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32ème dimanche C
 
 
Les livres de martyrs 7,1-2.9-14
2 Thessalonciens 2,16.3,5
Luc 20,27-38
 
     
 
Fils et filles , héritiers de la Résurrection.
 
     
 
8 Novembre 98
 
     
 

La célébration de la Parole de Dieu en ce 32ème dimanche nous plonge en plein monde de la résurrection. Une grande partie de la Bible du Premier Testament, d’Abraham jusqu’au 2ème siècle avant notre ère, a ignoré la résurrection des morts. Il a fallu que se déclenche la persécution dont parlent les Livres des Martyrs d’Israël pour que se fasse une percée vers ce monde qui ne finira plus jamais.

Il n’est pas de pages plus poignantes que celles des sept enfants égorgés sous les yeux de leur mère. Le sang, les souffrances des innocents crient l’existence d’un autre monde. C’est une brèche encore étroite dont peu arrive à trouver l’accès. L’évangile nous en donne un témoignage. C’est émouvant de trouver quelqu’un, à 20 siècles de distance, qui exprime l’angoisse que nous-mêmes avons.

Comment concevoir la vie de l’au-delà ? Comment comprendre que quelqu’un qui nous est cher subitement nous quitte définitivement sans nous dire un mot, ni avant, ni après. La vie demain est-elle si fermée qu’on ne peut plus communiquer ce qui doit être merveilleux à connaître, surtout à la personne avec qui on a tout partagé durant toute une vie. Les liens sacrés qu’on a tissés ensemble durant une existence sont-il aussi éphémères ?

Il ne faudrait pas être trop dur avec le sadducéen . La complexité de sa question sur cette femme qui a pour époux, successivement tous les sept frères d’une famille, nous dit plutôt son angoisse aux nœuds multiples. Ce genre de question se trouve sous tous les ciels. L’homme est toujours intrigué de la vie de demain, et garde dans son secret mille questions insolubles.

L’explication de Jésus est brève et nette. Il sait ce qu’il dit . Il est la Résurrection, la vie définitivement en Dieu. Il y aura des liens plus forts que ceux que nous connaissons sur cette terre. Ils vont nous lier à la source de la vie où tous se reconnaissent comme fils et filles, héritiers de la Résurrection. Tous les liens que nous avons sur cette terre seront transfigurés dans ce monde de lumière où il n’y aura plus de fin. Dire comment est ce monde, équivaut à demander comment Dieu est. Nous comprenons maintenant le silence de tous ceux et celles qui nous ont quittés.

Mais, sous d’autres ciels, il y a d’autres essais d’explications qui ne sont pas venus de la révélation comme la Bible. L’histoire que vous allez entendre est donnée par un maître spirituel à son disciple, sans doute tourmenté par la même question que celle du sadducéen. Chaque détail de cette histoire est important. Il est l’élément qui pousse lentement le disciple à l’éveil au mystère de la vie.  

Il était une fois, une belle rivière qui se frayait un chemin au milieu des collines, des forêts et des champs. Au départ, elle fut un petit torrent joyeux, une source dansante à courir sur les pentes de la montagne. Elle grandissait à mesure qu‘elle approchait des basses terres et elle se ralentissait à l’approche de l’océan. Elle apprit à se faire belle, serpentant gracieusement parmi les collines et les champs.

Un jour, elle s’aperçut qu’elle contenait l’image des nuages de toutes couleurs, de toutes formes. Alors, pendant des journées entières elle fut occupée à courir derrière les nuages. Elle voulait en posséder un, en avoir un pour elle toute seule. Mais les nuages gambadent dans le ciel à leur gré, et ils changent de forme d’instant en instant.

La rivière souffrait, comme une infidélité, de l’impermanence des nuages. Son plaisir, sa joie avaient été de les poursuivre l’un après l’autre. Mais, lorsque le vent se leva et nettoya complètement le ciel, sa vie n’a plus de sens. La rivière voulut mourir. Mais comment une rivière pourrait-elle se suicider ?

Cette nuit là, elle eut l’occasion de revenir à elle-même pour la première fois. Elle courait depuis si longtemps après quelque chose d’extérieur qu’elle s’était encore jamais regardée. Elle entendit ses propres pleurs, quand son eau frappait les berges. A l’écoute de sa propre voix, elle fit une très importante découverte.

Elle s’aperçut qu’elle contenait déjà l’objet de sa recherche. Les nuages sont nés de l’eau et retournent à l’eau. Et c’est l’éveil : elle comprit qu’elle-même était faite de l’eau et que le ciel est plus grand que les nuages. Le ciel ne changent pas. C’étaient les nuages qui le lui cachaient momentanément. L’immensité du ciel était en son cœur depuis sa naissance même. A chaque lever du soleil, voyant le vaste azur, elle comprit que sa paix et sa stabilité dureraient toujours.

La parabole révèle la pudeur de certaine sagesse qui préfère l’histoire de la rivière à l’histoire secrète des hommes. Mais elle dit bien, avec délicatesse, le drame de l’homme. C’est en revenant à soi-même, ne laissant pas conditionné par l’extérieur, sauf par l’immensité du ciel, que l’homme découvre qu’il est unique parmi tant d’autres. Même le nombre infini ne peut l’aliéner.

Et c’est à Jésus de conclure pour nous : Ils sont semblables aux anges, ils sont fils et filles de Dieu, en étant héritiers de la Résurrection .

D.L.

  • L'histoire de " La Riviere" est tiree du livre " La serenite de l'instant " de THICH-NHAT-HANH, moine bouddhiste vietnamien,

  • Maitre zen. Collection " Horizons Spirituels ".