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7ème dimanche B
 
 
Isaïe 43,18-19,21-22,24-25 - 2 Co. 1,18-22 - Luc 4,18-19
 
   
 
La foi sur le toit.
 
   
 
19 février 2006
 
   
 


La foi sur le toit.

Le récit du paralytique de Capharnaüm est court, mais les détails sont tout en mouvement, évocateurs. On peut suivre le regard étonné de Pierre devant l'audace et le sans-gêne des quatre porteurs. Ils arrivent à placer le paralysé devant Jésus, alors que la porte de la maison est bloquée par la foule.

Jésus admire la foi des porteurs et sans attendre que le malade le lui demande, il le guérit et lui remet ses péchés. On juge trop vite l'étonnement des scribes qui ont du mal à faire la relation entre la maladie à guérir et les péchés à remettre. L'infirmité corporelle est-elle un péché ? Suffit-il que le péché soit absous pour que le malade soit guéri ? Qui n'est pas frappé par ce que Jésus dit au paralytique, par ce décalage de ton ?

Le vocabulaire du péché dans la Bible est riche et original. Les images évoquées par les racines hébraïques sont concrètes. Le péché, " hata, hét, hattat " veut dire : manquer le but, la cible, s'écarter, ou encore être tordu, de travers. C'est sans doute dans ce sens que Jésus voit l'infirmité du malade. Il veut l'aider à se débarrasser de ce qui est tordu dans son corps, de ce qui détruit les relations qu'il a dans sa vie. La conviction des quatre porteurs n'est-elle pas l'origine de sa future guérison ? Ce faisant, Jésus dit qu'il n'est pas le simple guérisseur ambulant. Il est le Fils de l'homme, l'envoyé de Dieu pour consolider, entretenir la relation des hommes.

C'est de ce refus de l'homme que découle le mal. Aussi concret qu'est l'enseignement de la Bible sur le péché, peut-on dire que le paralytique y est pour quelque chose ? Est-il en état de péché, en rupture de relation avec Dieu alors que le mal pour lui, c'est la paralysie et qu'il se laisse convaincre par ses amis que Jésus peut faire quelque chose pour lui ?

La réponse est dans l'attention de Jésus à la solidarité de ce petit groupe d'hommes qui viennent de débarquer devant lui. L'infirmité dont souffre le paralysé a ceci de grand qu'elle suscite la solidarité, l'étroite relation entre les hommes. En évoquant le péché, Jésus rappelle le mal qui détruit les relations entre les hommes. Il fait savoir en même temps que sa mission est de rétablir les relations rompues, de les sauvegarder.


C'est la première fois que Jésus se dit le Fils de l'homme. Ce titre n'est employé que par Jésus. Il se trouve 14 fois dans St Marc et 70 fois dans les évangiles. C'est une expression sémitique qui désigne poétiquement l'homme sous son aspect fragile, mortel. C'est une façon emphatique et solennelle de dire " l'homme " tout court. Il peut être utilisé comme un pronom personnel : le Fils de l'homme, c'est à dire moi.

La nouveauté dans l'utilisation de ce titre revient à Jésus. Il associe le rôle du " Fils de l'homme " à celui du " Serviteur souffrant ". C'est à dessein qu'il se désigne comme le Fils de l'homme plus que comme " le Messie " qui fait penser à la mainmise temporelle. Il initie les gens au sens profond de sa personnalité qui vient à la fois d'en haut et d'en bas. Il est l'Homme qui vient de Dieu et qui révèle à ses frères les mystères de Dieu. Il les prépare au mystère qu'il va vivre, la passion, la mort et la résurrection. Nous comprenons maintenant le sens de la guérison du paralytique. Il se lève et marche sur l'ordre de Jésus, le Fils de l'homme qui le guérit et qui peut aussi le libérer de tous ses péchés.

Il y a eu un temps où le christianisme croyait qu'évangéliser c'était enseigner des pratiques, à faire entrer les gens dans un système. Jésus ne cesse d'enseigner qu'évangéliser c'est d'abord apaiser le corps et le cœur des hommes, dénouer, débloquer, défaire la tension, neutraliser la violence, guérir. " Lève-toi et marche ". Les quatre porteurs ont trouvé par où il faut commencer : " Faire une ouverture et descendre. " La guérison est au dedans de chacun, où se trouve le projet de Dieu qui nous attend.

Denis LUONG.