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30ème dimanche B
 
 
Jérémie 31,7-9 - Hébreux 5,1-6 Marc 10,46b-52
 
     
 
Le nom d'un mendiant aveugle
 
     
 
29 octobre 2006
 
     
 

Le nom d'un mendiant aveugle

Rares sont les documents anciens de l'histoire qui ont pris le soin de retenir le nom d'un mendiant aveugle, assis à bord de la route de Jéricho. Déjà plus de deux mille ans sont passés. Son nom est relié au nom de son père, Bar Timée, fils de Timée.

Sa prière commence par un cri : " Fils de David, aie pitié de moi ! " Comment savait-il que Jésus est de la lignée de David ? Surtout dans l'évangile de St Marc, c'est lui qui est le premier à donner ce nom à Jésus. Par quelle intelligence Bar Timée a-t-il su nommer Jésus, Fils de David ? A-t-il compris ce que cela veut dire ?

Les commentaires de ce récit ont orienté trop vite vers une interpellation adressée à tout aveuglement moral. La facilité d'utiliser le mal comme le symbole du péché est souvent systématique, comme un évidence : pourquoi est-il mal voyant ? Si ce n'était pas lui qui a fait quelque chose de mal, ce serait ses parents. Le miracle est le fait de dire que rien n'est évident.

La mémoire d'enfant d'Israël a donné ce nom " fils de David " à celui qui devrait arriver. Selon la Tradition, le fils de David ", est le fils de la promesse annoncée par le prophète Nathan (II Sam., VII), pour la maison de David et sa lignée. C'est un de ses Fils qui sera l'"Envoyé" de Dieu, le "Messie", qui va rétablir le peuple d'Israël. Il a souffert de son malvoyant. Seul celui que le peuple attendait, le Fils de David, pourra faire quelque chose pour lui.

Le crédit donné à ce passant qu'il ne peut pas voir, qu'il n'a jamais connu, vient de son désir d'être enfin voyant comme tout le monde. Cette confiance le met en relation avec celui qu'il vient d'appeler. A un autre moment, Jésus a posé la même question : " Que veux-tu que je fasse pour toi? " Et les deux frères Jacques et Jean ont préféré chacun un fauteuil, l'un à sa droite, l'autre à sa gauche. Bar Timée se contente de la lumière dans les yeux pour voir. " Rabbouni, que je voie ! "

Pour Jésus, ce cri de foi est aussi la relation que Dieu veut entretenir ave les hommes. Et il ne tarde pas de lui faire savoir que sa demande a la force de le guérir : " qui vient de demander. " Va, ta foi t'a sauvé ! " La foi de cet homme inconnu de tous, parle à Dieu Lui-même. La foi est la relation qui nous dépasse et nous relie à Dieu, le sommet vers lequel nous sommes aspirés.
Le sommet se met à notre portée. Dieu répond à notre prière à sa manière, au de-là de ce que nous avons demandé.

Le miracle ne peut pas faire tout et tout de suite. L'action de Dieu suit le temps, le rythme de la vie de chacun, en se servant de l'amour de ses enfants que nous sommes tous. Dieu nous prend comme ses yeux, ses mains, sa bouche qui disent à ceux qui sont dans les difficultés: " Que veux-tu que je fasse pour toi ? "

Ainsi va Dieu qui agit sans bruit avec le Souffle de Son Esprit qui inspire à tous de savoir donner simplement un verre d'eau pour être l'un de ses enfants. Modestie ou vérité ? Jésus dit à Bar Timée : " Va, ta foi t'a sauvé ! " Il a reconnu que la force de la guérison est venue aussi de la part de celui qui la lui demande.

Nous avons demandé une chose et Dieu se donne lui-même : don vertigineux qui pourrait faire croire que notre prière n'est pas exaucée, alors que Dieu est là dans sa plénitude de Dieu. Sa présence est affirmée et honorée de l'absence de tout le reste. Bien qu'invisible, il est plus proche de nous que nous ne le sommes nous-mêmes. Et en Lui, nous retrouvons et le monde des hommes et le monde des choses dans son projet d'être pour chacun une étincelle de sa Présence.

La prière de Bar Timée a donné à Jésus l'occasion de laisser voir enfin le secret de sa personne. Il est le Fils de David, celui qui doit venir accomplir la promesse de Dieu. Bar Timée n'est pas tenu comme les autres miraculés, à la loi de réserve. Il peut parler, il peut même se joindre au groupe de disciple pour la dernière montée à Jérusalem.

Avant sa guérison, Bar Timée a su appeler Jésus comme Marie le fera seulement plus tard au matin de Pâques : Rabbouni ! Maître ! C'est la reconnaissance du Seigneur dans sa gloire de Ressuscité. Quand nous sommes devant le Seigneur, seul à seul, notre cœur sait maintenant comment lui dire: Rabbouni !


Denis LUONG