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7ème dimanche C
 
 
1 S 26, 2...23
1 Co 15, 45-49
Lc 6, 27-38
 
     
 
Pétri de terre et habité par l’Esprit.
 
     
 
22 février 98
 
     
 

Encore un fois, l’ensemble des comportements humains décrits dans l‘évangile d’aujourd’hui ne s’explique pas avec notre logique habituelle, pas plus que le discours sur les béatitudes de dimanche dernier. Nous sommes situés au-delà de la loi de la causalité.   Toutes ces recommandations insolites, viennent de l’enseignement de quelqu’un que Paul appelle " le dernier Adam". Il n’est pas seulement l’être humain, pétri de terre comme le premier, il "est venu du ciel ", il a la logique du Fils de Dieu, de sa Parole créatrice qui donne la vie à tout ce qui existe.   C’est ce passage de la ère lettre de St Paul aux corinthiens qui sert de fil conducteur à tous les textes de la liturgie de ce dimanche. L’évangile de St Luc, chapitre 6, verset 27, est la suite immédiate de l’évangile des béatitudes de dimanche dernier. Comme les bénédictions et les malédictions dans les Béatitudes, nos comportements vis à vis des gens qui nous font du mal, ne s’expliquent pas : l‘amour, la bienveillance contre la haine, la malédiction, la calomnie, les sévices, le pillage. Pour ce faire et comprendre, il faut se laisser élever à cette dignité que Jésus appelle : " les fils du Très Haut", lui, " il est bon pour les ingrats et les méchants."   A propos du conseil : "Aimer vos ennemis", la non-violence du bouddhisme en propose une approche déjà considérable. La violence fait partie des passions à éliminer. Quand les passions ne conditionnent plus les ressorts des actions, on est sorti de la roue de la réincarnation, source de toutes souffrances. Le bouddhiste arrive ainsi à voir dans l’ennemi, le maître qui lui enseigne l’humilité, ou la connaissance vraie de sa personnalité secrète. Et c’est ici que Jésus diffère de tous les sages de notre monde.   Ses enseignements visent d’abord à nous conduire jusqu'à la vie en Dieu où s’établit une relation de connaissance et d’amour. Il s’agit de vivre comme le Père : " vous serez les fils du Très-Haut. " Et lui, il est le Fils du Père. Il ne faut pas le quitter, ni cesser de le regarder pour comprendre ce qu’il dit à chacun et à tous. Nous pouvons remarquer que souvent il passe du "vous" au " tu" et de nouveau au "vous". " Priez pour ceux qui vous calomnie ". " Donne à quiconque te demande." Ses recommandations sont à la fois personnelles et collectives.   Il y a, à peu près deux millénaires, que la logique de l’Evangile a été prêchée et vécue dans notre monde. Il ne peut pas ne pas laisser des traces dans notre civilisation. La gratuité, le respect, la reconnaissance de l’autre, seulement parce qu’il est l’autre, la chance de se reprendre, donnée à ceux qui font du mal, le partage, la défense des faibles, et tant d’autres acquis dans notre société ont pris source dans l’Evangile. C’est à nous de les référer à leur origine pour que tous ces acquis ne soient pas simplement des comportements d’un monde civilisé, ou d’une sagesse humaine. Ces valeurs doivent être les signes de la présence active de Jésus, le vivant. Ressuscité, il vit en Dieu. Et il donne à ses disciples, par leur mémoire, par leurs façons de vivre, de le rendre présent dans notre monde.   Les recommandations de l’évangile d’aujourd’hui nous font découvrir un autre aspect de l’eucharistie que l’Eglise célèbre de par le monde, non seulement le dimanche, mais tous les jours, et à peu près toutes les heures, dans toutes langues et cultures. L’eucharistie rappelle en permanence au monde que la vie qui dépasse la mort, est une donnée acquise pour tous, et qu’il est au milieu de nous quelqu’un qui est là, vivant comme "le premier d’entre les morts ".   C’est à la lumière du Christ ressuscité que les valeurs de l’Evangile s’éclairent. Elevés à ce niveau de vie, nous sommes sauvés de la seule loi de causalité et de ses engrenages de vengeance et de répression. Et depuis, la communauté humaine apprend à vivre autrement. Pour tous, l’Evangile reste la force d’interpellation et de ressourcement.  D.L.