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3ème Dimanche de Carême C
 
 
Ex 3, 1...15
1 Co 10, 1...12
Lc 13, 1-9
 
     
 

yhwh - YHWH
 
     
 
15 mars 98
 
     
 

C'est déjà un grand pas dans le respect que de ne pas interpeller Dieu, de ne pas le prendre pour cible comme s’il était responsable des événements de malheurs que nous pouvons trouver dans notre monde, comme au temps de Jésus. Mort des innocents, violence dans les banlieues, conflits sanglants dans beaucoup de coins de notre monde… Nous pouvons remarquer que les malheurs suscitent souvent des mouvements de générosité, de compassion et de solidarité. C’est à ces moments là qu’on est saisi par le sens de Dieu et le sens de nos limites humaines, le sens de l'homme. En fait, Jésus n’a pas répondu directement à la question des gens : Dieu est-il le justicier et les catastrophes sont-elles des punitions de Dieu ? Par deux fois, à la place des réponses attendues, il invite les gens à la conversion. La condition de la vie humaine est fragile. Il vaut mieux pour chacun de veiller à sa propre conduite. Tout pourrait arriver à tout le monde.   Au Sinaï, pour s’accréditer auprès de son peuple, Moïse a besoin de savoir le nom de Celui qui veut l’envoyer faire sortir son peuple de l’Egypte. "  S’ils me disent : Quel est son nom ? – que leur dirai-je ? " Dieu dit à Moïse : "  Ehiè ashèr èhiè ! – Je serai qui je serai. " On peut comprendre : Je suis celui qui suis, c’est à dire, je ne veux pas ou je ne peux pas dire qui je suis. Le nom s’écrit en effet, en quatre consonnes sans voyelles.

  En hébreu, yhwh - Yod He Vaw He, ou en notre alphabet YHWH.

Ce nom est "imprononçable ". Celui que nous appelons "Dieu " est " l’Imprononçable  ". On ne peut enfermer Dieu dans des mots.

  Mais Dieu se révèle aussi dans nos vécus. Dans le contexte où il envoie Moise en mission, la phrase : " je serai qui serai " veut dire : je suis là, avec vous, de la manière que vous verrez. (notes de la Bible TOB ) C’est l’histoire de l’exode qui va se dérouler. C’est le projet de la Pâques de Dieu.

Ce passage de l’exode où Dieu dit son nom éclaire tout ce que Jésus a dit dans l’évangile d’aujourd’hui. " Déjà même la hache est prête à attaquer la racine de l'arbre. Tout arbre donc qui ne produit pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu. " C'était la menace de jugement proférée par Jean le Baptiste. Mais quand Jésus est venu, même dans la conversion a laquelle il nous invite, il nous a fait voir un visage de Dieu tout autre. Et voici qu'il répète plus de cents fois : " Vous avez entendu qu'il a été dit, mais moi, je vous dis..." Il complète ainsi l'enseignement des anciens en annonçant la plénitude de Dieu qu'il appelle son Père. " L’Imprononçable " est désormais prononcé en la personne de Jésus, C'est " Dieu qui sauve, Dieu avec nous ". Une relation personnelle, vivante s'est établie entre Dieu et l'homme.   On ne peut plus parler de "pécheur" sans penser aux paraboles de la brebis perdue, de la pièce retrouvée, de l'enfant prodigue. "Je vous le déclare, c'est ainsi qu'il y aura de la joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de conversion." Les personnes qui ont pu recueillir le plus de confidences importantes de la part de Jésus s'appellent Matthieu, Zachée, le larron crucifié à côté de Jésus, la samaritaine, Marie Madeleine, la femme amenée de force devant Jésus pour qu'on puisse la lapider.   En changeant l'image de Dieu, Jésus a voulu mettre un terme à certaine théologie du péché et du sacrifice et libérer ainsi l'homme de sa mauvaise conscience. Ce n'est pas Dieu qui a voulu la mort de son fils bien-aimé, ce sont des hommes au cœur dur et pavé de bonnes intentions qui l'ont jugé, torturé et cloué sur la croix, parce qu'il avait mis en cause leur idée inhumaine de Dieu qui a besoin du sacrifice et du sang d'un innocent pour le rachat de nos péchés.

  Dans un instant, nous célébrerons l'Eucharistie comme Jésus nous a dit de le faire. Ce sera le Mémorial de sa mort et de sa Résurrection. Le sacrifice représente ici le signe d'un amour qui va jusqu'au bout. Il est né juif. Il accepte l'engrenage qu'une telle identité a déclenché combien de fois déjà dans l'histoire de son peuple. Comme des millions d'autres, il n'en est pas sorti vivant. Et c'est le signe du plus grand amour qu'il a enseigné à ses disciples.
D.L.