L’Esprit dans notre Avent.

La liturgie nous propose au début de son calendrier, quatre dimanches pour penser à l’histoire de l’attente des hommes et faire vivre aujourd’hui à tous, le passé comme le présent tendu vers l’avenir, avec cette assurance que les expériences douloureusement vécues confirmeront notre espérance.

  Chaque homme est l’histoire de mille aspirations formulées, réalisées, déçues, rebondies de déceptions en désabusements ou d’ espoir en espérance. Tous les romans du monde racontent cette même histoire qui s’expriment en autant de ramifications que les nuances des couleurs d’automne.

  Devant la nature en mutation, la Bible trouve l’inspiration pour nous dire que l’Avent est le temps de l’incubation, du silence, de l’espérance. Grâce à l’option de l’Eglise qui célèbre l’Avent de la deuxième année préparatoire au jubilé de l’An 2000, comme le temps de l’Esprit-Saint, nous découvrons le souffle de vie toujours présent, là où il y a le moindre signe de vie. II est à l’œuvre pour transformer nos instincts de vie en aspirations d’espoir, pour nous élever enfin jusqu’à l’Espérance. L’Esprit nous emmène des réalités matérielles jusqu’à celles qui ne se voient pas .

  Le " Germe de Justice " Jérémie 33,14-16

Dans la terre labourée de l’histoire, dans notre vie travaillée par les épreuves et les quêtes de vie qui n’ont pas abouti à ce que nous attendions, le prophète Jérémie voit Dieu qui fait pousser le " Germe de Justice. " En clair, il voit Dieu qui donne aux désirs de l’homme, encore flous, instables, capricieux, une consistance de vie.. L’homme a toujours rêvé d’une stabilité de vie pour sortir de son indigence, de sa précarité sans pouvoir y parvenir.  

Le " Germe " n’est pas un cadeau tout fait. C’est la poussée de vie qui va lentement, progressivement, patiemment . Les désirs ne prennent forme que par un travail suivi, continu. C’est le grain de blé mis en terre, dira Jésus. L’image désigne les débuts cachés de Celui qui doit venir et l’intervention discrète de sa mission. L’Esprit va couvrir de son ombre la souche qui vient de Jessé pour donner naissance à l’Emmanuel.

  Les signes du temps à venir. Luc 21, 25-28, 34-36

  Nous apprenons par l’Evangile que Jésus est venu pour réajuster la marche à tâtons de l’histoire en ravivant la flamme d’espérance allumée par l’Esprit au coeur de son peuple. Pour tous ceux qui ont la chance de le connaître, l’Avent les amène à son Avènement de demain. C’est le Noël de l’humanité appelée à vivre comme lui, avec notre corps transfiguré, capable de vivre en Dieu de voir Dieu.

  C’est l’œuvre finale de l’Esprit. Du grain qui éclôt au creux de la terre, aux bourgeons qui pointent sur les branches, aux fruits qui alourdissent les arbres, jusqu’aux dernières feuilles jaunies qui vont tomber, l’Esprit est là pour donner à chacun le sens de son existence, mêmes les feuilles mortes. Elles sont là pour embellir le ciel d’automne. Elevé dans cette civilisation d’Espérance, même un enfant, comme Thérèse Martin dans son enfance, est capable de dire à sa maman : s’il faut mourir pour aller au ciel, j’aime bien te voir partir.

  Cette vision de vie est le message de Jésus que nous lisons: " Redressez-vous, relevez la tête. " "  Restez éveillés et priez en tout temps : ainsi vous serez jugés dignes de paraître devant le Fils de l’homme .

  Dynamique de l’Avent. 1 Thessaloniciens 3,12--4,2

  C’est St Paul avec le passage de sa lettre aux Thessaloniciens qui va nous aider à vivre la dynamique de l’Avent. II sait que Dieu est allé à notre rencontre en la personne de Jésus. C’est à chacun de se lever, de sortir du chacun pour soi pour le trouver. Le thème que notre communauté a choisi pour cette année résume bien son message. "  Rencontrer l’autre et dire notre espérance. " Nous mesurons maintenant l’audace de ce programme de vie. Notre espérance comporte des étapes de vie que nous redoutons. Peut-on rencontrer l’autre sans laisser un peu de côté nos jugements ? Peut-on rencontrer Dieu, vivre la vie que Jésus ressuscité a obtenue pour nous, sans mourir ? Accepter d’aller vers Noël, c’est prendre le chemin vers la Pâque. Oser prendre pour soi le programme de vie de l’année, c’est aussi se trouver assuré de la présence de l’Esprit dans notre vie.

D.L.