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26ème dimanche C
 
 
Amos 6,1…7
Timothée 6,11-16
Luc 16,19-31
 
     
 
L'indifférence.
 
     
 
27 Septembre 98
 
     
 

Les invectives contre les "vautrés" sur des lits d'ivoire restent comme des paroles gênantes. C'est le genre littéraire qu'on n'utilise qu'avec réserve. Quel éditorialiste s'amuserait à se mettre à la place de Dieu pour parler en son nom ? N'est pas prophète qui veut.

Mais au-delà des malédictions contre les riches, il y a une mise en demeure contre toute forme subtile d'exclusion. La richesse n'y est que comme le mobile. On peut remarquer que dans les textes d'Amos comme dans l'évangile, Dieu est absent. C'est le comportement d'indifférence qui domine. Le riche en fait, il n'a rien fait de mal. Il ne tue pas. Il n'invective personne. Il ignore simplement le monde qui l'entoure. Il n'a pas de relation. Les relations ne l'intéressent pas, surtout celles qui le bousculent, le dérangent. Il est anonyme. Dans l'évangile, il n'a pas de nom propre. Il est le riche. Celui qui a laissé son nom à la postérité, c'est celui qui aspire à avoir une relation, même humiliante. Il s'appelle Lazare. Il s'agit de ramasser les miettes tombées de la table du riche. Et son désir est comblé. A sa mort, les anges l'emportèrent au sein d'Abraham. Tandis qu'en cas pareil, pour le riche anonyme, il est écrit qu'on l'enterra. Il se trouve là où il s'est mis lui-même. Son indifférence est une sorte de décréation, une création à l'envers, un retour au chaos primordial. Le grand abîme au verset 26, est le tohu-bohu, le vide où il ne peut exister aucune relation. Nous pouvons mesurer l'écart entre l'état de chaos et la présence de celui qui est le Père des croyants, le Père de la Foi. Et quand la foi est un dialogue, l'homme qui croit est branché sur une relation qui va au-delà de toutes relations habituelles. Au lieu de lancer des malédictions, notre époque préfère établir elle-même le constat d'échec. Quel gaspillage, quand on a tout pour être heureux, et qu’on a tout dilapidé pour rien, pour une autodestruction ! Dieu a mis dans la nature suffisamment de biens pour que chacun ait sa part convenable à sa dignité d'homme, d'enfants de Dieu, et notre terre n'a pas su partager les dons de Dieu. Le bonheur pour tous n'est pas la priorité de nos projets. C'est ce gâchis qui fait la complainte des textes de ce dimanche. Mais ce dimanche 27 septembre, nous fêtons aussi Vincent de Paul, fondateur des Lazaristes. Vincent, lui, il a pris parti pour le pauvre Lazare. " Nous ne devons pas considérer un pauvre paysan ou une pauvre femme selon leur extérieur, ni selon ce qui paraît de la portée de l'esprit… Mais tournez la médaille, et vous verrez par les lumières de la foi que le Fils de Dieu, qui a voulu être pauvre, nous est représenté par ces pauvres; qu'il n'avait presque pas la figure d'un homme en sa Passion, et qu'il passait pour fou dans l'esprit des Gentils et pour pierre de scandale dans l'esprit des Juifs. Avec tout cela, il se qualifie l'évangéliste des pauvres:" Il m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres." La parabole du riche et du pauvre nous révèle la figure de Jésus comme le religieux , celui qui relie Dieu et les hommes, et les hommes entre eux. Il a un projet précis : " Que tous soient un . Comme toi, Père, tu es en moi et moi en toi, qu'eux aussi soient un en nous. Je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée pour qu'ils soient un comme nous sommes un : moi en eux et toi en moi, pour qu'ils soient parfaitement un et que le monde sache que tu m'as envoyé et que je les ai aimés comme tu m'as aimé." Jean 17,21-23. Comment vivre ce projet dans des circonstances conflictuelles où chacun tient plus à ses idées fixes qu’à la présence de l'autre ? Notre communauté essaie depuis trois ans de suivre la piste que l'évêque d'Oran a osé proposer à ceux-là mêmes qui ont voulu l'éliminer. " La foi est un dialogue", dit-il, et il l'a dit au prix de sa mort. La foi est le Don de Dieu, car aucun ne pourrait dialoguer si l'Autre ne lui tendait la main. Ce don suppose d'autres dons qui viennent de ceux qui l'ont reçu au- paravant. Pour ce faire, " rencontrer l'autre et dire notre espérance." Et nous continuons la piste en nous disant les uns aux autres :" Nous accepter, différents, fils et filles d’un même Père." C'est l'ambition que nous voulons mettre dans toutes nos activités pour aller vers le Jubilé de l'An Deux Mille, durant cette année de fin de siècle . Nous vivons avec l'Eglise entière : Dieu, notre Père.

D.L.