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4ème dimanche B
 
 
Dt 18,15-20 - 1Co7,32-35 - Mc1,21-28
 
   
 
Tout de Jésus dans la synagogue.
 
   
 
29Janvier 2006
 
   
 


Tout de Jésus dans la synagogue.

 

La première journée de Jésus qui va à la rencontre des hommes et des femmes de son temps aurait dû être la plus belle des journées. C'était le jour du Sabbat, le septième jour de la semaine, le jour du Seigneur. On se rassemblait pour écouter, étudier la Parole de Dieu, les enseignements du rabbin, ses discussions avec l'assemblée. Le plus souvent, on recourait à des citations des anciens, on discutait sur ce qui avait été dit.

Mais aujourd'hui, c'est différent. C'est Jésus qui enseigne. Il ne se contente pas de citer les opinions des gens. Il parle de ce qu'il sait, avec compétence et autorité. " Tous sont frappés de son enseignement." Comme nous aimerions savoir ce qu'il enseignait! St Marc qui reçoit les renseignements de St Pierre pour rédiger son Evangile, ne peut écrire qu'avec le souvenir de St Pierre. Le premier disciple de Jésus est plutôt visuel. Il voit plus qu'il n'écoute. Il retient que c'était très beau, mais ne se soucie pas beaucoup de ce qui a été dit. Avec lui, on peut revoir l'ambiance, la couleur, les cris, les mouvements de la foule, et surtout on peut voir comment est Jésus.

" Il enseignait en homme qui a autorité." On dirait que la foule passait plutôt son temps à le regarder qu'à l'écouter. Il parle comme un homme qui connaît l'homme, qui connaît le règne de Dieu. Son regard va jusqu'au plus profond de l'homme. Il lit dans les coeurs. Il est présent à l'intérieur de l'homme non pour l'inquiéter, mais pour le rassurer, le guérir, le libérer de tout ce qui peut l'aliéner, pour y aviver le désir de paix et de vérité.

On voit qu'il a la paix, la vérité. Il respire l'équilibre, l'harmonie, la maîtrise de soi. Il est le semeur de semences vivantes. Il est l'éveilleur de conscience. On s'aperçoit immédiatement que c'est bien différent de l'enseignement des scribes, qui sont pourtant des interprètes attitrés de la loi, des spécialistes des écritures. Eux se retranchaient derrière l'autorité des textes ou de la tradition.

Avec Jésus, un nouvel ordre de relations commence entre les hommes, entre les hommes et Dieu. Car il est au-dessus de l'esprit du mal qui fausse les relations entre les hommes.

St Marc a relevé ici un exemple typique. Jésus se trouve face à un homme possédé de l'esprit impur. Il reconnaît la présence de Jésus et son identité. " Je sais que tu es le Saint de Dieu." Ce petit épisode, placé dans la première partie de l'évangile, n'est pas une simple anecdote jetée sur le papier. Il s'agit d'un récit, certes tout simple, mais de composition très élaborée. L'Evangile de Dieu proclamé par Jésus, c'est sa propre présence au milieu de nous, assez révélatrice pour nous laisser voir que c'est une présence qui nous enseigne et qui nous guérit de toutes les détresses.

Il est question de vie et de destruction du mal, à travers la guérison d'une main paralysée, de cœurs durs, de colère et de haine. La tension monte au fil du récit : Jésus est épié, puis objet d'un complot où les ennemis d'hier - pharisiens, hérodiens - font cause commune. Tout cela dans une synagogue, lieu de l'écoute de la Parole de Dieu. Là où il devrait y avoir vie, la violence déploie ses cercles meurtriers. Le drame de Jésus commence.

Le récit évangélique a pour objectif d'informer son lecteur du sort de l'homme de Nazareth mais surtout de le former en l'invitant à devenir lui-même disciple de " Jésus le Christ, Fils de Dieu. "

L'intrigue que St Marc relève ici s'intéresse d'abord aux actions, au "faire" des personnages. Il s'agit de résoudre un problème, mener un combat, une enquête, une quête… Le héros arrivera-t-il à vaincre les obstacles et à toucher au but ? Toute l'intrigue ne porte pas sur cette guérison. Le récit tourne autour de la question "Est-il permis de… ". Jésus détermine le statut du sabbat, vivre et non pratiquer. Ce qui est en cause, c'est moins un "faire" (réussite/échec) qu'un savoir vivre, une connaissance, une relation de cœur. Les pharisiens, visiblement, en se taisant, refusent de rentrer dans le système de valeurs de Jésus et de modifier leur conception du permis/défendu.

Ce conflit d'interprétation soulève immédiatement une autre question : celle de l'autorité de Jésus et de son identité. Située dans ce contexte, l'épisode de la guérison un jour de sabbat relève bien, en dernier ressort, d'une intrigue qui se termine par une mise à mort. Marc ne se contente pas de rapporter des faits. Il les organise et cherche à montrer les enjeux en cause. Il s'agit de l'identité de Jésus et de la formation de l'identité chrétienne en relation avec le projet de Dieu : Fils en son Fils unique donné au monde.

Denis LUONG