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29ème dimanche B
 
 
Isaïe : 53,10-11 - Hébreux 4,14-16 Marc 10,35-45
 
     
 
Le Serviteur
 
     
 
22 octobre 2006
 
     
 

Le Serviteur


Le service représente toutes les activités de l'homme social. La famille, la société sont constituées par les services de leurs membres. Par ses différentes qualités, le service est social ou religieux. Par la manière de servir, on est esclave , serviteur, fonctionnaire, gestionnaire, ou ministre. Le service s'étend à des organismes chargés d'une fonction d'utilité commune; le personnel qui le compose, plus étendu encore, à des objets utiles pour le confort de l'homme. La plus grande qualité du service privilégie la notion d'humanité, de gratuité.

Tout service est doté de moyens, d'insignes confiés à ceux qui en ont la responsabilité. Ils sont utilisés souvent comme des prérogatives de puissance, et le service devient le pouvoir. Les gérants croyaient le posséder de par lui-même, alors que tout pouvoir vient d'en haut, autant qu'il vient d'en bas. Dans la Bible, le service est toujours lié à un appel spécifique venu de Dieu. Le service représente la réalisation suprême de la dignité de l'homme, le rappel de toute sa dimension humaine et transcendante.

Après tant de déceptions, la Bible ne croit plus à la générosité des gens qui ont l'autorité. Elle attend une personne désignée par Dieu pour mieux conduire le peuple : le Messie. " Voici mon serviteur que j'ai élu, mon Bien-aimé qu'il m'a plu de choisir, je mettrai mon Esprit sur lui, et il annoncera le droit aux nations. " Pour rester au-dessus des privilèges, Isaïe esquisse la vraie figure du Serviteur de Dieu, appelé le " Serviteur souffrant ".

" Il n'avait ni aspect, ni prestance tels que nous le remarquions, ni apparence telle que nous le recherchions En fait, ce sont nos souffrances qu'il a portées, ce sont nos douleurs qu'il a supportées, et nous, nous l'estimions touché, frappé par Dieu et humilié. Ayant payé de sa personne, il verra une descendance, il sera comblé de jours ; sitôt connu, juste, il dispensera la justice, lui, mon Serviteur, au profit des foules, du fait que lui-même supporte leurs perversités ".

Il en a été ainsi dans la vie de Jésus, le Serviteur fidèle appelé à réaliser l'œuvre universelle de la rédemption. . Il assume notre condition humaine jusqu'à connaître la mort, et la mort la plus ignominieuse. Les puissants de ce monde, les possesseurs des richesses ne le lui pardonnent pas. Il a osé défier le pouvoir et ses privilèges. La mort vécue en sa personne de Grand Prêtre est transfigurée en un passage à la vie. Il est vivant. Il entre dans la vie en Dieu, comme le Grand Prêtre qui entre dans le Saint des Saints.


Dans son entretien avec Jacques et Jean, en répondant à leur demande, Jésus dit pourquoi il est venu au milieu de nous. Il fait comprendre la vie en Dieu où tout est communion, tout est gratuité. Désormais, toute responsabilité est de se dévouer comme Dieu qui se donne au monde. Dieu devient au milieu de nous celui qui sert en personne. Il leur fait prendre conscience de ce qu'ils demandent : S'asseoir auprès de lui, à sa droite et à sa gauche, c'est participer pleinement à sa mission. Il vient dans notre monde comme celui qui sert. Et le service qu'il a à rendre n'est pas du domaine économique. Il est dans la nature même de sa personne, l'Envoyé de Dieu, Fils de Dieu.

Jésus est Fils. La force de ce mot, c'est de n'avoir de sens que par rapport au Père. Dieu est Père. De sa vie de Père est née la filiation. C'est la relation née du cœur de Père pour faire vivre tout en lui. La notion de " Service " nous apprend à vivre en fils, notre dignité devant le Père et le monde. Le Père donne, engendre. Le service à rendre au monde prodigue les bienfaits que Dieu, le Père, a en projet pour les hommes.

Cette notion spéciale de service entraîne la logique du Serviteur de Dieu. A l'opposé de toutes les coutumes et les mœurs de la société humaine, pour devenir le plus grand du royaume, c'est une autre trajectoire qu'il faut suivre : Vivre en filiation, servir, éliminer progressivement toute notion de prestige, d'importance. Le seul insigne qui parle du service que Jésus veut donner au monde est Être Fils, être en relation. Seule la relation de qualité peut sauver l'humanité. Le Serviteur de Dieu au service des hommes est celui qui vit pleinement cette qualité de relation de " fils ".

Le sens du célibat des prêtres prend son origine dans leur vocation de vivre pleinement avec leur maître, la filiation. Leur mission est de dire au monde ce qu'est être fils. On leur décerne quand même l'appellation de " père ", " père spirituel ", ce que Jésus n'a pas retenu. Jésus n'est pas le père spirituel de l'humanité. Il nous rappelle qu'il n'y a qu'un seul Père.

" Tout quitter pour le suivre " : Il adresse cette proposition à tous. Ceux qui ont l'expérience de la paternité et de la maternité ont aussi la possibilité de tout quitter pour redevenir " fils " comme le Christ. La vie a ceci de grand qu'elle nous dépouille et aménage, étape par étape, un rapprochement, une rencontre avec le Fils.

Lors de son dernier repas, Jésus va récapituler sa vie comme un " service ". Et sa mort, il demandera à ses disciples de l'annoncer au monde comme le fruit d'une vie de service. Sans trop demander à tous les candidats à des hautes fonctions dans la cité, le message de Jésus fournit des critères constants à choisir celui qui a le vrai sens de service.À la veille d'échéances électorales importantes, présidentielles, législatives et municipales, nous voulons, comme évêques, membres du Conseil permanent de la Conférence des évêques de France, le faire retentir avec force. Vivre ensemble demande que chacun sache prendre ses propres responsabilités. Vivre ensemble suppose un État qui organise la vie commune la recherche du bien commun

Denis LUONG