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6ème Dimanche B
 
 
Lévites 13,1…46 - Corinthiens 10,31à11-45 -MARC 1,40-45
 
   
 
" Si tu veux..."
 
   
 

12 FEVRIER 2006
 
   
 



" Si tu le veux… "


Le temps ordinaire de la liturgie rappelle les actualités de notre vie, la fragilité, la confusion des valeurs, la violence dans les relations des hommes. Où trouver des esprits et des cœurs sains pour un dialogue auquel on rêve et on ne peut pas l'avoir ? Beaucoup d'esprits de notre temps sont comme entamés par la lèpre. Quelle terrible maladie que celle qui mutile le corps, qui le fait entrer dans le pourrissement et l'exclusion ? Même aujourd'hui la guérison est possible, n'oublions pas que deux mille nouveaux malades de la lèpre sont dépistés chaque jour. Le rappel sans concession des maladies de notre temps, sans induire au pessimisme, nous fait prendre conscience que Jésus lui-même fait partie de notre monde. Il est là avec son enseignement, proclamé par l'Eglise comme la référence pour un monde plus sain !

La lèpre en elle-même doit nourrir notre méditation en ces jours où les jeunes collectent des fonds pour les organisations qui se dévouent pour enrayer cette maladie encore présente dans certains coins démunis de notre monde. Par contre, la liturgie rappelle ce qui est en jeu dans nos vies, aussi dangereux pour les esprits, qu'ils soient corporels, psychologiques, ou sociaux. Elle nous fait assister à la rencontre du lépreux avec Jésus.

Sa démarche évoque celle de Job. Sa maladie entraîne son exclusion de la communauté, comme dit le livre du Lévitique. Il se met à l'écart, sans maudire Dieu, mais redire sa confiance. C'est au cœur de sa souffrance que Dieu lui fait découvrir les limites de la vie humaine. Il lui apprend l'esprit du psalmiste, qui, loin de chercher le fautif, de rechercher des assurances et des sécurités, de faire valoir ses droits, se tourne vers Dieu. Il peut entendre sa prière, sa plainte et estimer le comportement de confiance de celui qui souffre.

Accueillir l'événement dans la certitude d'être entendu par Dieu, le supplier de se laisser approcher pour voir son visage, lui confier notre déroute, notre détresse, tout en lui redisant notre conviction : " Tu es là pour toujours, tu regardes la terre que tu aimes, tu entends les plaintes des captifs, tu libères ceux qui devaient mourir ".

L'humilité du lépreux de l'Évangile est bien le type de relation auquel le Christ est venu nous initier : " si tu le veux… " Rien ne t'imposer, mais dans la confiance réciproque tout est possible. La compréhension, la guérison, la réintégration… Jésus va plus loin que simplement guérir par la parole. Il pose un acte, il touche le lépreux, bravant les préceptes de son peuple et de sa religion… il participe à la souffrance de l'homme, il porte avec lui son exclusion puisque lui-même se met en état d'exclusion et lui redonne sa dignité.

Ses premières activités, Jésus les trouve dans les besoins de chacun. Il est toujours là pour écouter, rendre service. Les lépreux l'ont compris, et se sont précipités vers, malgré l'interdiction de venir près des agglomérations. " Si tu veux, tu peux me purifier."

Depuis quand connaît-il Jésus pour tomber à genoux devant lui en le suppliant ainsi ? La lèpre est une malédiction pour tous ceux qui en sont atteints. La seule prévention possible est de les exclure de la société, pour qu'ils vivent à l'écart et évitent toute contamination. Le lépreux n'a qu'à se lamenter sur lui-même comme on pleure sur un mort : il fera lui-même la liturgie de ses obsèques. Ni relations humaines, ni consolations religieuses. Il est un exclu, un excommunié. Quelle idée l'a poussé à se précipiter pour demander la guérison à Jésus ! Saint Marc n'est pas très fort pour rapporter sur ce que Jésus a dit aux gens, il est par contre merveilleusement vivant dans le récit qu'il fait de ce que Pierre a vu.

Tout se passe si vite qu'on n'a pas le temps d'empêcher le lépreux de se présenter devant Jésus et de parler avec lui, ni de dire à Jésus qu'il ne faut pas trop s'approcher du malade. C'est trop tard. Le lépreux a parlé, et le voilà guéri. Jésus, lui, a déjà répondu, il l'a déjà touché.

D'ordinaire, chez St Marc, ce sont les malades qui cherchent à toucher Jésus pour obtenir la guérison. Avec le lépreux, c'est Jésus qui tend la main pour le toucher. On peut penser à la main de Dieu, dans la fresque de Michel-Ange au plafond de la Chapelle Sixtine, cette main tendue vers la main d'Adam, l'étincelle de la vie " Je le veux, sois guéris." Ce qui porte atteinte à l'homme, ce qui l'humilie ou le méprise, Jésus est venu pour l'enlever et rendre à l'homme sa dignité, son intégralité. Pour ce faire, Jésus se fait l'un de nous, "frappé de nos maladies, humilié." Il a vécu notre condition au plus bas, pire que ne pourraient jamais imaginer les caricatures humaines.

Denis Luong