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23ème
dimanche C
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Sagesse
9,13-18
Philemon 9b,10 1 ,1Luc14,25-33 |
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Faire
le point.
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6
septembre 98
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Nous sommes toujours, depuis trois semaines, dans le contexte des paroles dures de lEvangile. Après la porte étroite, la dernière place à prendre, aujourdhui, cest "haïr " la famille et porter la croix. Le mot "haïr " est remplacé aujourdhui par le verbe "préférer ", étant donné que la langue ancienne de la Bible na pas de mot pour dire la préférence. Nempêche que ce mot "haïr " quon a compris au premier degré a fait souffrir plus dune génération. Nous sommes à lheure de la rentrée : rentrée du travail professionnel, domestique, rentrée des classes. Qui ose douter dans ce contexte de reprises des responsabilités, le rôle primordial de la famille : " père, mère, femme, ajoutons mari que lévangile ne mentionne pas, enfants, frères, surs. " ? Pourquoi y-a-t-il en ce moment le choix de ce texte qui ne semble pas faire attention à notre vie concrète avec nos soucis de tous les jours ? Devons-nous faire encore des tours de force de commentaire, de méditation pour expliquer lEvangile à tout prix, " à temps et à contre temps " comme dit St Paul ? Lidée fixe quil faut tout expliquer, nous essayons de léviter. Nous avons besoin simplement un éclairage à partir dune parole de Jésus pour prier et vivre. Jésus est en marche vers Jérusalem. Cest la montée à la ville où il va souffrir et mourir. Pour ceux qui laccompagnent et ceux qui ly attendent, cest la route de la mort. Mais lui, Jésus sait que cest la route du grand passage vers la vie, sans quoi sa démarche est un geste suicidaire. Pour franchir ce passage, on y laisse tout. Le choix se fait consciemment ou inconsciemment, avec la vie qui prend soin de laménager ainsi pour tous. Ici, Jésus sy prépare comme le signe de son plus grand amour. La brutalité apparente de la parole de lEvangile nest quun rappel de prévoyance qui donne une vision plus complète de la vie où il y a un début et une fin. La fin est présentée ici avec Jésus, comme le sommet. Avec le temps, les valeurs nouvelles de lEvangile sont entrées dans la vie des hommes comme une promotion qui donne à leurs vies plus de nuances. La famille quil fallait "haïr " peut être vécue comme des lobbies, des clans. Chaque clan a ses intérêts propres à défendre. Cest lEvangile qui a fait évoluer lentement nos familles en des communautés dEglise. Cest la famille qui fait lEglise. La vie pastorale et sacramentelle entend trouver dans la famille le rôle fondamental dinitiation et déducation à lenseignement de lEvangile. A chaque étape de la vie chrétienne de lenfant, baptême, catéchèse, première communion, profession de foi, confirmation, les parents sont pour les enfants la référence dEglise. La vie du couple savère ainsi comme le sacrement de lamour qui donne vie à la famille. La Bible a toujours compris que la famille est le lieu où Dieu se révèle. Elle est dailleurs lhistoire dune famille qui transmet ses expériences de vie de générations en générations. Elle a largement réservé ainsi à la famille tous les respects quon lui doit . " Honore ton père et ta mère " nest pas un conseil mais un des dix commandements que St Luc, auteur de ce chapitre 14, a rappelé au chapitre 18. La vie de la famille vécue à ce niveau de valeur de lEvangile doit faire corps avec la préférence dont parle Jésus. Elle se donne les responsabilités qui vont au-delà des limites de " chacun pour soi ". Nous sommes aussi à la rentrée de la vie de notre communauté paroissiale. Elle est inconcevable sans la participation de ses membres. Nous pouvons penser à toutes les responsabilités de catéchèse, de pastorale, daccueil que beaucoup dentre vous vont prendre. Les dimensions de ces responsabilités ne nous disent-elles pas le signe multidimensionnel de la croix ? Elle dit la préférence que nous avons choisie pour les autres, pour lAutre. Cette préférence que nous apprenons de Jésus est la Sagesse dont parle notre première lecture et qui fait connaître la pensée de Dieu. Elle nous donne une vision adéquate de lhomme, de lunivers, de lhistoire et de lavenir. Elle nous ouvre, chaque jour un peu plus, malgré nos limites, à la nouveauté de Dieu. Cest ainsi que lesclave Onésime, le fugitif, le repris de la justice humaine est retrouvé par St Paul comme le frère bien aimé quil essayait de présenter à son ancien maître. D.L. |
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