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Assomption
de la vierge Marie, Année C
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Ap
11, 19...12,10
1 Co 15, 20-27 Lc 1, 39-56 |
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ASSOMPTION
de la Vierge MARIE.
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15 Août 98
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C’est avec les images les plus " grandioses " comme dit
le livre de la Révélation, que le langage humain essaie
de dire ce que doit être la condition de l’homme dans la pensée
de Dieu, en cette fête de Marie élevée, corps
et âme au ciel. Les images peuvent être cosmiques, faisant
partie du monde de demain, elles sont codées et restent très
humaines. On y trouve encore des traces de guerre et d’anéantissement.
Elles peuvent pourtant nous donner une idée de ce que Dieu
a déjà réalisé dans la vie du Christ Ressuscité
et de sa Mère élevée au ciel. Quand nous
pensons à ce qui reste, en réalité, des dépouilles
des hommes, des femmes, des enfants, des gens de tous âges,
comment ne pas penser que les images proposées sont si loin
du concret, irréelles, faisant un monde peu accessible à
tous. Même si, par amour, par respect, nous savons entourer
les dépouilles de nos morts, de fêtes et de fleurs, nous
savons bien qu’il faut les mettre en terre. C’est en osant regarder
le corps inanimé de l’homme quelque soit son état, que
nous mesurons ce que représente la fête de l’Assomption.
La matière, par nature sujette à toute décomposition,
se trouve ici assumée par l’esprit, tout en gardant sa consistance
réelle. Mais il n’y pas ici que la transfiguration du corps.
C’est tout l’homme qui est entré dans une vie tout autre. L’Evangile
est le seul qui peut nous en donner une idée en nous faisant
rencontrer le Christ au matin de Pâques. Il est comme il
était avant sa mort : On peut le voir, le toucher. Il
mange, il se déplace, il questionne, il explique. Mais il y
a quelque chose de changé. Il n’est plus assujetti à
l’espace, au temps. Il entre quand la porte est fermée. Il
apparaît, il disparaît, il dit qu’il est dans la vie en
Dieu. Il est dans le mystère de Dieu. C’est dans cette
vie nouvelle de ressuscité que Marie est entrée au jour
de son Assomption. Le mot dit bien la nuance qu’il y a avec la résurrection.
Avec Marie élevée au ciel, nous sommes transportés
à la fin d’un itinéraire, à la réalisation
définitive du projet de Dieu que Marie a accepté à
l’Annonciation. Jésus, Verbe de Dieu, est né de sa lignée
de sang. Marie est le lieu où se noue notre condition humaine
avec Jésus, Fils de Dieu, fils de Marie. Les scènes
grandioses que la fête de l’Assomption veut nous faire voir
prennent sa source dans une vie humaine simple, consciente et reconnaissante
de l’action de Dieu dans toute l’épaisseur de son existence,
comme le chant du Magnificat. Marie dit ce qu’elle a vécu,
ce que son peuple a vécu. Et ce qu’elle dit est comme un merveilleux
tableau de l’histoire d’un petit reste qui a survécu à
toutes les péripéties de ce monde, d’hommes toujours
en quête d’ambition au dépens des uns et des autres.
Ici, Marie est plus que Marie. Elle est l’humanité en tant
que la lignée de sang donnée à Jésus pour
que Dieu soit parmi nous. Elle est l’humanité de l’Accueil
de la Parole de Dieu. La Parole a fait son chemin dans l’itinéraire
de tous les jours de l’homme. Le salut d’Elisabeth à sa cousine
et la réponse de Marie sont comme des hymnes de louanges. L’une
est devenue la prière de tout moment : " Je vous
salue Marie pleine de grâces… " Et l’autre est devenue
la prière vespérale de l’Eglise. Ces prières
ont la force de faire évoluer la communauté humaine
en une communauté qui prend conscience des bienfaits de Dieu.
L’humanité est transformée à la longue par ces
paroles de louanges qui reflètent, comme un miroir, l’intérieur
de Marie toute pénétrée de Dieu tel qu’elle ne
peut aller à la déchéance. Le choix du texte
de St Paul pour la fête de l’Assomption est révélateur.
L’Eglise nous invite à reconnaître ce qui est arrivé
à Marie comme la marche de la nouvelle histoire de l’homme
commencée à partir de la résurrection du Christ.
C’est tout naturel que nous trouvions Marie à la suite de Jésus
Ressuscité. Et nous sommes tous appelés à rejoindre
cette marche de l’histoire. Sur le lieu dit " le tombeau
de la Vierge " à Jérusalem un sculpteur médiéval
a laissé cette inscription : " Voici la vallée
de Josaphat d’où part le sentier vers les astres. Appuyé
sur le Seigneur, son fils, Marie fut ensevelie et enlevée au
ciel. Enlevée de ce lieu, elle gagna les cieux, sans taches,
espoir des captifs, leur voie, leur lumière et leur mère. "
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