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30ème dimanche C
 
 
Siracide 35,12…18 -- 2Timothee 4,6…18 --- Luc 18,9-14
 
     
 
Dieu regarde, écoute et dit son mot.
 
     
 
25 octobre 1998
 
     
 

Deux cas extrêmes

La parabole du pharisien et du collecteur d'impôts est en fait, un sondage lancé par Jésus pour savoir à qui on pense quand on écoute la parabole. Si nous nous basons sur les commentaires de l'évangile, qu'ils soient anciens ou récents, c'est plutôt les deux compères venant prier au temple qui ont la cote. Dieu qui observe, écoute et dit son mot est tacitement récupéré par les commentateurs qui pourraient être nous-mêmes. On se met alors à sa place pour dire ses propres appréciations et mettre à jour la parabole. Ce n'est pas triste. Le pharisien et le publicain qu'on suppose trouver aujourd'hui : pour n'en citer qu'un exemple, le premier serait, " le catéchiste et animateur d'une communauté de prière, et l'autre, l'homosexuel notoire ", etc…

Pourtant, il n'est pas dit qu'il n'y a nécessairement que deux qui prient au temple et qu'il n'y a que deux façons de prier. Comme dans toutes comparaisons, les cas limites des deux extrêmes sont avancés pour donner davantage de relief à l'exemple qu'on veut montrer. L'un prend plaisir à parler longuement de lui-même, l'autre qui n'a pas de quoi être fier, ne sachant quoi faire, se frappe la poitrine. La différence est nécessairement frappante.

 Qui peut faire la comparaison ?

  Mais ce genre d'observation et de commentaires n'appartient qu'au maître du lieu, celui à qui s'adresse la prière de l'un et de l'autre. Jésus nous fait comprendre que la prière est notre relation personnelle avec Dieu. Nous allons à lui tels que nous sommes, en nous référant à lui seul. La leçon n'est donc pas de dire : " Je ne serai pas comme le pharisien". Ni de dire : " Je serai comme le publicain. " Le mieux serait plutôt de sortir de la logique des deux, du risque de passer notre temps à juger, à prolonger le jeu de la comparaison. Quelle communauté, quelle assemblée n'aurait-elle pas des extrêmes et qui ne sont pas nécessairement mauvais, et ne sont sujets de jugement de personne ?

La logique pharisien-publicain.

Pharisien.

Le pharisien vient au temple pour prier. Seul Dieu peut dire une appréciation de son comportement. Or ce n'est pas le cas. Il a été suffisamment montre du doigt. On a largement, depuis 20 siècles, fait des commentaires sur lui et on lui fait dire des choses qu'il n'a pas dites.

" Merci, mon Dieu, d'être comme je suis. Tu n'as plus rien à y changer. Je n'ai donc plus besoin de toi, je n'attends plus rien de toi, me voilà quitte envers toi !" Ce genre de littérature exégétique qui paraphrase la prière du pharisien se lit dans la revue d'animation liturgique, pour souffler une piste d'homélie. Il y a peu qui pense qu'il serait temps de réhabiliter les pharisiens, trop souvent calomniés au point que leur nom est devenu synonyme d'hypocrite. Avec sur le dos le crime d'avoir tuer le Fils de Dieu, les pharisiens sont objet de haine millénaire. 

Publicain.

Si Dieu trouve que c'est ridicule de venir au temple pour faire son auto-encensement devant lui, ce n'est pas dit non plus qu'il faut au premier abord, faire de l'auto-flagellation et ne pas faire comme la personne au premier rang. Le vis-à-vis de notre relation dans le temple, à l'église, est Dieu lui-même et lui seul. Même si nous ne le voyons pas, Dieu observe, écoute et il nous dira ce qu'il pense.  

Nous prions en Eglise. La liturgie a besoin de la participation de plusieurs. Mais Dieu s'adresse à chacun de nous dans la solitude de notre cœur. Et le comportement des autres ne nous regarde pas. La parabole nous inspire la retenue de dire ce que nous aimons ou n'aimons pas, pour mieux nous occuper de ce que Dieu aime, pour laisser à Dieu dire son mot. C'est beaucoup qu'il parle. C'est dommage de lui couper la parole.

 Dieu est lumière, Dieu notre Père, source de toute vie, de toute beauté. L'émerveillement, le bonheur dans sa peau, l'extase, pourquoi pas, est le signe de notre présence réelle devant Dieu et de notre perception de sa beauté, de sa bonté. Devant la beauté des beautés, ce n'est pas trop demander que de faire chanter à l'assemblée la louange a son Nom, a sa gloire. " Mon Seigneur et mon Dieu." C'est le soupir de Thomas qui en perd son latin en bredouillant ce mot d'admiration et d'adoration.

 On comprend Péguy qui s'énerve à la place de Dieu quand Dieu voit des gens qui commencent leur prière par les litanies de leurs misères. " Depuis quand, vous entrez chez moi et vous vous occupez d'abord de vos souliers qui ont du marcher sur quelque chose qui vous gênent. "

 Père Béguerie nous a fait un peu l'histoire de la prière " Je confesse…" dans notre eucharistie. Au départ, c'était la prière du prêtre qui fait sa coulpe en marchant de la sacristie a l'autel. Il essaie de se secouer lui-même pour se rappeler qu'il est pécheur, tandis que la chorale chante l'Introït. Comme il n'y a pas toujours la chorale, pour occuper l'assemblée on remplace le chant d'entrée, en faisant confesser tout le monde.  

La meilleure prière de louange et d'adoration pour paraître devant Dieu est notre "GLORIA'. Nous remercions Dieu pour son immense gloire. Et la louange nous permet de glisser un mot pour qu'il pense à nous. " Toi qui es assis à la droite de Dieu, prends pitié de nous." L'Eucharistie est vraiment l'action de grâce au Père pour aujourd'hui.

 La logique des enfants de Dieu.

 Il y a donc la troisième voie qui se situe entre celle du pharisien et celle du publicain. C'est la voie que Jésus a montrée aux versets qui suivent cette parabole. Ici, celui qui prie c'est Jésus : " Laissez les enfants venir à moi. ". " En vérité, je vous le déclare, qui n'accueille pas le Royaume de Dieu comme un enfant n'y entrera pas." Il n'y a plus de pharisien ni de publicain. Il n'y a que des enfants du même Père.

 La parabole du pharisien et du publicain, loin de nous garder dans les extrêmes, nous unit dans un même élan : Nous accepter différents, pharisien, publicain, fils du même Père 

D.L.