
 
     
 
10 septembre 2006
 
     
 



" Effata ! "


La Bible a le génie de nous initier au sens de Dieu, à son écoute. Le génie de l'évangile nous apprend sur Jésus, sur le projet de Dieu qu'il est venu réaliserpour la communauté humaine. Les évangélistes ne sont pas des historiens, Ils sont témoins occulaires de Jésus ressuscité. Ils écrivent leur évangile à la lumière de leur expérience inouïe : la rencontre avec Jésus vivant. Ils ont voulu transmettre leur conviction profonde : Jésus est le Serviteur de Dieu, au sens messianique qu'annoncent les prophètes. Il a le sens de Dieu, et le sens des hommes comme personne ne l'a jamais eu.

Tout ce qu'il dit, tout ce que Jésus fait est la réalisation du projet de son Père pour la communauté humaine. L'évangile de ce dimanche, le 23ème est le récit de Jésus qui va en dehors de la frontière palestinienne, au territoire de la Décapole. Et là, il guérit un sourd-muet. Seul Marc a retenu cette guérison. A travers des détails précis et évocateurs, pointent les souvenirs personnels de Pierre, témoin émerveillé de l'événement. C'est lui qui a dû le raconter à son disciple, Marc. On sait que son évangile est écrit en grec et voilà que pour la deuxième fois, il y a cette parole mystérieuse rapportée en araméen : " Effata ", " ouvre-toi. " La première fois, c'est au chapitre 5, verset 41 : "Talita Koum", encore une expression araméenne qui veut dire " Jeune fille, lève-toi !"

Effata: ouvre-toi, ou Talita Koum : Lève-toi, ces paroles redonnent bien la mission de Jésus. Nous naissons tous dans un monde clos ou du moins limité. La parole du Christ, " Effata ", nous ouvre à Dieu en nous donnant le pouvoir de l'écouter, et de lui répondre. Elle nous ouvre à la communauté des hommes. Etre religieux, comme la Bible l'a relevé, c'est être à l'écoute, capable de communier, de communiquer avec les autres.

Aucun mot ne convient mieux, aux parents, aux enfants, en cette période de la rentrée que ce mot si simple : " Ouvre-toi ! ". C'est le geste de l'éducation qui initie les enfants comme les hommes et les femmes de tout âge au geste d'écouter et de parler. Tout au long de notre vie, nous apprenons à écouter et à parler. Car c'est l'acte essentiel lié à la vie. C'est l'appel permanent de Dieu dans la Bible pour amener l'homme jusqu'à lui. "Ecoute Israël !" Aux parents, aux éducateurs, de sensibiliser nos enfants à cet appel qui continue d'appeler chacun dans son intérieur. C'est une gajeure. Au jour de la rentrée, le portable qui sonne déjà en classe. On a tout prévu, sauf ce cas à résoudre, à éduquer .


Il est toujours émouvant de revoir chaque année, la rentrée des enfants à l'école. On est bien brave en préparant la grande aventure d'aller pour la première fois à l'école. Le moment venu, c'est le déchirement. Il faut quitter le cercle intime et entrer dans la vie. Les parents voient qu'ils ne peuvent pas tout faire, et qu'ils ont à recourir à l'aide des autres pour l'éducation de leurs enfants.

Tout en pleurant, les regards se cherchent. Dès que l'enfant trouve le regard rassurant, volontiers complice de sa peur, c'est déjà l'ouverture. Alors, on écoute, on entre dans le jeu, et quand on parle, c'est le signe de la confiance gagnée. C'est le début de l'acte de croire. La foi est la capacité de dire un non-dit, de parler de ce qui ne se voit pas. La vie spirituelle fait partie ainsi de la vie réelle, de la vie de tous les jours. L'enseignement de Jésus nous l'a rendue proche, intime et sacrée. Même les non-juifs, comme c'est ici le cas, les gens de la Décapole, comprennent le geste de Jésus. Vivement frappés, ils lui rendent hommage: " Tout ce qu'il fait est admirable. " L'enseignement de Jésus est donné avec des mots de tous les jours, avec des gestes de sympathie.

Quand Jésus emmène le sourd-muet à l'écart, loin de la foule, c'est qu'il ne veut pas qu'on interpréte ses gestes et ses paroles comme une magie, un rite de sorcellerie. Par cette discrétion, le symbolisme de ce miracle apparaît dans toute son authenticité. Jésus est venu parler au nom de Dieu, nous révéler les messages d'amour du Père. Il est venu rendre l'homme capable d'entendre la Parole et de l'exprimer. Beaucoup plus que le soulagement d'une infirmité, nous assistons au cours de cette guérison à une " représentation " de la transformation opérée par Jésus. Cette transformation, Isaïe l'appelait : " la vengeance qui vient " ou encore : " la revanche ". Il décrit la remise en ordre universelle avec la guérison des aveugles, des boiteux, des sourds et des muets. C'est dans cette ligne-là que Jésus manifeste son émotion pour les infirmes. La Décapole est le lieu où nos soldats sont en train de reconstruire les ponts, relever les ruines, apporter aux habitants du lieu les premiers soins à leurs misères.

Les Evangiles sont des récits, des témoignages de ce que le Christ a fait pour tous les hommes, en se mêlant à leur vie. Par ce contact avec la vie des hommes, Il a donné à tous leurs vécus humains, profanes, terre à terre, une dimension qui va jusqu'à entrer dans la vie en Dieu. Toutes les rencontres du Christ rapportées par les évangiles, depuis les hors-la-loi, les païens, jusqu'à ceux qui sont les plus démunis de la terre, les lépreux, les aveugles, les handicapés, les sourds-muets, les pécheurs publics, toutes nous mènent au contact avec la vie en Dieu, et la vie entre les hommes.

Denis Luong