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2ème dimanche du temps ordinaire B}
 
 
1S.3,3b-10,19 - 1Co.6,13b-15a17-20 - Jean 1,35-42
 
   
 
Où demeures-tu ?
 
   
 
15 janvier 2006
 
   
 

 


Où demeures-tu ?

Le temps ordinaire de la liturgie, commencé depuis la semaine dernière, représente l'espace de notre vie de tous les jours, avec les événements liés à notre condition humaine. C'est l'apport personnel de tous les membres de l'Eglise, contribué à bâtir le Royaume de Dieu. L'effusion de l'Esprit Saint à la Pentecôte rendre l'ordinaire de notre vie en l'annonce de la Bonne Nouvelle dans le monde jusqu'à la fin des temps.

L'autre moitié de notre temps est déjà marquée par l'intervention de Dieu. Le temps d'éveil de l'avent, le temps festif de Noël et d'Epiphanie sont toujours là comme des points de repères. Tout dans notre vie peut devenir maintenant comme le point d'insertion pour une esquisse de louange, d'adoration. A tout moment nous pouvons nous arrêter pour contempler les signes qui parlent de la Présence qui nous appelle à œuvrer pour son Royaume.

Le baptême du Christ célébré le dimanche dernier représente le sommet de l'Epiphanie. Jusque là, l'Epiphanie laissait voir et découvrir les signes de Dieu. Le jour du Baptême de Jésus, l'Epiphanie parle : " Tu es mon fils, mon bien-aimé en toi j'ai mis toute ma complaisance."

Grâce à lui, tout ce qui est humain peut devenir maintenant divin. Il crée un ordre nouveau de relation, fait de gratuité, de considération mutuelle, de communion, tout comme ce qui se passe dans la vie en Dieu. Ce deuxième dimanche du temps ordinaire nous propose en primeur, des cas précis de cette relation que nous appelons d'une façon abstraite, la foi.

Croire, dans l'évangile de St Jean, c'est voir, puis parler avec à ce qu'on voit. A celui qu'on a rencontré. "Que cherchez-vous ?" dit Jésus aux deux qui le suivaient. C'est la première parole de Jésus dans l'évangile de St Jean. Toute nouvelle qu'elle est, la relation proposée par Jésus s'inscrit dans la démarche de Dieu dans les temps anciens. Il appelle, il propose, et il attend une réponse personnelle. C'est aussi le comportement de tout éducateur qui se voit comme éveilleur de conscience. "Si on t'appelle, tu diras, parle Seigneur, ton serviteur écoute." Le prêtre Elie se garde bien de gêner le dialogue. Quel respect de la conscience de l'enfant! Quelle intuition du mystère de l'enfant !

C'est le même respect que nous trouvons ici dans l'évangile de St Jean. Quand on veut tout savoir, il se tait et ne mentionne seulement que la présence de l'un et de l'autre. "Où demeures-tu? " Celui qui vient à Jésus, et désire le connaître doit savoir poser cette question. Elle reviendra, avec une légère variante, à la fin de l'évangile. Jésus ressuscité demandera à Marie-Madeleine en larmes : " Qui cherches-tu ? " La même question peut se poser à tous avec cette variante : " Qu'attendez-vous de moi ? Pourquoi me cherchez-vous ? Au fond, qui cherchez-vous ? "

Rappelons-nous la réponse que Jésus donna aux foules du lac: " Vous me cherchez parce que vous avez mangé du pain et que vous avez été rassasiés " Le commentaire de saint Augustin va très loin : " Vous me cherchez pour la chair et non pour l'Esprit. Combien rare est la recherche de Jésus pour lui-même ! Vous me cherchez pour autre chose que moi-même. Cherchez-moi pour moi ". N'avons-nous pas là un élément de réponse à la crise actuelle des vocations ? Quelle réponse donnent au Seigneur tant de jeunes qui entendent sa question : "Que cherchez-vous ? Qui cherchez-vous ? " N'arrive-t-il pas qu'en croyant le chercher, on se recherche ? Alors, faut-il s'étonner qu'on ne trouve rien ?


Jésus ne donne pas ses coordonnés comme nous le faisons. " Venez et vous verrez, dit-il " Et ils l'accompagnèrent et ils virent où il demeurait. Ils restèrent auprès de lui ce jour là. Quand St Jean décrit la vocation ou l'éveil des deux disciples, les verbes qu'il emploie ont acquis une extraordinaire densité humaine: chercher, trouver, passer, regarder, suivre, demeurer. C'est le portrait du disciple de Celui qui sait répondre au besoin profond des gens. Ils ont besoin d'une présence qui parle et communique. St Jean l'a si bien retenu pour nous. Tout son enseignement passe par la présence de l'un et de l'autre. Nous sommes très loin des formulations dogmatiques à accepter comme des a priori indiscutables.

Quand le temps qu'il nous est donné à vivre est habité par une telle présence peut-on l'appeler encore ordinaire ? Il est là dans l'ordinaire de notre vie, le Christ Ressuscité, le Christ qui vit en Dieu, ordinaire comme ce morceau de pain, cette coupe de vin, mais assumé par un projet d'amour mené jusqu'au bout de la dimension de Dieu. Pour le grand nombre qui ignore le Christ sacramentel, l'appel de Jésus Ressuscité pour tous, prend des formes que nous ne pouvons pas tout savoir. Ce que nous savons c'est qu'Il est mort et ressuscité pour tous.

Denis LUONG.