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Dimanche de PAQUES , Année C
 
 
JEAN 20 : 1 - 9 
 
     
 
LE VISAGE.
 
     
 
11avril 1998
 
     
 

Un visage comme notre visage, comme celui de tout un chacun, le visage de quelqu'un qu'on aime, qu'on désire voir. Il nous manque vraiment si nous ne pouvons le voir. Mais ce visage a ceci d'unique : il a les traits du Dieu Invisible. En le voyant, on voit Dieu, l'Eternel et l'Invisible. Et c'est cela la Fête de Pâques. De grand matin, quand il fait encore sombre, Marie Madeleine veut revoir le visage de celui qu’elle aime. Mais il n’est plus là où, avec quelques amis, elle l’a déposé. Elle crie au secours. Pierre et Jean qui sont les plus prompts, interviennent et prennent toute la place du récit. Au premier abord, pour eux qui sont des hommes, ce visage est inattendu. Ils ont fait attention à tout, sauf au visage que Madeleine veut voir. Ils ont vu la pierre tombale roulée à côté, le suaire qui recouvre la tête du Seigneur, non pas posé avec le linceul. Et tout cela leur suffit. Ils ont plutôt des têtes qui cogitent et qui raisonnent. Mais le cœur aidant, l’autre disciple vit et crut. Le jeune entraîne ainsi le plus âgé dans sa déduction. Mais le témoignage des évangiles sur la rencontre avec le Christ au-delà de sa mort n’est pas seulement une déduction cérébrale. Nous avons en tout, douze récits, deux de Matthieu, deux de Marc, trois de Luc et quatre de Jean. Tous, ils l’ont vu. Les évangiles sont nés de ces rencontres avec le Christ vivant. Pour le moment, la suite de notre récit où reparaît Marie Madeleine se trouve aux versets suivants. Elle est restée dehors, seule, et elle pleurait, au lieu de retourner chez elle, comme les deux disciples. Elle est venue voir le visage de celui qu’elle aime. Comment s’en aller sans le voir ? Et elle l’a vu.   Il est transfiguré au point qu’elle ne le reconnaît pas. "  Croyant qu’elle a affaire au gardien du jardin, elle lui dit : Dis-moi où tu l’as mis et j’irai le prendre. " L’amour plus fort que la mort lui faire croire qu’elle peut le faire.  Jésus reconnaît dans cette demande, le même amour, le même attachement de Marie Madeleine, et il l’appelle : " Marie. " La voix, celle-là, comment ne pas la reconnaître, et à Marie de répondre : "  Rabbouni ! "   L’annonce de la Pâque nouvelle commence avec cette rencontre. Les apôtres vont le voir comme elle l’a vu. D’autres générations après eux, peuvent le voir aussi, avec les yeux du cœur. Leurs façons de dire celui qu’ils ont vu et rencontré, sont d’une telle intensité que l’annonce arrive jusqu’à nous et jusqu’à la fin des temps.   Un homme de notre communauté humaine est entré dans ce monde nouveau, où il n’y a plus ni déchéance, ni mort. Il vit en Dieu avec son corps humain. C’est le contenu de la prédication des apôtres : Jésus est mort pour nous, et il est ressuscité. Nous l’avons vu.   Nous avons à connaître, un jour au l’autre, le deuil de ceux ou celles qui nous sont chers. Mais le deuil a ceci de grand : il transforme le monde qui nous entoure. Rien n’est comme auparavant. Si le monde n’est pas dépeuplé, il est vraiment changé pour nous. Et le monde est en perpétuel changement à cause des deuils que nous avons à porter.   L’Evangile nous dit comment le monde nouveau est né. Désormais, à cause de la mort et de la résurrection de cet homme nommé Jésus de Nazareth, il est possible que l’homme passe l’homme. Il est possible que nous déplaçions nos intérêts ailleurs que dans nous-mêmes.  C’est la spiritualité chrétienne, la nôtre. Elle est le fondement de notre civilisation. Ce n’est pas de la récupération, mais le retour à la source de nos valeurs. Je célèbre la Pâques, je ferme le Livre, je ferme les yeux, et je trouve le visage de mon Seigneur, au fond de mon cœur. Je célèbre la Pâque, j’ouvre les yeux et je te vois partout dans notre monde, dans notre vie. Depuis notre entrée dans ce monde, à travers tous les âges de notre vie, ta présence rayonne comme les sacrements qui nous vivifient et nous prennent comme témoins de ta résurrection. " Rabbouni ! "

D.L.