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5ème Dimanche C
 
 
Is 6, 1-8
1 Co 15, 1-11
Lc 5, 1-11
 
     
 
" J'ai vu Dieu. "
 
     
 
8 Février 98
 
     
 

Comment penser à Dieu sans être pris de vertige, quand on a la pleine conscience de l’immensité de sa grandeur, de sa nature de " l’au-delà de tout " ? Le vertige c’est la sensation du vide d’en-bas quand on est sur un sommet, ou celle d'en haut quand on est devant le silence de l’infini et que cet infini nous regarde, nous connaît jusqu’aux fins fonds de nous-mêmes. Toute notre vie s'y trouve reflétée.   C’est l’expérience d'Isaïe, de Paul de Tarse, de Simon-Pierre. Chacun nous le redit avec ses vécus personnels. J’ai vu Dieu.  L'effroi m'a saisi.   Le Dieu qu’ils ont rencontré n’est pas une proposition intellectuelle sur laquelle on peut raisonner, spéculer pour constater enfin, qu’elle nous est inaccessible, inconcevable, donc, nous n’y avons rien à compter. Si le Dieu de la raison existe, il doit être hors de notre portée et il est vain de nous y arrêter. Mais le Dieu dont Isaïe, Paul et Pierre veulent témoigner est le Dieu qui a fait irruption dans leur vie. Il ne les consulte pas avant. Il ne mesure pas la capacité de leur intelligence pour leur manifester qui il est.   Le fait qu’ils peuvent parler de Dieu, l'Imprononçable, laisse entendre que l’infini de Dieu s’adapte au langage humain. Les hommes peuvent écouter Dieu qui, seul, peut parler de Dieu. Il a parlé à travers le langage de ces hommes qui l’ont rencontré. " La crainte et le tremblement " sont le signe de la reconnaissance de l’homme devant l’infini de Dieu. Faute d'avoir Dieu aussi proche que la personne même de Jésus, fils de David, fils de Marie, mais Verbe de Dieu, le Premier Testament arrive à nous dire la splendeur qui rayonne de la face de ceux qui ont la crainte de Dieu. " Voici le nom qui t'est donné par Dieu, pour toujours :" Paix de Justice, Splendeur de la crainte de Dieu." Baruch 5,2.   Par l’expérience de leur contact avec Dieu, ils ne parlent plus de l’immensité de Dieu mais de sa sainteté. Il y a ici une appréciation de la rencontre. L’homme qui a rencontré Dieu vit en lui deux réalités extrêmes, la grandeur incommensurable de Dieu et la petitesse de l’homme. Pour qu’il n’y ait plus de vertige que peut faire l’homme ainsi placé au sommet du vide, sinon de descendre et de confesser : "  Éloigne-toi de moi. "   Ce qui est merveilleux dans le récit de l’évangile d’aujourd’hui, c’est l’infinie disproportion entre ce qui s’est passé sur les bords du lac et ce qui s’en est suivi. Jésus est au milieu de ses disciples dans leurs besognes quotidiennes. Ils sont là avec leur barque, leurs filets, leur métier de pêcheurs.   Pour les atteindre dans ce qui compte le plus à leurs yeux : il les a aidés à attraper du poisson jusqu’à faire craquer les filets et enfoncer les barques. Le miracle, c’est qu’ils découvrent le message de Jésus au delà de cette pêche poissonneuse. Ce message retentit encore et dure jusqu’à nos jours pour continuer à se perpétuer à travers le temps.   Le message, c’est la personne même de Jésus. Il est l’homme qui nous fait entrer dans l’intimité de Dieu jusqu’à l’appeler Père. Avec lui, nous ne disons plus que nous sommes devant Dieu, ce qui est pratiquement impossible, puisque Dieu est spirituel, mais nous disons que Dieu est en nous.   Jésus est le Présent éternel de Dieu dans notre vie, dans la vie de notre monde. Avec Lui, le visage de l’homme peut rappeler le visage de Dieu, même l’abîme entre Dieu et nous n'est pas comblé. La distance existe. Jésus nous en fait prendre conscience. Mais ici, le vertige est changé en contemplation profonde, animée d’adoration et de louange.   A la place de l'effroi, il peut y avoir la joie, l'amour, l'affection. C’est l’Eucharistie, le geste du pain et du vin, le geste du plus grand amour qu’il nous a donné la veille de sa mort, disons la veille de sa résurrection, de sa vie en Dieu. Ce geste est adressé à tous. S'il n'est pas fait par lui-même comme au dernier repas ou comme après sa résurrection, dans l'auberge d'Emmaüs, le geste reste le même, fait par ses disciples selon sa consigne : " Faites ceci en mémoire de moi." Et il est là, présent à la façon de la présence de Dieu. Puisque, ressuscité, il vit en Dieu. Il est Dieu, comme Fils dans le Père.   Ainsi, de l'effroi, nous passons à l'amour, grâce à Jésus, Fils de Dieu, Fils de l'homme. Qu'on le veuille ou non, que l'on croie ou que l'on ne croie pas, Dieu prendra l'initiative et bouleversera tout pour que tous aillent un jour devant lui, face à face, seul. Puisqu'un jour, il faudra quand même rentrer à la maison.

D.L.