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27ème
dimanche C
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Habacuc 1,2-3 ; 2,2-4 |
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Faut-il
planter un grand arbre dans la mer ?
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4 Octobre 98
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Les techniciens de notre temps peuvent mieux faire que planter un arbre dans la mer. Les Français ont construit à Hongkong un aéroport dans la mer. Les Japonais ont des projets de fonder une ville sous la mer. Et tout cela se fait sans recourir à la graine de moutarde de la foi. L'image du grand arbre dans la mer n'est-elle pas utilisée par Jésus pour dire le côté matériel de leur demande ? C'est si humain le langage des apôtres dès le début de l'évangile. On y trouve le souci de quête, de quantité, de soi-même, de ce qu'on a, de ce qu'on est. "Augmente en nous la foi." Quantité pour quantité, Jésus parle donc de la grosseur de la foi et de son éventuelle utilité. Les projets avancés par Jésus relèvent des tours de force pour déplacer les choses, un grand arbre, une montagne. On voit ici la foi est envisagée entre autres comme une force, une entité qu'on possède, alors que la foi n'a pas de sens en soi. Elle est une attitude, un comportement dans une relation de qualité. Elle est la qualité de la relation et elle reste dans l'arrière plan et laisse la place à la présence de la personne que l'on a en relation. L'autre est aimé, recherché, regardé, respecté dans tout ce qu'il est. Et sûrement, il a son mystère, comme tout un chacun. Il est adoré avec son mystère. C'est le mystère de chacun qui donne la richesse à toutes relations. Ne nous contentons-nous pas d'un seul mot pour dire la relation qui respecte le secret de l'autre ! Quelle oreille pourrait-il entendre, l'autre à qui on dit : "je crois en toi ?" Ne préfère-t-il pas qu'on lui dise : je suis à ton écoute, je comprends que tu as ton secret. Ton secret ne me gêne pas. Il entretient notre dialogue. Le mot dialogue a ceci de beau. Il attire l'attention à la présence de deux partenaires. Il ne s'arrête pas à l'attitude austère de la foi. On ne comprend rien, mais on croit. Le dialogue n'a pas besoin d'une augmentation de volume. Car on affine le dialogue en faisant davantage attention à l'autre. Quelle richesse peut-elle avoir alors quand on prend du temps pour regarder l'autre, l'autre au majuscule, l'Autre ? "Voici un véritable fils d'Israël, un homme qui ne sait pas mentir." dit Jésus voyant Nathanaël qui vient vers lui. Nathanaël lui demande " : Comment me connais-tu ?" Jésus lui répond " : Avant que Philippe te parle, quand tu étais sous le figuier, je t'ai vu Je t'ai dit que je t'ai vu sous le figuier, et c'est pour cela que tu crois ! tu verras des choses plus grandes encore les cieux ouverts avec les anges de Dieu qui montent et descendent au-dessus du Fils de l'homme. " Evangile de la fête des archanges, Michel, Gabriel, Raphaël. Ainsi, quand l'Autre est invisible, nous recevons de lui la disponibilité de voir l'invisible. Qu'est-ce que nous voyons, quand nous nous rassemblons ici pour être ensemble devant le Seigneur, pour lui parler, l'écouter ? Nous recevons en nous sa présence, son mystère, sa vie. Le fait de le comprendre sans le voir nous pousse à être disponible. C'est le secret de l'appel de Dieu, des vocations, celle des personnages de la Bible, de l'Evangile : Samuel, Isaïe, Jérémie, Zachée, chacun des apôtres, et chacun de nous, dans la diversité de nos situations. Puisqu'il nous est donné d'entrer en dialogue avec Lui, nous constatons que tout est à faire pour Lui et que nous le pouvons. ( C'est votre expérience du camp d'été. Vous avez ont médité ensemble le notre Père. Vous avez découvert la dimension intérieure de la vie en aumônerie. Vous avez senti le besoin de servir. Et cette aspiration intérieure a su communiquer la vitalité, la fraîcheur à la rentrée de cette année. ) Et tout change dans ce genre de service. Celui qui sert est celui qui beaucoup reçu. Celui qui est servi est celui qui a donné. Le sens de la rétribution est complètement renversé. On est heureux d'être le disciple de celui qui est venu pour servir. C'est le message émouvant de Paul, au soir de sa vie, en prison et condamné à mort. A la veille de sa disparition, la situation de l'Eglise pourrait-elle tenir encore ? Timothée, son jeune et timide disciple saura-t-il faire face ? " Fils bien-aimé, je te rappelle que tu dois attiser en toi l'aspiration que tu as reçue à la première rencontre N'aie pas honte de te montrer disciple de celui qui se présente comme le serviteur, celui qui sert. Tout te fut donné et pour toujours quand tu es ordonné au service de l'Eglise. " Le vrai caractère d'une relation établie est son dialogue permanent. On ne se quitte plus. On est interlocuteur à tout moment, à tout événement. La vie est le perpétuel échange. " Toi en moi, moi en eux , eux en nous." D.L. |
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