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22ème
dimanche C
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Si.
3,17-18. 20,28-29
He. 12,18-19. 22-24a Luc, 14, 1a,7-14 |
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Les pieds
sur terre
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30
août 98
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Lidée fixe de certains qui visent la première place dont parle lEvangile peut-elle avoir quelque signification dans une assemblée dont la préférence est nettement une place quelque part, loin des premiers rangs ? On risque bien dêtre à côté en prenant le message de lEvangile comme des conseils de convenance en public. Pour comprendre quelque chose, ne faudrait-il pas chercher au départ à décoder un langage employé, suggéré dans la pensée habituelle des hommes sur le haut, le bas, le premier, le dernier, et surtout, sur cette vertu inconnue dans le langage courant, lhumilité. Lenvie de chercher pour soi une bonne position dans la vie fait partie de laffermissement de la personnalité à conquérir. Mais lambition de se mettre tout le temps en relief ne dénote-t-elle pas plutôt un certain échec, un certain manque qui fait souffrir ? On cherche inconsciemment à se mettre en valeur là où il y a plus de chance, plus de facilité à le faire. Cela se comprend dans des relations sociales, humaines. LEvangile veut nous parler dun autre type de relation. " Celui qui invite " est bien Celui qui appelle les gens dans son Royaume. Et dimanche dernier, nous nous disions que le Royaume des cieux nest pas un lieu. Ce constat doit résoudre tout problème de placement là où le haut, le bas ne sont que des symboles. Il inspire plutôt une attitude de réception, dacquiescement, de connaissance et de reconnaissance de ce que Dieu prépare pour nous. Il sagit détablir et dentretenir une relation de cur qui donne la communion à lAutre. Ici, chacun est ce quil est. Dieu est Dieu ; et lhomme est lhomme. La méchanceté de lhomme nengage en rien la bonté de Dieu. Les bêtises de lhomme ne peuvent être des prétextes pour dire que jai perdu la foi : Il y a des gens qui trichent et qui mennuient. Nous avons ici le sens originel du mot "humilité ", "humus = terre ", qui suggère le comportement de lhomme debout, les pieds sur terre pour parler à Dieu qui est au-delà de tout. Sa position fait voir à lhomme chaque chose à sa place. Il sait qui il est, le fini, lautonome qui a tout reçu, même son autonomie. Il sait doù il vient, où il va, doù lui vient ce quil a et ce quil est. Lhomme de cette attitude est réaliste. Il sait apprécier, admirer, aimer, voire se laisser tomber en extase quand la beauté lui paraît inestimable. Mais conscient de lAutre, même extasié, il peut rester debout pour mieux lestimer. Les pieds sur terre, il conserve son autonomie, il peut dire non. Il peut être impertinent et provoquer des conflits quand il voit son autonomie menacée. Mais ici, il sait quil a comme interlocuteur, lEternel, le Maître de la vie et de la mort, Celui qui détient le mystère du Mal. Et il se comporte en conséquence. Cest Job qui est sorti de ses épreuves, après avoir longuement crié sa révolte, son dégoût pour la vie. Il a épuisé ses armes de contestation. Il accepte la relation avec lEternel sans poser de conditions préalables. Tout homme, quil le veuille ou non, doit passer par lexpérience de Job. On a vu que ceux qui ont crié le plus fort leurs révoltes, durant toute une vie, entrent en fin de compte, silencieux, dans le grand silence de la vie. La vie aménage pour tous, ce genre de passage. Les pieds collés à la terre sur une planète perdue parmi des milliards et des milliards dautres, lhomme, à cette dernière place de lunivers, peut lever les yeux au ciel pour admirer tout le cosmos et chercher à mieux comprendre. Limmensité et le silence qui lentourent peuvent laider à se présenter devant limmensité de Celui qui est Maître du mystère de la vie et de la mort. Quand il parle à lAutre, il saperçoit que son esprit, son cur est ouvert et "élevé " à ce niveau de communion avec son interlocuteur et quil devient son vis-à-vis, son éternel. D.L. |
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