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31ème
dimanche B
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Deutéronome
6,2-6 - Hébreux 7,23-28 - Marc 12,28b-34
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"Shema
Israël"
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4
novembre 2006
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Jésus était dans l'enceinte du Temple, probablement sous le portique de Salomon, entouré de pharisiens, d'hérodiens, de sadducéens qui l'interrogeaient. L'un des scribes, émerveillé par les réponses pertinentes de Jésus sur la résurrection des morts, oriente sa question sur le texte essentiel du Deutéronome, sommet du message contenu dans ce livre. L'ambiance de sympathie, voire d'admiration que le scribe a su créer, mérite la réponse solennelle de Jésus comme une prière. Jésus se réfère au texte du Deutéronome sur le commandement d'amour de Dieu, devenu la prière d'Israël. Il fait sienne cette prière de son peuple, formulée à partir du premier commandement. Le peuple élu a compris la profonde nouveauté du précepte : Le Dieu d'Israël est Un, le seul Dieu. Il est le Dieu à ne pas seulement à craindre, mais à aimer d'un amour qui engage l'être tout entier. C'est le " Shema Israël ", la grande prière. " Ecoute, Israël, l'Eternel est notre Dieu. L'Eternel est Un. " Depuis plusieurs millénaires, elle est récitée chaque jour, soir et matin, par tout israélite fidèle. On la vénère en l'inscrivant sur des morceaux de parchemin, insérés dans des étuis de cuir portés au poignet gauche ou sur le front. Ce sont les phylactères. Cette prière, récitée par ou pour un agonisant, représente les dernières paroles des martyrs juifs à travers les âges, y compris ceux qui allèrent, nus, dans les fours crématoires. C'est émouvant d'entendre Jésus réciter cette
prière en la renouvelant d'un souffle nouveau. Il donne au
premier commandement un prolongement qu'il proclame semblable à
l'amour du prochain. Le Lévitique, imprégné de
l'esprit sacerdotal représentant la tradition parallèle
à celle des prophètes, a mentionné cet amour
du semblable. La grandeur de ce texte sur le plus grand commandement constitue désormais la nouveauté absolue de l'enseignement de Jésus. Pour le chrétien, le prochain est la présence invisible, mystérieuse de Dieu.Il est l'image et le membre du Christ. Les deux commandements sont indissociables. " Celui qui dit qu'il aime Dieu et qui hait son frère, celui-là est un menteur ", écrit St Jean dans sa première lettre. Par le lien qui unit les deux commandements, le Dieu de Jésus ne saurait être source de fanatisme. Son nom ne se prête à aucune ambiguïté pour motiver l'élimination du prochain, par injure ou par meurtre. La fin de ce récit est de toute beauté. Le scribe se réjouit de la réponse de Jésus et affirme que la pratique de ces deux commandements prévaut sur tous les sacrifices. Connaisseur des Ecritures, il fait allusion à un texte du premier livre de Samuel (Ch.15,22) ou à un autre, celui d'Isaïe (Ch.1,11-17) Trait exceptionnel dans les Evangiles, Jésus à son tour, fait l'éloge du scribe. " Tu n'es pas loin du Royaume de Dieu ". La réflexion du scribe sur la priorité de l'Ecoute à tous les actes de piété est appuyée par l'appréciation de Jésus. Parmi les cinq sens, c'est par la voie de l'Ecoute que nous sommes en relation avec Dieu qui parle. Ecouter est le verbe qui revient et qui se conjugue à tous les temps, près de 700 fois dans les Ecritures. Dans la vie, nous ne cessons pas de parler en nous-mêmes, à nous-mêmes. Le " moi " est le premier interlocuteur de tout homme. Comment faire taire le " moi " qui parle pour laisser la place au " moi " qui écoute ? C'est la grâce de la Révélation. Dieu qui parle est si séduisant qu'on se tait pour l'écouter. Denis LUONG |
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