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Messe
du Jour de Noel, Année C
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Is
52, 7-10
He 1, 1-6 Jn 1, 1-18 |
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La Parole
et le Désert. DAVAR et MIDVAR
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Noël 97
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Ainsi, quand l'automne tire vers sa fin et que commencent les longs mois austères de l'hiver, nous sommes conviés à des fraîches pensées, avec l'enfant qui dort dans la paille. Chaque enfant qui vient au monde, est une nouvelle lueur d’espoir et d’avenir. L’enfant est le rêve que chacun porte en soi. Il est la continuité de la vie de l’homme. Il forme la chaîne qui fait son éternité dans ce monde. L’Enfant que la Bible et l’Evangile annoncent au monde est plus qu’un signe ou un symbole. Ici tout tourne vers l’Enfant et pour l’Enfant. Il a pour nom : "Conseiller merveilleux, Dieu fort, Père éternel, Prince de la Paix." L’Evangile de ce jour proclame l'enfant de Bethléem comme la Parole créatrice, le Verbe de Dieu. Plus qu’un simple son vocal, le verbe est le mot qui donne le sens à la phrase construite. C'est le mot en action. Je vois, j'écoute, je comprends. Les verbes voir, écouter, comprendre ont mis le "Je" en action. Au moment où rien n'existe encore, le Verbe est pour nous comme le Frémissement du Mystère de Dieu. C’est la Parole qui va en s’amplifiant dans le désert de notre monde pour nous faire vibrer de la présence de Dieu. Tout est caché dans l’enfant comme le verbe à mettre dans la phrase. Et la Parole se fait entendre à ceux qui ont le désert dans leur coeur, une phrase à finir. Chacun peut s’apercevoir qu’il y a une voix qui parle à son intérieur, même un enfant. La Parole, en hébreu se dit " Davar ". Et le désert, Midvar, lu mi-davar, le lieu " hors de la parole ", le désert, le lieu sauvage, sans vie qui attend une parole. Par la parole qui crie, le désert va de la voix au réel. Le désert est le vide à partir duquel Dieu appelle à la vie tout ce qui existe dans l'univers. Il dit : " que la lumière soit, et la lumière fut. " Noël c’est l’histoire de cette Parole créatrice qui se fait Enfant, le "non-parlant ", in-fans, la Parole qui ne fait pas de bruit. Née d’une mère que l’Esprit de Dieu a couverte de son ombre, elle fait fleurir le désert. Avez-vous entendu autour de vous le gémissement des déserts ? Désert d'absence de culture, humaine, religieuse, désert de mémoire où l'homme n'a aucun repère pour savoir d'où il vient, ni où il va. Il se croit comme une évidence, venu de nulle part. . Et les déserts pleurent de n’être pas des plaines fertiles. Ce sont les pleurs des enfants, ou des grands, qui ont peur du vide et du silence. Maintenant que la Parole est là, sa présence rassure et guérit tout vertige. Les étendues désertes du coeur de l’homme vont être appelées à connaître la joie et les collines de nos déserts à bondir de danses. Un rejeton poussera de la vieille souche de Jessé, proclame Isaïe. L’avenir du désert est un verger en fleur. Aujourd’hui, dans le Mystère de Noël, il nous est donné de réaliser que le silence est la plénitude de la Présence et que le désert est le lieu où la voix de Dieu met en travail notre intérieur pour qu’il soit pénétré de Présence, d’Amour et de Louange, grâce au Verbe de Dieu qui se fait Enfant de notre race. C’est à ce niveau de présence que les ambiguïtés de nos fêtes seront dissipées. Il n’y aura plus de nostalgie pour les féeries que nous aurions dû avoir. Comment désirer encore autre chose quand on a vu une mère qui enfante dans le dénuement ? Toutes les mères savent combien de soins leur sont nécessaires pour mettre au monde un enfant. Quel genre de festivité veut-on célébrer avec ce jeune père qui ne sait plus comment donner un peu de confort à sa femme et à son petit enfant couché dans une mangeoire ? Voit-on qu'il est en train de réaliser la paternité qui naît dans son coeur avec l’arrivée insolite de l’enfant? On se demande s’il a vraiment entendu les anges qui chantent dans les campagnes ! La liturgie de la fête de Noël vient à notre secours dans sa sobriété. Elle nous fait contempler le mystère en nous interpellant: qu'avons-nous à faire pour que l’enfant qui grandit ne connaisse pas l’amertume, le bémol de l'évangile d'aujourd'hui ? " Il est venu chez les siens mais les siens ne l'ont pas reçu." Et l'Evangile relève plus loin : " J’ai joué de la flûte et vous n’avez pas dansé. " " Aujourd'hui, Jésus, Tu ne nais plus dans une étable : Mais tu veux naître, dire le secret de Dieu, dans toutes les maisons, dans tous les coeurs. Tu veux déposer le baiser de Dieu sur tous les visages. Tu veux des millions de crèches de tous les pays, pour habiter notre monde. Tu veux des millions de visages pour donner la paix sur la terre. Viens ouvrir nos sourires et nos lèvres, Viens ouvrir nos maisons et nos coeurs Pour dire avec Toi : Gloire à Dieu, notre Père ! "
D.L.
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