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3ème Dimanche de Pâques
 
 

Ac 5,27...41
Ap 5, 11-14
Jn 21, 1-19

 
     
 
Cent cinquante trois. FRAT 98
 
     
 
26 Avril 98
 
     
 

Les grands moments de célébration de la Pâque sont passés. Le retour au décor simple de tous les jours nous interroge sur le message de la Pâque dans notre vie, sur le monde autour de nous, après un tel événement, une telle célébration.

Le récit de la rencontre avec le Christ ressuscité de l’évangile d’aujourd’hui nous ramène en arrière, bien loin de Jérusalem pour nous retrouver au bord du lac, avec les disciples, les barques, les filets et les mêmes occupations pour gagner leur vie comme avant l’appel du Maître. Les disciples aperçoivent la présence de Jésus quand ils voient que leur filet est plein à craquer de poissons. L'Evangile avance un chiffre exact : cent cinquante trois. Pour nous aujourd'hui, comment ne pas rapprocher ce chiffre avec les neuf milles jeunes venus de tous les diocèses d'Ile-de-France pour célébrer le Frat 98 à Lourdes.

  Trois fois par jour, nos enfants quittent l'hôtel pour aller au sanctuaire en chantant. Leur rassemblement ressemble fort aux heures de prière monacale : Tierce, none, vêpres. Ils sont comme les premiers chrétiens après la mort du Seigneur, et surtout à partir de sa résurrection : assidus aux prières et à l'enseignement des apôtres, vivant ensemble, partageant tout.

  Mais nos enfants ne sont pas des moines. Ils sont comme ils sont. Et l'Eglise a su les rencontrer par un travail de fond qu'elle a su mener avec des personnes qualifiées dont elle a su s'entourer. Elle est toute transparente. Comme les parents, elle a su s'effacer et laisser les devants de la scène aux acteurs que sont nos jeunes.

  Pour découvrir leur langage de tous les jours, douze chants, soi-disant profanes, ont été choisis et proposés avec pertinence à nos jeunes d'après leurs sensibilités, leurs goûts, voire leurs aspirations spirituelles, pour les orienter vers des groupes différents, des témoins, des carrefours.

  " Cherche encore," de Céline Dion," tant que brûlera ta flamme, Le paradis qui dort dans le secret de ton âme." elle chante aussi "la mémoire d'Abraham." Juste une prière avant d'obéir…avant de partir, juste une autre vie sauvée de l'oubli."

" Il faudra leur dire.. Si les enfants sont tous les mêmes, C'est comme des parfums qu'on respire. Juste un regard, facile à faire un peu d'amour plus qu'ordinaire." Moi, j'attends que le monde soit meilleur, là, dans ma cabane du pêcheur." Francis. Cabrel.

" Résiste, si on t'organise une vie bien dirigée où tu t'oublieras vite. Résiste. Prouve que tu existes. Résiste." France Gall.

"On ira tous au paradis, mêm' moi. C'est ton cœur qui est l'Eglise"…Michel Polnareff.

" Fais comme l'oiseau, Ca vit d'air pur et d'eau fraîche.. rien ne l'empêche l'oiseau d'aller plus haut." Michel Fugain.

"Alors regarde… J'ai vu des hommes qui courent.. des appels au secours des enfants qu'on bouscule." Patrick Bruel

"Savoir aimer, savoir sourire, à une inconnue qui passe.. Et savoir donner, Donner sans reprendre. Apprendre à aimer. Aimer sans attendre. Aimer à tout prendre. Et apprendre à vivre et s'en aller." Florent. Pagny

" Amstrong, je ne suis pas noir, je suis blanc de peau? Quand on veut chanter l'espoir. Quel manque de pot." Claude Nougaro.

" Nos mains… Nos paumes sont pour aimer, y'a pas de caresse en fermant les mains. Suffit de rien, dix fois rien, à peine un geste, un autre monde, Quand on ouvre nos mains. "Je te donne.. mes notes, je te donnes mes mots… Je te donne ce que j'ai, ce que je vaux." Jean Jacques Goldman

 " Sauver l'amour.. Partir sur le Gange. La douleur. En douceur. Au fond de lui un reste de lueur. L'espoir de voir enfin un jour, un monde meilleur. Qu'est-ce qui pourrait sauver l'amour." Daniel Balavoine.

" Il est libre Max. Il met de la magie mine de rien dans tout c'qu'il fait. Il a l'sourire facile même pour les imbéciles. Il est libre Max." Hervé Cristiani

Enfin, même l'indifférence la plus froide trouvera le mot qui prie : Qu'on me donne l'envie.. L'envie d'avoir envie. Qu'on rallume ma vie." Johnny Hallyday.

 Avec tous ces cris d'hommes et de femmes dans le monde, l'Eglise a trouvé les mots qui parlent. Et jamais les textes de la Bible trouvent un environnement plus actuel pour montrer que la Parole de Dieu garde toute sa fraîcheur, même si le monde passe. Grâce au langage de nos enfants, la Parole de Dieu brille plus que jamais sur notre monde.

 Les quatre jours du Frat sont d'abord des rencontres fraternelles dans le Christ. C'est le grand temps de catéchèse que l'Eglise a si bien su mener en des étapes précises percutantes, avec des mots succincts.

Vendredi : Conviés, Appelés, Rassemblés. Chaque mot est la clé de voûte de la rencontre.

  Samedi : Initiés, Illuminés, Réconciliés. C'est le cardinal Lustiger qui donne la catéchèse sur les sacrements de l'initiation chrétienne : Baptême, Confirmation, Réconciliation, Eucharistie. La journée se termine par la procession aux flambeaux et la nuit de réconciliation. Il faut voir nos enfants qui font la queue le long du Gave jusqu'à une heure du matin pour aller se confesser.

  Dimanche : Invités, Action de grâce, Eveillés. Une heure de chants et de prière avant la grande célébration eucharistique du dimanche.

  Lundi : le thème final : Envoyés. Les Terminales se préparent à passer à Chartres L'année prochaine. Les autres préparent le retour et leur engagement. D'immenses chapiteaux sont dressés pour le forum où les jeunes exposent leurs programmes réalisés ou à réaliser. Les initiatives pleuvent à profusion, du service de l'autel, à l'aide aux enfants de chœur, en passant par la préparation pour la profession de foi, jusqu'à toutes les gammes des œuvres humanitaires, "Sol en Si " ou solidarité enfants sida, " Je n'ai ni or ni argent," mais je te donne ce que j'ai: soutien scolaire, etc.. Soyons rassurés, l'Eglise de demain est là, généreuse, créative..

 Comment ne pas dire son admiration pour l'Eglise en guise de conclusion de notre partage de l'Evangile de ce dimanche. J'admire l'Eglise qui imite les parents en prenant beaucoup de patience pour écouter et suivre ses enfants qui chantent qui crient, qui font des "Olla ! " quand elle se met à les enseigner. Elle sait que les cris vont s'arrêter. Ils ne vont plus avoir de voix, c'est alors qu'elle dira : peut-être, est-ce le temps d'intérioriser notre joie. Alors, un grand silence enveloppe les neuf mille jeunes. Ils peuvent alors entendre murmurer au fond d'eux-mêmes cet appel mille fois chantés, mille fois criés : " Vienne sur le monde, le souffle créateur, vienne sur le monde l'eau vive du Sauveur, Debout reprends souffle, anime ta vie! "

  J'apprécie l'Eglise qui s'efface, qui ne cherche pas à paraître. L'Eglise, c'est tous ces hommes et ces femmes qui se dévouent sans compter jour et nuit pour servir les jeunes. J'ai tous mes estimes pour ces hommes blancs, ces hommes bleus, ces hommes gris, chaque groupe dans son rôle de placer les neuf mille jeunes dans la basilique, trois fois par jour pour que tout se passe en ordre, de veiller à la logistique pour procurer à tout ce monde, sécurité et confort.

  Il faut dire aussi un mot pour les témoins qui ont changé chaque après midi, les alentours du sanctuaire en un "Hyde Park" où ce ne sont pas des prédicateurs de tout bord qui prêchent, mais des conteurs, des témoins des fruits de l'Esprit dans l'Eglise. C'est le moment libre où les jeunes peuvent aller seuls ou en groupe pour rencontrer les autres. " Ce n'est pas fini, Frat continue." Ce slogan, on peut écouter clamer tout au long de la nuit de retour jusqu'au métro matinal de Paris. Que l'Esprit-Saint continue d'insuffler nos enfants, nos petits enfants, de son souffle de vie.

 D.L.