retour à la page d'accueil retour à la page d'accueil
retour à la page d'accueilarchives des homéliespetit germinal, informations pratiquesla vie de la communautédernières conférencesparticipez à germinal
retour page accueil homelies 2004 archives : 2003 2002 2001 2000 1999 1998 1997
 
22ème dimanche C
 
 
Si. 3,17-18. 20,28-29
He. 12,18-19. 22-24a
Luc, 14, 1a,7-14
 
     
 
Les pieds sur terre
 
     
 
30 août 98
 
     
 

L’idée fixe de certains qui visent la première place dont parle l’Evangile peut-elle avoir quelque signification dans une assemblée dont la préférence est nettement une place quelque part, loin des premiers rangs ? On risque bien d’être à côté en prenant le message de l’Evangile comme des conseils de convenance en public. Pour comprendre quelque chose, ne faudrait-il pas chercher au départ à décoder un langage employé, suggéré dans la pensée habituelle des hommes sur le haut, le bas, le premier, le dernier, et surtout, sur cette vertu inconnue dans le langage courant, l’humilité. L’envie de chercher pour soi une bonne position dans la vie fait partie de l’affermissement de la personnalité à conquérir. Mais l’ambition de se mettre tout le temps en relief ne dénote-t-elle pas plutôt un certain échec, un certain manque qui fait souffrir ? On cherche inconsciemment à se mettre en valeur là où il y a plus de chance, plus de facilité à le faire. Cela se comprend dans des relations sociales, humaines. L’Evangile veut nous parler d’un autre type de relation. " Celui qui invite " est bien Celui qui appelle les gens dans son Royaume. Et dimanche dernier, nous nous disions que le Royaume des cieux n’est pas un lieu. Ce constat doit résoudre tout problème de placement là où le haut, le bas ne sont que des symboles. Il inspire plutôt une attitude de réception, d’acquiescement, de connaissance et de reconnaissance de ce que Dieu prépare pour nous. Il s’agit d’établir et d’entretenir une relation de cœur qui donne la communion à l’Autre. Ici, chacun est ce qu’il est. Dieu est Dieu ; et l’homme est l’homme. La méchanceté de l’homme n’engage en rien la bonté de Dieu. Les bêtises de l’homme ne peuvent être des prétextes pour dire que j’ai perdu la foi : Il y a des gens qui trichent et qui m’ennuient. Nous avons ici le sens originel du mot "humilité ", "humus = terre ", qui suggère le comportement de l’homme debout, les pieds sur terre pour parler à Dieu qui est au-delà de tout. Sa position fait voir à l’homme chaque chose à sa place. Il sait qui il est, le fini, l’autonome qui a tout reçu, même son autonomie. Il sait d’où il vient, où il va, d’où lui vient ce qu’il a et ce qu’il est. L’homme de cette attitude est réaliste. Il sait apprécier, admirer, aimer, voire se laisser tomber en extase quand la beauté lui paraît inestimable. Mais conscient de l’Autre, même extasié, il peut rester debout pour mieux l’estimer. Les pieds sur terre, il conserve son autonomie, il peut dire non. Il peut être impertinent et provoquer des conflits quand il voit son autonomie menacée. Mais ici, il sait qu’il a comme interlocuteur, l’Eternel, le Maître de la vie et de la mort, Celui qui détient le mystère du Mal. Et il se comporte en conséquence. C’est Job qui est sorti de ses épreuves, après avoir longuement crié sa révolte, son dégoût pour la vie. Il a épuisé ses armes de contestation. Il accepte la relation avec l’Eternel sans poser de conditions préalables. Tout homme, qu’il le veuille ou non, doit passer par l’expérience de Job. On a vu que ceux qui ont crié le plus fort leurs révoltes, durant toute une vie, entrent en fin de compte, silencieux, dans le grand silence de la vie. La vie aménage pour tous, ce genre de passage. Les pieds collés à la terre sur une planète perdue parmi des milliards et des milliards d’autres, l’homme, à cette dernière place de l’univers, peut lever les yeux au ciel pour admirer tout le cosmos et chercher à mieux comprendre. L’immensité et le silence qui l’entourent peuvent l’aider à se présenter devant l’immensité de Celui qui est Maître du mystère de la vie et de la mort. Quand il parle à l’Autre, il s’aperçoit que son esprit, son cœur est ouvert et "élevé " à ce niveau de communion avec son interlocuteur et qu’il devient son vis-à-vis, son éternel.

D.L.