Nous sommes dans la salle où Jésus a réuni ses disciples pour le dernier repas. Jésus vient de donner à ses disciples un signe qui restera accessible à tous les peuples, de tous les temps, sans recourir à de longs discours. Il vient de laver les pieds de chacun, un à un, même de Judas qui s'enfonce après, dans la nuit, pour aller rejoindre ceux qui vont mettre à mort son Maître. C'est à cet instant précis que commence la passion du Christ. " Maintenant", Jésus a dit lui-même qu'à partir de cette minute là, il est déjà glorifié. Et Dieu est glorifié en lui. La gloire de Dieu et de son Fils rayonne tout au long de la Passion, et éclate au matin de Pâques. La résurrection signifie que le commencement de la gloire a déjà pris forme. Le monde nouveau avec la vie nouvelle est inauguré et est en train de se développer. De nouveau, il y a un commencement tendu vers l'avenir définitif réalisé dans le Christ Vivant. Ce commencement, nous pouvons le constater dans la "résurrection" de ce que Jésus a dit et a fait et qui est comme enfouie dans le subconscient des apôtres. L'événement qui a déclenché cette " résurrection" dans la tête et le coeur des disciples, c'est qu'ils ont vu, entendu, même touché Jésus qu'ils ont vu mort, crucifié, et le voilà vivant. C'est le Visage du Maître ressuscité au matin de Pâques qui redonne vie à ce qui est perdu dans leur mémoire. Tout ce que nous lisons dans les évangiles, c'est l'écho de ce Visage, contemplé, adoré, le Visage qui transmet la vie. Combien de nuances un visage humain peut-il exprimer ? Elles sont multiples puisque tout est en nuances. Si subtiles qu'elles soient, on ne saurait être insensibles à ses expressions. Même un enfant, ou un nouveau né, peut les percevoir. C'est le langage secret du coeur et de l'esprit.   En lisant les évangiles, nous découvrons peu à peu ce Visage qui apparaît au milieu ou à la fin d'une ligne. " Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres ". D'autres paroles peuvent être le coeur de l'Evangile selon les sensibilités de chacun. C'est le sens inverse du cheminement des apôtres. Ils ont vu le Visage du Maître et ils se souviennent de ce qu'il a dit. En écoutant les paroles de Jésus retenues pour nous par les évangiles, nous découvrons le Visage de Jésus. C'est ce Visage qui est vraiment le coeur de l'Evangile. Il est à l'intérieur de ce qu'il a dit, de ce qu'il a fait. " Aimer ", comment vivre sans aimer ? Tout le monde essaie d'aimer, selon sa façon de vivre, selon l'option de la vie qu'on a faite. Le méchant aime aussi, mais à sa façon, en détruisant l'autre, en l'éliminant. Un rescapé d'un camp de concentration a raconté comment les bourreaux parlaient aussi des droits de l'homme, du devoir d'aimer, mais bien sûr à leurs façons. Il faut respecter les droit de l'homme, il faut même l'aimer. Mais vous n'êtes pas des hommes, disaient-ils à leurs prisonniers. Tout cela ne vous concerne pas, et n'est pas pour vous. Jésus a pris soin d'insister :" Comme je vous ai aimés" Il ne donne pas la procuration d'aimer, ni à Pierre, le fondement sur lequel il bâtira son Eglise, ni à aucun des disciples. Il n'a pas dit : " Aimez comme Pierre vous le dira. Aimez selon les enseignements de l'Eglise. " Pour un bon fonctionnement de l'Eglise, ou de tout regroupement, religieux, social, il nous faut des règlements, des coutumes, des traditions, des consensus. Pourtant, en matière d'amour, Jésus ne nous réfère à aucune règle précise de la société. Ce sont des produits importants mais à consommation locale. C'est pourquoi il ne dit même pas : " aimez selon la loi de Moïse, selon, les prophètes et les Ecritures, mais " Comme moi je vous ai aimés" Son amour, notre amour doit s'adresser à tous, sans discriminations. La dimension de notre amour serait inadéquate, même si nous nous référions à une des phrases de l'Evangile. C'est à Jésus qu'il faut penser pour pouvoir aimer comme il le souhaite. C'est le coeur de l'Evangile qu'il faut avoir pour aimer comme lui qui nous a aimés. Ce coeur nous apprendra à voir les événements comme il l'a fait. La trahison, les humiliations qu'il a à vivre, sont pour Jésus " le commencement de sa gloire, de la gloire de Dieu. Tout événement fâcheux qui nous arrive, au lieu de nous épuiser dans un plan d'attaque, nous fait grandir en découvrant qu'un fait négatif est comme l'ombre qui met en relief la richesse de la vie dégagée de tout conflit. " Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres." Ayez sur votre visage, les nuances de vie, d'amour que vous avez vues sur mon visage de ressuscité. Ainsi vous serez le bonheur les uns pour les autres.

 D.L.