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2ème dimanche de l'AventB}
 
 
Isaïe 40,1-5.9-11 - Ps. 84 - 2 Pierre 3,8-14 - Marc 1,1-8
 
   
 
La bouche du Seigneur a parlé.
 
   
 
4 décembre 2005
 
   
 
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La bouche du Seigneur a parlé

Quel mystère qu'est ce temps présent, cet instant que l'on est en train de vivre, que l'on observe, et qui ne cesse de faire réfléchir ! Evident, constant et fugitif, l'instant présent est tout simplement la vie qui est là, toujours pareille, malgré les changements. Les changements apparaissent plutôt au regard des autres. La vie avance avec le poids de l'âge qui ne modifie pas le regard qu'on a sur la vie. On reste celui qu'on était lors de nos premières prises de conscience.
Le temps de l'Avent est la proposition singulière que la liturgie adresse à tous, de découvrir la richesse de l'instant présent qui fait la vie de chacun. Cette richesse est le secret de l'instant présent qui englobe le passé et porte en confidentiel, la promesse de ce qui va venir. L'avenir est là, caché dans ce présent. Comment parler d'un avenir pour le monde, pour chacun en particulier ? De quelle image peut on se servir pour décrire un ciel nouveau, une terre nouvelle ? Pour ce faire, la liturgie a trouvé l'imagination la plus riche, en faisant parler Dieu. Il doit avoir un projet. L'oeuvre de la création n'est pas finie. Le temps de l'Avent propose ce grand élan vers le terme de l'histoire de notre monde, cette puissance hallucinante de la vie dans l'Univers où nous nous trouvons.
L'Incarnation est toujours à l'œuvre. Elle ne sera accomplie qu'à la fin des temps, quand nous aurons atteint "l'état de l'homme parfait, à la taille même qui convient à la plénitude du Christ ". Le corps que l'humanité donne au Verbe, ce corps qu'il vient prendre, ne sera achevé que dans l'unité vers laquelle nous allons.
Le recours au symbole donne la possibilité de répondre à tous ces cris de l'humanité en détresse. Isaïe est riche en images concrètes prêtées à Dieu quand il veut parler à tous. L'ordre donné à ses porte-parole d'aller consoler son peuple en attente du retour de l'exil, a la force de répondre à toutes les attentes impossibles. L'image de la route du retour de l'exil Babylonien se transpose et prend de la densité : le chemin de l'homme vers Dieu devient le chemin de Dieu vers les hommes.

Nous célébrons l'Avent alors que le Christ est venu il y a deux mille ans. Il vient depuis toujours et viendra chaque jour jusqu'à la venue finale dans la " gloire ". En attendant, nous avons à vivre déjà selon les " mœurs " du monde nouveau vers lequel nous marchons. La présence et l'importance de l'autre, des autres, se découvre déjà dans la manière dont Dieu vient à nous : il nous vient par les autres, par des hommes qui portent sa parole et donnent visibilité à son action.


Dans l'évangile, c'est Jean Baptiste qui sert d'intermédiaire, récapitulant ainsi tous les prophètes antérieurs. Sans toujours le vouloir et, heureusement, à notre insu, chacun de nous est chemin de Dieu pour ceux qu'il rencontre. Réciproquement, nous pouvons attendre une visite de Dieu dans la rencontre de l'autre. Même si cet autre ne nous semble pas attrayant, voire insupportable. Plutôt que de prétendre apporter le Christ et l'Évangile aux autres, le disciple de Jésus doit aborder les autres comme présence permanence du Christ au milieu de ce monde. Nous sommes tous des icônes de Dieu.
Le visage typique d'un jeune que l'on peut rencontrer encore dans les rues ou dans la campagne de la Palestine actuelle, donne une figure évocatrice de ce qu'était le jeune Jésus dans son temps. Le temps présent de la Terre Sainte, avec les murs de béton de huit mètres de haut, évoque bien les conditions de vie d'un peuple qui n'a pas de pouvoir. Jésus de l'Evangile est sous le visage des déshérités, de ceux que la vie a malmenés. L'Evangile nous met en face de la subversion de toutes les valeurs : voici que le Verbe de Dieu, devient l'être qui ne parle pas : l'enfant. Noël célèbrera l'enfant, comme la semence jetée en terre, porteur d'une croissance latente et irrésistible. Le monde est toujours cet enfant, cet être qu'il faut aider à grandir jusqu'à son accomplissement.
Cette attente vers ce qui doit venir, l'évangile nous l'annonce comme la "conversion" de l'homme. C'est toute la prédication de Jean Baptiste, celui qui vient pour préparer et annoncer la venue imminente du Seigneur. Le cri de l'espérance d'aujourd'hui est la voix de tous ceux et celles qui sont blessés, marginalisés par la société qui ne pense qu'à sa seule logique de progrès technique et de concurrence. " Une masse très importante d'argent circule sans presque participer à l'amélioration des conditions de vie...l'heure est venue de travailler pour le progrès tout en gardant le souci de faire servir à tous l'activité financière."

Le ciel nouveau et la terre nouvelle seront là quand nous arriverons à créer ensemble un nouvel équilibre pour notre société, pour redonner au travail une valeur sociale tout au long de la vie, pour une meilleure répartition des revenus. Il y a auquel L'évangile nous appelle à un changement culturel. Les chrétiens doivent travailler pour que la parole et les actes du Christ offrent une espérance à tous ceux et celles qui vivent dans l'angoisse de l'attente. Cette espérance sera le balbutiement de louange et d'adoration qu'offre à son Père le Christ de l'Avent, aussi grand que Dieu et plus humble que le dernier d'entre nous.

Denis LUONG