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3ème
dimanche C
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Ne
8, 1-10
1 Co 12, 12-30 Lc 1, 1-4; 4, 14-21 |
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Peuple de la Parole, Peuple du Livre.
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25
Janvier 98
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Quand on parle du Livre, on parle de la Bible, le Livre des livres ou la mémoire orale des expériences de la vie qui se sont transmises, de générations en générations, en famille. Les anciens racontent à la génération qui vient les bienfaits reçus, ou les épreuves endurées par les générations qui la précèdent. Israël est le Peuple de la mémoire, le Peuple de la parole. Si ce peuple ne pouvait être comparé avec les autres nations avoisinantes, en art, en culture et en architecture, il gardait cependant une place étonnante dans la tradition orale de la mémoire. C'est révélateur quand les conteurs prenaient le ton d'éditorialiste donnant, comme une revue de presse, la situation générale des événements qui devaient faire évoluer la vie et même le destin de tout un peuple. C'étaient des prophètes avec leurs visions de ce qui allait venir comme projet de Dieu. Ils étaient comme des porte-parole de Dieu. A partir de l'Exil, quand Israël risque d'être rayé de la carte du monde, et qu'il n'y a plus personne pour être conteurs, ou prophètes, alors survint une nouvelle génération qui va recueillir la tradition et la conserver par écrit pour que la transmission puisse continuer. Ce sont les scribes. Loin de leur pays, dépouillés de tout, ils n'avaient plus ni temple, ni sacrifice, ni prêtre. Ils furent des guides spirituels de la communauté restantes, des hommes de l'Écriture, des hommes du Livre. L'un des plus célèbres de ces scribes, celui auquel nous devons peut être la première parution de la Bible, fut Esdras. Il était à la tête d'une école de scribes qui furent non seulement des archivistes, des copistes, mais aussi, sous l'inspiration de l'Esprit, de vrais théologiens qui explicitèrent et prolongèrent la tradition orale. Par eux, s'était créée une liturgie nouvelle où il n'y avait ni prêtres, ni sacrifice. Dieu reste ainsi toujours présent au milieu de son peuple, dépouillé de tout étalage de faste. C'est ainsi que la liturgie, dans les synagogues, ne comprend que des prières, des lectures, des homélies et des chants. C'est aussi l'origine de notre actuelle liturgie de la Parole. Depuis longtemps, l'Église a adopté cette liturgie dans sa célébration eucharistique, comme signe de sa fidélité à la Première Alliance. Nous restons le Peuple de la Mémoire, le Peuple du Livre. C'est indispensable pour comprendre ce qui va se passer dans la Seconde Alliance. La condition de condamné pour Jésus, sa passion, sa mort et sa Résurrection ne se comprennent qu'à la lumière des Écritures. Il est le Serviteur de Yahvé selon la prophétie d'Isaïe. Nous trouvons en effet le Livre d'Isaïe dans la main de Jésus, quand il fréquente la synagogue le jour du Sabbat. L'équipe liturgique du Vatican qui a choisi comme lecture de l'Évangile de ce dimanche, le commencement de l'Évangile de St Luc, est tellement pressée de nous présenter la figure du Messie des pauvres qu'elle passe du verset 4 du premier chapitre au quatrième chapitre. La grande nouveauté que nous pouvons trouver dans ce chapitre 4 justifie cette coupure. C'est Jésus qui fait l'homélie. Alors que d'habitude les rabbins se contentaient d'expliquer un texte de la Loi, Jésus attire l'attention, non sur ce qu'il lit, mais sur ce qui arrive ; non sur le Livre mais sur sa Personne ; non sur l'exégèse d'un texte, mais sur sa réalisation immédiate. Jésus se situe au coeur de l'histoire de l'intervention de Dieu dans le monde. "Aujourd'hui s'accomplit la Parole de l'Écriture." "Dieu a tellement aimé le monde qu'il lui a donné son Fils unique." Avec Lui, la Parole de Dieu est au présent. Elle est dans sa personne. Elle ne peut être plus concrète. Toute sa personne parle de Dieu. Le principe de l'homélie est énoncé dans ces quelques mots. Désormais, dans nos célébrations, il revient à celui qui fait l'homélie de révéler que l'Esprit à l'oeuvre dans les textes proclamés nous concerne, et que cette oeuvre est pour aujourd'hui, en commençant par l'assemblée qui est là, à son écoute. L’Eucharistie que nous célébrons maintenant est la Présence du Seigneur dans notre aujourd’hui. Nous pouvons l’écouter qui nous dit qu' il est toujours là au milieu de nous et, grâce à chacun de nous, il est au milieu de notre monde. Nous voyons bien que le geste humain à ce niveau de présence est imprégné de l’Esprit de Dieu. L’Esprit enlève toutes les barrières de nos jugements, de nos préférences, pour découvrir dans les figures humaines les plus différentes, le visage du Dieu vivant. Parvenir à l'unité parfaite est pour Jésus le signe que le monde a connu qu'il est envoyé de Dieu, et que Dieu a aimé le monde comme il l'a aimé lui-même. C'est pour réaliser ce signe que nous avons eu la semaine de prière pour l'unité des chrétiens. D.L. |
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